Consoler et être consolé (22/2)


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Consoler et être consolé (22/2)
Par Diocèse de Namur
Publié le
5 min

Conférence d’Anne-Dauphine Julliand

« J'ai perdu mes deux filles. Et ensuite encore un fils. Je le dis le cœur habité par deux sentiments que l'on croit souvent contraires : la douleur et la paix. La douleur de celle qui pleure. Et la paix de celle qui est consolée. » Anne-Dauphine Julliand, bien connue pour ses livres Deux petits pas sur le sable mouillé (2010), Une journée particulière (2013) et Consolation (2020), donnera une conférence à Rochefort le 22 février, à 20h, à la Maison paroissiale (rue de Behogne, 45). "Consoler et être consolé" tel sera le thème de cette soirée-témoignage.

C'est dans le cadre de l'année jubilaire de l'église décanale que, le 22 février prochain, Anne-Dauphine Julliand a été invitée à Rochefort pour parler de la consolation. Comment à l’heure de l’épreuve du prochain, il est important de franchir le pas de la peur et de la retenue. Il est alors urgent d’oser et de s’approcher. Quelques mots suffisent : « Je suis là », « Vous avez du prix à nos yeux ». La personne en souffrance se sent alors rejointe dans sa peine. Comme le dit Anne-Dauphine Julliand : « La consolation n’est pas chasser la souffrance, c’est apporter la Paix pour permettre de vivre pleinement la souffrance. Consoler c’est chasser la peur ». Une soirée témoignage fort et profond porteur de réconfort vous attend !

Quelques réflexions glanées ça et là, et qu’Anne-Dauphine Julliand ne manquera pas de développer lors de sa venue :

  • « Quand on ne peut ajouter de jours à la vie, on ajoute de la vie aux jours », c’est-à-dire être à ce que l’on fait, ne pas considérer le temps comme une durée, un enchaînement d’heures qu’il faut accomplir, mais plutôt adopter une âme d’enfant et vivre chaque instant pour ce qu’il est, et non pas pour la photo que l’on pourrait en faire.
  • « Personne ne peut rejoindre la souffrance de l’autre, elle est de l’ordre de l’intime ». En revanche, cette dernière a besoin d’être accompagnée et c’est là qu’intervient la consolation. Pour Anne-Dauphine Julliand, c’est en mettant ce mot en acte que la douleur quelle qu’elle soit peut-être atténuée.
  • Consoler ne revient pas à évacuer la douleur de l’autre, mais à l’accompagner dans ce qu’il vit : « c’est se mettre à la portée de la souffrance de l’autre ». Il n’y a pas de consolation maladroite. On console avec ce que l’on est, c’est ce qui nous rend humain.

La nécessaire consolation

Les épreuves de la vie d’Anne-Dauphine Julliand n’ont pas rendu sa relation à Dieu impossible. Au contraire, croire au Ciel a même été salvateur. Non pas que sa foi l’ait empêchée de souffrir, mais expérimenter l’Amour inconditionnel de Dieu pour elle, lui a permis de pleurer en paix, d’être consolée au-delà de l’impossible.

Pour rappel, Anne-Dauphine a quatre enfants : Gaspard, Thaïs, Azylis et Arthur. En 2006, sa fille Thaïs est diagnostiquée comme porteuse d'une forme rare de maladie lysosomale ; son espérance de vie est donc très limitée. En 2007, Thaïs meurt de sa maladie, alors que sa petite sœur Azylis se révèle également porteuse de celle-ci ; grâce à une transplantation de moelle, la maladie progresse plus lentement chez elle que chez Thaïs. Azylis meurt finalement à son tour en 2017. Une 3e épreuve touchera ce couple : Gaspard se donne la mort en janvier 2022, à la veille de son vingtième anniversaire.

« Loïc et moi sommes en paix. Nous n’avons aucune colère. Nous ne cherchons pas de réponse à ce mystère. Nous l’avons aimé de toutes nos forces, et nous l’aimons encore. »

A.-D. Julliand, lors des funérailles de Gaspard, 28 janvier 2022.

Comment accepter et surmonter sa peine après un deuil ou une épreuve de la vie ? Comment s'autoriser à ressentir de nouveau le bonheur ? Comment consoler un proche ou comment savoir prendre les mains qui nous sont tendues ? À travers sa propre expérience, Anne-Dauphine Julliand nous accompagne sur le chemin de la consolation – en osant pleurer, en osant parler, en osant vivre de nouvelles joies – et nous livre un récit plein d'humanité et de délicatesse.

« J’ai vécu une expérience de vie assez singulière avec la maladie et la mort de mes enfants. Je peux évidemment partager la souffrance, le drame et la douleur. Mais j’ai envie d’aller plus loin. A travers ce que j’ai vécu, j’ai aussi découvert une autre façon d’aimer la vie. J’ai emprunté un chemin que je n’aurais jamais imaginé ni voulu, mais je l’ai fait par la force de la vie. Il se trouve que tout au long du chemin, j’ai découvert des choses belles et nécessaires à l’homme. » C'est avec ces mots qu'elle explique son envie de témoigner, d'échanger sur cette période si singulière qu'est le deuil.

Extraits

Anne-Dauphine Julliand, Consolation, Les Arènes, 2020

  • Nul ne peut dire qui a le droit de se plaindre, de pleurer, de désespérer. Qu’elle qu’en soit la cause. On ne peut se faire juge de la douleur d’autrui. (p. 32)
  • On nous dit souvent que nous sommes tous deux plus forts de l’épreuve que nous avons vécue ensemble. Je ne pense pas que l’épreuve consolide les couples. Au contraire, la souffrance les fragilise dangereusement. Ce qui nous renforce, sans pour autant nous rendre indestructibles, ce n’est pas d’avoir vécu le malheur ensemble, mais c’est de nous être consolés. La consolation est la plus belle manifestation de l’amour. (p. 66)
  • On entend parfois ceux qui ont été éprouvés affirmer qu’ils ne voudraient pas revenir à leur vie d’avant. Que leur existence maintenant a pris une tout autre dimension. Ce qu’ils vivent désormais n’est pas la vie après la souffrance. Celle-ci n’est pas un instant qui passe. C’est leur vie avec elle. (p. 193)

Pour en savoir plus

Ecoutez ici l'émission radio de 1RCF : Anne-Dauphine répond aux questions d'Angélique Tasiaux.

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