Dans le journal De Standaard, une victime d'abus dans l'Eglise adresse une lettre ouverte à Rik Devillé, prêtre engagé dans la dénonciation de ces abus depuis plusieurs décennies. Pour ce dernier, l'Eglise n'a rien fait pour venir en aide aux victimes. Affirmation que l'auteure de la lettre entend réfuter, à partir de sa propre expérience.
D'emblée, la lettre ouverte publiée par De Standaard interpelle fortement le prêtre flamand, initiateur de l'organisation "Mensenrechten in de Kerk ("Droits de l'homme dans l'Eglise. "Cher Monsieur Devillé, 2024, une nouvelle année ! C'est l'heure de la lettre du Nouvel An et de la rétrospective, dans laquelle nous ne pouvons pas passer sous silence la série documentaire Godvergeten, qui vous a rendu si populaire. Est-ce mérité? Je peux difficilement le dire car, en tant que victime de l''autre' groupe de survivants, je n'ai pas été incluse dans votre vaste base de données. Plus d'une fois, vous avez laissé entendre à l'antenne et ailleurs que 'l'Eglise' était restée silencieuse pendant ce temps et n'avait jamais rien fait pour les victimes d'abus."
"Vous prétendez que l'Eglise est restée silencieuse..."
Affirmation que Godelieva Brouwers, catholique victime d'abus, rejette. "Avez-vous oublié l'époque de l'opération Calice Cette année-là, la Commission Adriaenssens, mandatée par 'l'Eglise', a pu rassembler un grand nombre de témoignages de victimes. Mon dossier a également été saisi par le tribunal à cette époque. L'accompagnement qui avait commencé a été brusquement interrompu, ce qui a plongé les victimes dans une grande détresse. Le comité a été bâillonné."
"Une période s'est ensuivie, à propos de laquelle vous prétendez que 'l'Église' est restée silencieuse et n'a rien fait. Encore une fois, c'est faux ! Après un certain temps, j'ai pu constater que 'l'Église', au nom des évêques, malgré la confiscation des dossiers par le tribunal, a poursuivi son engagement de rencontrer et d'accompagner les victimes. Monseigneur Johan Bonny m'a accueillie, a écouté mon histoire, a essayé de compatir et de partager mon chagrin. Il a fait en sorte que je reçoive à nouveau un accompagnement de la part de l'Église, à travers une personne expérimentée. Après quelques réunions, au cours desquelles elle m'a vraiment écoutée, mon accompagnatrice a préparé une réunion avec le supérieur de l'auteur, qui était décédé décédé. Elle m'a soutenue lors de cette journée difficile et m'a aidée à faire face à la confrontation."
"Ce mensonge m'a chaque fois profondément blessée"
La victime, qui se décrit comme une "survivante" estime avoir été reconnue dans sa douleur. La diffusion de la série Godvergeten a ranimé le chagrin et le dégoût. "Mais le chagrin a été intensifié par vous, Monsieur Devillé, chaque fois que vous avez dit que 'l'Église' était silencieuse, ne faisait rien et abandonnait toutes les victimes." "Ce mensonge m'a à chaque fois profondément blessée", poursuit-elle, "car mon expérience est différente".
Ce témoignage s'achève par une interpellation : "Monsieur Devillé, par cette lettre, je voudrais vous demander, en tant que prêtre et membre de la communauté ecclésiale, de cesser de proclamer ces contre-vérités. Vous faites souffrir des victimes qui sont vraiment croyantes et qui ne veulent pas manquer le réconfort de Dieu. Nous ne voulons pas non plus nous priver de la compréhension, du réconfort et de l'aide essentielle des membres de l'Église."
C.H. (avec De Standaard)