Le ministre italien de la Justice Carlo Nordio a finalement refusé d’extrader un prêtre catholique vers l’Argentine. Celui-ci devait être jugé pour crimes contre l’humanité commis lors de dictature militaire entre 1976 et 1983.
Le quotidien italien La Repubblica a révélé le 12 janvier 2024 que le ministre de la justice avait refusé l’extradition de Franco Reverberi, en raison de l’âge avancé et de la santé du prêtre de 86 ans. Le 2 août dernier, le même ministre avait pourtant signé le décret ordonnant son renvoi après une décision de la Cour de cassation italienne.
Accusé d’avoir assisté à des actes de torture
La justice argentine reproche à l’ancien aumônier militaire d’avoir assisté à des tortures de prisonniers politiques dans le centre de détention secret de Mendoza, connu sous le nom de « La Departamental ». Des témoins affirment qu’il les incitait parfois, Bible en main, à confesser leurs « fautes » pour soulager leur conscience : « Dieu seul peut te sauver », insistait-il. Il est entre autres accusé d’avoir participé en 1976 au meurtre de José Beron, un jeune militant de 22 ans. Le vieux prêtre italo-argentin a toujours nié les accusations portées contre lui, affirmant ne pas avoir présent lors de faits.
Fuite vers son pays d’origine, l’Italie
Le prêtre, fils d’immigrés italiens, arrivé en Argentine dans son enfance, s’était enfui en 2011 dans son pays d’origine, l’Italie, lorsque le parquet avait voulu l’interroger sur les faits qui lui étaient reprochés. Un mandat d’arrêt à son encontre avait été émis par Interpol en 2012. L’année suivante, l’Argentine avait demandé officiellement son extradition. Après dix ans de procédures, la Cour de cassation italienne avait approuvé son renvoi vers l’Argentine en août dernier.
Le délégué du ministère public argentin, Richard Ermili, a critiqué la décision du ministre italien de la Justice. Selon lui, il s’agit d’une entente entre un gouvernement d’extrême droite en Italie et le nouveau gouvernement argentin qui nie les événements de la dictature.
Pendant le régime militaire en Argentine entre 1976 et 1983, près de 30 000 personnes ont disparu en Argentine. Enlevées dans près de 500 centres de détention et de torture dans tout le pays, beaucoup ont été tuées, par exemple jetées d’un avion au-dessus de la mer.
Les responsables étaient la police et l’armée. De nombreux représentants de l’Eglise, politiquement de gauche, ont également été pris pour cible par des assassins mandatés par l’Etat.
✍️ Maurice Page pour cath.ch