Un enseignement nouveau - Qu’est-ce que Jésus a bien pu dire dans la synagogue de Capharnaüm pour marquer à ce point les gens? Nous l’ignorons. On sait seulement que sa parole touche et fait mouche, qu’elle frappe par sa nouveauté.
Parole nouvelle, sans doute parce que personnelle. Comment en serait-il autrement après l’incroyable révélation reçue lors de son baptême par Jean-Baptiste: ‘Tu es mon fils bien-aimé’? Quelle heureuse nouvelle: ce qui intéresse Dieu, c’est moins l’aveu de nos fautes, que de faire de nous ses enfants bien-aimés!
Petit retour sur l’itinéraire personnel de Jésus. Cette révélation est tellement forte qu’il se retire au désert quarante jours durant. Longue retraite pour assimiler cette révélation. Impossible pour lui, désormais, de vivre comme avant! Il change de cap, quitte Nazareth et l’atelier paternel. Il sillonne les routes de Galilée en ‘proclamant’ la proximité de Dieu et de son Royaume. Tâche urgente, trop vaste pour un seul homme. Il appelle quelques disciples à devenir ‘pêcheurs d’hommes’. Comme lui! Avec lui! Ebauche d’une ‘synodalité’.
Mais il ne se contente pas de ‘proclamer’, d’éveiller à cette heureuse Nouvelle’. A la synagogue de Capharnaüm, il prend le temps d’’enseigner’, d’en déployer le sens ici et maintenant.
Parole engagée donc, libre, ouvrant à la responsabilité et à l’espérance. Rien de répétitif, d’enfermant, de normatif; elle ouvre à une recherche et surtout à une relation vivante avec le Père.
Autre nouveauté: Jésus ne se contente pas de prêcher: en prenant soin de cet homme possédé, il joint l’acte à la parole, il donne à voir le Règne de Dieu advenant ici et maintenant, il traduit en actes le désir de Dieu que toute personne soit vivante.
Crier - Les psaumes sont remplis de cris. Nos existences aussi. Cris de joie à l’annonce d’une bonne nouvelle, cris de détresse dans la peur, la douleur, le mal-être. Tel est celui de cet homme: habité par un profond tourment, possédé par lui, il n’est plus lui-même. Incapable d’échanger et de s’exprimer posément, il ne peut que crier, hurler même. Et, paradoxe, alors qu’il prétend ‘savoir’ qui est Jésus, il est incapable de reconnaître en lui, la présence d’un Dieu qui éveille à la Vie: "Es-tu venu pour nous perdre?"
Jésus l’écoute, entend sa détresse, puis avec calme et maîtrise, s’adresse à ce mauvais esprit dont il est le jouet, il le fait taire. Il le délivre ainsi de son tourment; peut-être aussi de la crainte d’un Dieu menaçant ou trop exigeant. En le rendant à lui-même, il lui donne la Vie.
Quand plus rien ne va, osons nous tourner vers Jésus et crier notre détresse. N’hésitons pas à l’appeler: lui, le frère, l’ami, l’intime, peut tout entendre. Sa présence, discrète et pourtant bien réelle, à nos côtés nous aidera à nous apaiser, à reprendre possession de nous-même, à refaire notre unité intérieure, à renouer des relations plus harmonieuses, et à oser, comme lui, une parole personnelle.
Brigitte RIGO
LECTURES DU JOUR
Lecture du livre du Deutéronome 18, 15-20
"Je ferai se lever un prophète; je mettrai dans sa bouche mes paroles"
Moïse disait au peuple: "Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez. C’est bien ce que vous avez demandé au Seigneur votre Dieu, au mont Horeb, le jour de l’assemblée, quand vous disiez: 'Je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu, je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir!' Et le Seigneur me dit alors: 'Ils ont bien fait de dire cela. Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte.
Mais un prophète qui aurait la présomption de dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ou qui parlerait au nom d’autres dieux, ce prophète-là mourra'."
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens 7, 32-35
"La femme qui reste vierge a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée"
Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci. Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé. La femme sans mari, ou celle qui reste vierge, a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée dans son corps et son esprit. Celle qui est mariée a le souci des affaires de ce monde, elle cherche comment plaire à son mari. C’est dans votre intérêt que je dis cela; ce n’est pas pour vous tendre un piège, mais pour vous proposer ce qui est bien, afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage.
Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 1, 21-28
"Il enseignait en homme qui a autorité"
Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier: "Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais qui tu es: tu es le Saint de Dieu." Jésus l’interpella vivement: "Tais-toi! Sors de cet homme." L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux: "Qu’est-ce que cela veut dire? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent." Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.
L'évangile pour les enfants
Nous ne comprenons pas bien cette histoire d'un homme tourmenté par un esprit impur, ni pourquoi il crie que Jésus est venu pour les perdre. Nous ne comprenons pas non plus pourquoi Jésus demande à cet homme de se taire alors qu'il vient publiquement (à la synagogue) de reconnaître qu'il sait qui est Jésus.
Alors… mini explication: l'homme est possédé (ce qui veut dire qu'il n'est pas libre de penser, de parler, de croire, d'agir…). Il crie (ce qui signifie qu'il ne sait pas dialoguer, ni écouter). Il affirme qu'il sait qui est Jésus. Or personne ne connaît tout à fait le Seigneur. On n'enferme pas Dieu dans quelques mots ou quelques pensées. Mais on peut toujours continuer à le chercher, à le comprendre. Alors, Jésus lui permet de dialoguer, d'agir, de parler de ce en quoi il croit vraiment.
Une prière: Seigneur, délivre-nous de ce qui nous rend incapable d'aimer, de dialoguer, d'agir…
Une action: réaliser une chaîne avec des maillons de papier. Inscrire sur chaque maillon ce qui m'empêche d'aimer, de prier, de croire.
Luc AERENS
Diacre