Le rythme effréné de la vie moderne, les exigences du travail, le stress des déplacements, la multiplication des loisirs et la pression sociale semblent condamner l’être humain à courir sans cesse. Les agendas débordent et les cabinets des psychologues ne désemplissent pas. Quant aux diagnostics de burn-out, ils sont légion!
Le rythme est aussi particulièrement soutenu en ce début du ministère de Jésus en Galilée. En effet, après un enseignement à la synagogue de Capharnaüm et la libération d’un possédé le jour du sabbat, Jésus est de retour dans la maison de Simon et d’André. Pêcheurs à la vie rangée, ces derniers ont été saisis au bord du lac par l’appel du Seigneur. Eux qui exerçaient le même métier que leur père avec un rythme de travail régulier, des occupations répétitives, se trouvent tout à coup emportés dans un bouillonnement d’activités toutes nouvelles. En répondant un ‘oui’ généreux à l’appel du maître, ils ne mesuraient pas ce que cela signifiait concrètement. Ils avaient bien entendu Jésus affirmer que les temps étaient accomplis, que l’heure où tout se joue était arrivée, mais pouvaient-ils imaginer ce qui les attendait?
Si les disciples fraîchement émoulus espéraient vivre un moment paisible dans le cercle restreint des intimes du maître, ils se leurrent car la mission engagée n’est pas réservée à quelques-uns. L’Evangile doit être annoncé à tous et se manifester dans les signes du Royaume.
La qualité de présence de Jésus, à aucune autre pareille, interpelle. Ainsi, la belle-mère de Simon est alitée. Prenant la malade, le Seigneur la relève, la remet debout, et l’évangéliste d’utiliser le même verbe que celui avec lequel il désignera plus tard la résurrection. S’il ressort de cet homme quelque chose de surprenant car son action déborde de bienveillance et d’amour, c’est la victoire de la vie sur la mort qui, déjà, est engagée.
Manifestement, Jésus n’est pas du genre à faire la grasse matinée. Malgré l’activité abondante de la veille, il précède l’aube pour se rendre dans un endroit désert. Il va y quérir sa force vitale, son antidote à toute forme de burn-out. Il prend le temps nécessaire de présence à son Père. Il y puise le souffle qui dynamise son ministère, il y recharge ses batteries à la source même de l’amour.
C’est alors qu’on l’invite à rejoindre non seulement le premier cercle de ses intimes mais aussi cette foule qui vient à sa rencontre, cherchant sans doute un thérapeute ou un exorciste. Mais lui s’en va plus loin, élargissant encore l’horizon de sa mission. L’Heureuse Nouvelle de ce Dieu qui s’approche et relève, qui se révèle totalement dans la personne de Jésus, doit être manifestée au grand jour, à tous, sans frontière.
Avec Jésus, pas question de rester dans l’entre-soi, de se confiner dans les clubs et cercles privés. Il faut sortir, aller à la rencontre des hommes et des femmes d’aujourd’hui pour leur révéler l’Evangile à l’œuvre.

Abbé Pascal ROGER
LECTURES DU JOUR
Lecture du livre de Job 7, 1-4.6-7
"Je ne compte que des nuits de souffrance"
Job prit la parole et dit: "Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre. Comme l’esclave qui désire un peu d’ombre, comme le manœuvre qui attend sa paye, depuis des mois je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance. A peine couché, je me dis: 'Quand pourrai-je me lever?' Le soir n’en finit pas: je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube. Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand, ils s’achèvent faute de fil. Souviens-toi, Seigneur: ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur."
Lecture de la première de saint Paul apôtre aux Corinthiens 9, 16-19.22-23
"Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile!"
Frères, annoncer l’Evangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile! Certes, si je le fais de moi-même, je mérite une récompense. Mais je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée. Alors quel est mon mérite? C’est d’annoncer l’Evangile sans rechercher aucun avantage matériel, et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l’Evangile. Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible. Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Evangile, pour y avoir part, moi aussi.
Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 1, 29-39
"Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies"
En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent: "Tout le monde te cherche." Jésus leur dit: "Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Evangile; car c’est pour cela que je suis sorti."
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Evangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.
Evangile pour les enfants
Aussitôt sorti de la maison de prière (synagogue), Jésus rencontre et soigne la belle-mère de Pierre. Aussitôt guérie, cette femme se met au service. Puis, le soir venu, Jésus rencontre, aide et soigne une foule de personnes. Mais où trouve-t-il tant de force, tant d'amour au service de tous? La réponse est simple: dès le matin, Jésus cherche un moment et un lieu calme pour prier, pour être en relation avec Dieu son Père. Et puis, fort de cette relation à Dieu, il repart pour proclamer l'Evangile, c'est-à-dire pour annoncer la Bonne Nouvelle de l'amour de Dieu pour chacun.
Et cette annonce se fait non seulement avec des paroles, mais aussi en aidant vraiment les gens.
Une prière: Seigneur, aide-nous à rendre service et à aimer. Aide-nous, comme tu l'as fait, à choisir souvent des moments et des lieux où nous pouvons seuls ou avec d'autres te parler, te prier.
Une action: Chercher des lieux et des moments où je puis parler au Seigneur. Noter ces lieux et ces moments et chaque jour en choisir un pour vivre un moment de prière dans la paix.

Luc AERENS, diacre