Opinion – L’Eglise catholique, seule guide au Congo !


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Opinion – L’Eglise catholique, seule guide au Congo !
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
4 min

Les élections qui se sont tenues en décembre en République démocratique du Congo ont fait l’objet de lourdes critiques. L’Eglise catholique n’a pas seulement observé le processus; elle joue un rôle de fond dans la formation des populations. Marti Waals, théologien et agent de développement, vient de rentrer de RDC. Il a pu s’en apercevoir.

Simulacre électoral", "fraude", appels aux manifestations ou aux réélections… La température, déjà tropicale au Congo, est encore largement montée dans les jours qui ont suivi le scrutin. L’Eglise catholique a néanmoins gardé son sang-froid. Elle a assuré une double mission: sensibiliser la population au processus électoral et veiller au passage aux urnes d’une bonne partie des 44 millions d’électeurs. Ce faisant, elle joue un précieux rôle de guide pour la population, surtout en cette période de grande instabilité.

L’appel au calme du cardinal

Dès la préparation, ce méga-scrutin (pour la présidence mais aussi pour les parlements national et régionaux, ainsi que plusieurs conseils communaux) a été confronté à de multiples failles. Listes d’électeurs incomplètes, cartes dont l’encre disparaissait quelques jours après l’impression, cauchemar logistique pour acheminer le matériel électoral dans les 75.400 bureaux de ce pays qui fait 80 fois la superficie de notre Belgique! Mais en dépit des heures, voire même des jours de retard, les gens ont eu l’occasion de choisir leurs représentants.
Dans les jours qui ont suivi le scrutin, des appels à manifestation furent lancés et des images d’irrégularité furent massivement diffusées sur les réseaux sociaux. Le cardinal Ambongo, lui, a appelé au calme. Les Eglises catholique et protestante avaient envoyé 25.000 observateurs sur le terrain. Les appels de l’Eglise furent entendus et le calme a pu revenir. Les opposants, déçus par leurs maigres résultats, semblèrent accepter le verdict démocratique.

"Les appareils électriques vont surchauffer"

Le rôle de l’Eglise est en réalité bien plus important. L’institution est ainsi la seule à mettre en garde contre les risques de manipulation des populations par certains politiciens. De même, elle contribue à l’éducation de la population, invitant les citoyens à utiliser leur pouvoir d’électeur et à poser des choix éclairés. Sur le fait, par exemple, que les moyens financiers dont disposait le président sortant pour mener sa campagne étaient bien plus importants que ceux des autres candidats. Autre point de vigilance: les formidables promesses électorales faites par les candidats – éloignées de tout bon sens et de réalisme. "Enseignement primaire et secondaire gratuits", "Soins de maternité gratuits", "Routes", "Electricité", "Eau courante", "Emplois" et, surtout, "La paix à l’Est du pays": voilà les slogans qui ont été lancés lors des grands rassemblements populaires. Une dame exceptionnellement lucide m’a confié: "Si tous les politiciens qui passent ici tiennent leurs paroles, tous nos appareils électriques vont surchauffer avec toute l’électricité qu’ils vont nous envoyer!"

"Moto wa biso"

En réalité, l’idée même de choix individuel délibéré n’a pas encore pris racine dans la mentalité de la grande majorité des Congolais. Le plus souvent, ce sont les mots d’ordre des hommes influents qui sont suivis dans l’isoloir – surtout lorsque ces hommes sont "moto wa biso", c’est-à-dire "quelqu’un de chez nous". Bien souvent, en effet, l’origine même de la personne a plus d’importance que son engagement en faveur du bien commun. De quoi encourager les politiques qui ne rêvent que du jackpot de Kinshasa… et oublieront bien vite les personnes tombées dans le piège de leurs promesses populistes. Ajoutons que cette tendance ethnocentrique ouvre grand la porte au réveil des rivalités et autres tensions entre les différentes ethnies et régions du pays.

L’éveil des consciences

A travers les messages des évêques, et par l’intermédiaire des commissions Justice et Paix présentes dans tous les diocèses du pays, l’Eglise éveille la conscience populaire. A partir de questions très concrètes, comme l’insécurité, la lutte armée à l’Est du pays, la justice, la violation des droits humains et la création des conditions essentielles pour le développement et le progrès des familles, elle sensibilise les différentes couches de la population. L’Eglise est et reste ainsi le seul guide fiable dans cet accompagnement du peuple de Dieu. Car force est de constater que, malheureusement, plusieurs branches de la société civile, sont politisées. Bien qu’il existe tout de même des mouvements courageux de défense des droits humains, d’autres succombent à l’appât de la manne des dollars des politiciens mal intentionnés.

Après les décennies de la dictature de Mobutu et les régimes kleptocrates des père et fils Kabila, le chemin vers une meilleure prise de conscience est encore long. L’Eglise concrétise sa mission en balisant ce chemin. A nous aussi de soutenir l’Eglise congolaise dans cette mission. Pour le bonheur et le développement de la population congolaise, après autant d’années de souffrance!

Marti WAALS

(titre, chapô et intertitres sont de la rédaction)

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