Le 8 mars a été désigné par l’ONU comme journée internationale de lutte pour les droits des femmes, en 1977. 47 ans plus tard, il serait tentant de se dire que la situation n’est pas si mauvaise que cela chez nous. Mais cette journée de lutte est internationale et vaut pour toutes les femmes du monde. C’est justement quand on regarde plus loin qu’on se rend compte de l’importance de cette journée et des luttes encore à mener pour aboutir à une réelle égalité entre hommes et femmes.
Le point chez nous
Faisons tout d’abord le point sur la situation chez nous et par débordement chez nos voisins. En Belgique, l'évolution du statut des femmes a commencé quelques années après l’indépendance. Sans faire un historique exhaustif, intéressons-nous à quelques moments marquants, comme le droit de vote. Celui-ci s'ouvre aux femmes lors des élections de 1948. Aujourd’hui, les femmes ont les mêmes droits de vote que les hommes, (quasiment) partout dans le monde.
Autre exemple, assez clivant celui-ci : la dépénalisation de l’avortement. La Belgique dépénalise l'IVG en partie en 1990. Il est alors accessible sous conditions. En tout, ce sont 87 pays qui ont dépénalisé, au moins en partie, l’avortement. Quatre pays européens l’interdisent toujours : Andorre, Malte, la Pologne (sauf exceptions) et le Vatican. Ce dernier a par ailleurs rappelé sa position alors que le Sénat français votait pour inscrire la liberté d’y avoir recours dans sa constitution : le Vatican s’oppose à tout « droit à supprimer une vie humaine ». Cependant, le manque d’accès à une pratique médicale et sécurisée est la cause d’un chiffre qui donne froid dans le dos : selon l’OMS, 40 000 femmes décèdent chaque année en ayant recours à des avortements clandestins.
L’égalité hommes-femmes ne passe pas que par l’égalité dans les droits, mais aussi dans les actes. En effet, un des grands combats actuels pour les féministes est la lutte contre les violences faites aux femmes. Une enquête menée dans toute l’Union Européenne en 2018 révèle que 31% des femmes ont subi des violences physiques de la part d’un partenaire ou d’un non-partenaire depuis l’âge de 15 ans. Cela représente environ 13 millions de femmes. En Belgique, en 2023, ce sont 24 femmes qui ont été victimes d’un féminicide, qui ont donc été tuées parce qu’elles étaient des femmes. La loi Stop Féminicide votée en 2023, va permettre de lutter plus efficacement contre ces violences et d'obtenir des chiffres plus exacts sur le sujet. À ce sujet, la parole se libère, en particulier dans le monde de la culture et les témoignages sont de plus en plus souvent crus. Mais, pour beaucoup, cela reste compliqué d'en parler ouvertement.
Ce qu’il se passe ailleurs
Il est clair que de nombreuses avancées ont été réalisées dans nos sociétés occidentales, mais qu'en est-il ailleurs?
Selon l’Unicef, chaque année, 12 millions de filles seraient mariées pendant leur enfance. L'organisation estime que 640 millions de filles et de femmes, vivantes dans le monde à ce moment, se sont mariées alors qu'elles avaient moins de 18 ans. Toutefois, ces 25 dernières années, 68 millions de ces mariages ont pu être évités.
En Afghanistan, les femmes n’ont plus le droit d’aller à l’école, de travailler ou de se déplacer sans être accompagnées. Au total, ce sont 80 restrictions qui ont été mises en place par les Talibans depuis qu’ils ont pris le pouvoir.
En Iran, les femmes sont arrêtées pour un voile mal placé, à l’image de Mahsa Amini, ou pour un livre publié, comme c’est le cas de Narges Mohammadi. Son livre "Torture Blanche" a valu à la prix Nobel de la Paix (2023) d’être à nouveau enfermée dans son pays d’origine.
Encore des combats à mener
On le sait, la situation n’est pas parfaite, mais s’améliore. Du moins chez nous. L’exemple de l’histoire des droits des femmes en Iran montre comment un droit n’est pas un acquis permanent puisqu’il peut à tout moment être retiré et devenir restrictif.
Il reste encore nombre de défis à relever. Interrogé à ce sujet dans Décryptages, Pierre Granier, secrétaire de rédaction pour le journal Dimanche et Suzanne Bécart, doctorante en théologie à l’UCLouvain ont mis sur la table plusieurs combats à mener les prochains mois. Pour Suzanne Bécart, il est essentiel de progresser dans la reconnaissance de l’endométriose et de faire avancer la recherche sur cette maladie affectant près de 10% des femmes. Quant à Pierre Granier, il estime qu’il faut encourager les jeunes filles à poursuivre la carrière de leurs rêves même si cela correspond à des domaines aujourd’hui prétendument masculins comme les sciences et les technologies.