Cette fin d’année 2023, le chanoine Xavier Van Cauwenbergh la passe le nez dans les cartons ! Il quitte sa paroisse de Mettet pour Namur où il succède au chanoine Jean-Marie Huet, archiprêtre de la cathédrale Saint-Aubain depuis plus de 20 ans. Une cathédrale que le nouveau chanoine connaît bien pour y avoir été ordonné, pour y avoir été installé comme chanoine et participer aux offices du Chapitre. A l’approche de la première célébration qu’il y célébrera, il se dit impressionné. Rencontre avec un amoureux des belles liturgies, proche de ses paroissiens mais aussi habile bricoleur et passionné par les horloges anciennes… à réparer. Un chanoine qui ne manque pas d’humour et qui pratique le second voire le troisième degré à la perfection.
Lorsque Mgr Warin lui a proposé de devenir archiprêtre de la cathédrale, le chanoine Van Cauwenbergh avoue avoir demandé un temps de réflexion. Sa première crainte : ne pas être à la hauteur. Et puis, il s’est dit que la paroisse Saint-Jean l’Evangéliste était une paroisse comme les autres. A une nuance près. La cathédrale, c’est l’église mère du diocèse, c’est l’église de l’évêque. Et quand il ne peut être présent, c’est à l’archiprêtre de le remplacer. Une mission remplie pendant de nombreuses années par le chanoine Huet et qui le sera très prochainement par le chanoine Van Cauwenbergh : il y sera installé le 21 janvier prochain lors de la messe dominicale de 10h.
La cathédrale est l’église de l’évêque mais c’est encore une paroisse, la paroisse Saint-Jean l’Evangéliste. Le centre-ville étant très peu peuplé, les paroissiens viennent de la ville mais aussi de la périphérie. L’archiprêtre en est le curé qui célèbre donc des funérailles, des mariages… comme dans n’importe quelle paroisse. Un prêtre bicéphale pourrait-on dire.
Né en 1971, le chanoine Van Cauwenbergh est originaire de Ohain-Lasne, dans le Brabant-Wallon. Pendant ses humanités alors qu’il participait à une adoration dans le cadre de Jeunesse Lumière, il reçoit un appel du Seigneur. Etonnement. Même si, comme il dit : « J’avais bien pensé devenir diacre… » Lorsqu’il parle de cet appel et de son envie de devenir diacre, le prêtre de sa paroisse va à l’encontre de ses projets. Le prêtre est formel : c’est vers la prêtrise qu’il doit se diriger. Pour cela, il faut discerner, creuser le projet d’autant que les parents du futur archiprêtre ne voient pas d’un très bon œil leur fils unique entrer dans la prêtrise. Aujourd’hui, ils sont rassurés, leur fils est heureux dans sa vocation.
Loin de la ligne droite
Après ses humanités et un diplôme d’électricien industriel en poche, Xavier Van Cauwenbergh travaillera durant cinq années dans l’import-export. Cinq années pendant lesquelles, il sera magasinier, se chargera de la facturation… tout en poursuivant son temps de discernement. Sûr de son choix, il s’inscrit au séminaire de Limelette où il étudie la philosophie. Durant les stages, il travaillait dans le service orthopédie d’un hôpital. Il était tellement heureux du contact avec les malades, de l’aide qu’il pouvait leur apporter qu’à un moment Xavier Van Cauwenberg envisage de reprendre des études et devenir infirmier. C’est au séminaire de Namur qu’il poursuit sa formation et les stages, cette fois, dans les paroisses. Il passera par Jambes où il s’occupe du catéchisme, par Brogne où il est en charge des scouts. Travailleur assidu, il sera encore pendant plusieurs années, durant les vacances, vendeur au rayon vin d’une grande surface de Genval. Inutile de préciser qu’il a de bonnes connaissances en la matière.
Un cappuccino avec la reine
Ordonné en 2005, il débute son ministère comme vicaire à Han-sur-Lesse. Il rencontre l’abbé Jules Yansenne, ancien doyen de Nassogne. A la retraite, il a du temps pour former son jeune confrère. Une belle complicité va se développer entre les deux hommes, le chanoine Van Cauwenbergh en garde un souvenir ému. C’est là qu’il rencontre aussi… le roi Albert II et la reine Paola. Ces derniers viennent de racheter le presbytère et la reine veut tout savoir sur le bâtiment. Le futur chanoine qui aime les archives effectue des recherches. Il y aura une première rencontre à l’église du village. Les suivantes auront lieu, à Ciergnon, au château, autour d’une part de gâteau et d’un cappuccino. Un peu plus tard, alors qu’il a rejoint la paroisse de Mettet, la reine Paola lui téléphonera afin de savoir pourquoi il était parti. « Avec son accent, elle m’a dit : ‘Vous, vous êtes un comique’. »
Lorsqu’il quittera cette paroisse, ses paroissiens épingleront l’humour de leur curé et feront un commentaire qui a beaucoup ému le jeune chanoine : « Une personne m’a dit : ‘vous habitez vos églises.’ C’est vrai que je suis très présent dans les églises de mes paroisses, il y a toujours quelque chose à faire, à ranger… Les paroissiens savaient que si la porte était ouverte ils pouvaient entrer et ils me trouvaient. »
Et au paradis, il y a des travaux ?
« A croire que j’ai une brique dans le ventre, constate le chanoine Van Cauwenberg. A part à Han-sur-Lesse, partout où je suis passé, il y a eu des travaux à gérer, des réunions de chantier… Et maintenant, la cathédrale. J’imagine que quand je me présenterai devant saint Pierre, il me dira : ‘Bienvenue au paradis. Mais non, Xavier, ne va pas par-là, il y a des travaux !’ » Le chanoine Van Cauwenbergh souligne, non sans humour, qu’il a été le seul prêtre du diocèse sans clocher. Ainsi l’église de Mettet qui est encore la sienne pour quelques heures est toujours en travaux et cela va se poursuivre. Il célèbre dans la salle des mariages. Heureusement dans ses paroisses de Pontaury, Devant-les-Bois et Biesme, c’est dans une église qu’il retrouve ses paroissiens !
Si la reine Paola a remarqué son humour. On peut dire aujourd’hui, qu’il a choisi l’humour pour se guérir de sa grande timidité. Un chanoine qui a gagné en assurance mais qui peut être stressé à certaines occasions. « Je ne pourrais jamais faire une homélie sans mes feuilles. » Sa crainte, être déconcentré. Et il suffit d’un détail, de la moindre petite chose pour lui faire perdre le fil de ses idées.
Monsieur l’Archiprêtre Van Cauwenbergh se décrit encore comme « quelqu’un de causant ». Et de poursuivre : « J’aime la convivialité. Partout où je suis passé, je suis allé à toutes les fêtes. Je me montre. En 2017, j’ai été élu chanoine et cela n’a rien changé à ma manière d’être. Je suis toujours aussi simple et j’aime toujours autant rire. Ce sera la même chose comme archiprêtre. »
Chanoine, une fonction qui lui tient à cœur même si certains peuvent la considérer comme désuète. Au moment de son installation, il disait : ''Je trouve que la mission du chanoine est très belle. Je vais rejoindre une fraternité de prêtres qui prient ensemble, ça c'est unique. Dans les paroisses, les prêtres ont rarement l'occasion de se retrouver pour prier à plusieurs.''
Un futur archiprêtre qui est encore bien décidé à fréquenter régulièrement le théâtre de Namur. Il aime la culture en général et les spectacles en particulier. Il n’a raté aucune des représentations données dans les ruines de Villers-la-Ville. Sachez encore que pour les vacances, il mise sur la Côte d’Opale. « Le vent, la pluie… j’adore. C’est magnifique. J’aimerais encore découvrir la Bretagne. » Parmi ses passions figure également la réparation des horloges anciennes. Il a passé des heures auprès d’un horloger avant de se lancer dans son hobby. Le chanoine l’avoue : il ne peut passer à côté d’une horloge en panne… sans la démonter !
Christine Bolinne
Il sera installé le dimanche 21 janvier prochain, à 10h, par Mgr Warin, lors de la messe paroissiale. Il aura déjà célébré une première messe, le 1er janvier, à 10h. A noter que le chanoine Van Cauwenbergh aura encore la charge de la paroisse Saint-Loup aidé dans sa mission par le Père Marc China et l’abbé Joël De Brouwer.