Il aura fallu onze jours pour obtenir les résultats officiels de l’élection présidentielle du 20 décembre en RD Congo! Des dysfonctionnements ont notamment entraîné d’importants retards dans les votes et dans le dépouillement de ceux-ci.
Il était une foi - Les élections en RD Congo
Diffusée dimanche 14 janvier 2024 à 20h sur La Première (RTBF)
Invité: Marti Waals, théologien et agent de développement
Présentation et réalisation: Manu Van Lier
A la veille du nouvel an, Denis Kadima, qui préside la Commission nationale électorale indépendante (Ceni), a confirmé la victoire du président sortant Félix Tshisekedi (avec 73,4% des voix) devant Moïse Katumbi (18%) et Martin Fayulu (5,3%). Neuf candidats de l’opposition n’ont pas tardé à contester ces résultats, parlant de "simulacre d’élections" ou, pour Martin Fayulu, de "mascarade". Le 28 décembre, lors de la présentation de leur Mission d’observateurs électoraux (MOE), la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a salué "les efforts" dans la tenue de ce scrutin tout en pointant "de nombreux cas d’irrégularités, susceptibles d’affecter l’intégrité des résultats de différents scrutins, en certains endroits." Le rapport de la MOE fait état de "violences, arrestations et interdiction d’accès à certains bureaux de vote". Pour la première fois, l’Eglise protestante s’est associée à l’observation électorale mise en place par la CENCO. 25.000 observateurs ont été déployés sur le terrain avec l’objectif de garantir un processus électoral crédible et transparent. Interrogé une semaine avant les élections par Marti Waals, théologien et agent de développement, le cardinal Ambongo soulignait l’importance de cette mission d’observation: "Ça ne plaît pas à ceux qui sont au pouvoir, mais nous avons le courage prophétique de leur dire ce que nous constatons. Lors des élections précédentes, les chiffres correspondaient aux résultats publiés par la CENI, ce qui montre le sérieux de notre travail. Notre objectif est de rendre compte au peuple de ce que nous avons vu, dans l’espoir que celui qui sera proclamé vainqueur corresponde au choix du peuple, exprimé dans les urnes."
Pas découragés
L’archevêque de Kinshasa se montre toutefois inquiet: "le processus électoral qui devait être une fête nationale se transforme en drame avec du sang qui coule et des vies qui sont fauchées. Je reviens de la paroisse MarieAuxiliatrice où un prêtre missionnaire belge, âgé de 82 ans, a été sauvagement massacré dans sa chambre. Mais nous ne sommes pas découragés et nous allons continuer à travailler pour que la République Démocratique du Congo soit vraiment démocratique." Jacques Fikiri, professeur d’anglais dans la province du Nord-Kivu, est observateur de la CENCO. "C’est mon devoir comme chrétien de m’engager. Pourvu que ça se passe dans la vérité et qu’on sache qu’il n’y a pas eu de fuite ou de bulletin qu’on a glissé." Il nourrit l’espoir que les promesses électorales des candidats ne soient pas vaines: "Le peuple qui a tant souffert a besoin de gens capables d’améliorer leur qualité de vie et de développer le pays. Les candidats doivent travailler pour la population et pas pour leur poche."
Manu VAN LIER
Lire aussi l’opinion de Marti Waals dans le Journal Dimanche n°2