Assemblée Dominicale Animée par un laïc en maison de repos ou en hôpital | Quelles pratiques et perspectives ?
Retour sur la journée de formation sur les ADAL le 14 décembre 2023 organisée par la Pastorale de la Santé de Bruxelles
Se retrouver ensemble pour célébrer le Seigneur, écouter et méditer sa Parole et éventuellement partager la communion, tel est toujours le désir de nombreuses personnes âgées qui habitent dans une maison de repos et de soins ou de personnes hospitalisées.
Jusqu’à présent, on considérait que cette mission était dévolue exclusivement aux prêtres, les visiteurs se contentant de visiter. Or, chacun le sait, les prêtres ne peuvent plus être présents partout et en tout temps. Interpellés par les multiples demandes ou devant parfois au pied levé bricoler quelque chose, des visiteurs et des visiteuses animent déjà régulièrement ce qu’on appelle une ADAL. Ce terme un peu barbare est l’abréviation des mots suivants : Assemblée Dominicale Animée par un Laïc.
La Pastorale de la Santé de Bruxelles a souhaité répondre aux demandes des visiteurs qui sont amenés à animer une célébration liturgique et qui se sentent souvent démunis. La journée de formation organisée en décembre 2023 et a rencontré un vif succès.
De la réflexion à la pratique
De nombreuses questions ont émergé au cours de cette journée : qu’est-ce qu’il m’est permis de dire ou de faire ? Comment rédiger une prière ? Doit-on lire toutes les lectures du dimanche ? Où trouver les chants ? Comment réagir avec des personnes malentendantes ou bruyantes ? Est-ce qu’on peut bénir les personnes présentes ?
Trois formateurs étaient présents pour animer la journée et répondre à ces multiples questions : Dominique Crèvecœur, prêtre diocésain, Marie-Thérèse Hautier, bibliste et aumônière aux Cliniques Saint-Luc et François Feyens ex-responsable d’une équipe de visiteurs.
Après un exposé introductif, les formateurs ont plongé les participants dans le bain en leur demandant de co-construire une ADAL qui serait ensuite célébrée au terme de la journée. Les textes choisis étaient ceux du 3ème dimanche de l’Avent, de Gaudete qui célèbrent la joie.
Les différents participants se sont répartis entre 3 ateliers différents :
- le premier groupe devait s’exercer à préparer les mots de l’accueil et de l’envoi,
- le deuxième groupe s’entraînait à rédiger des prières liturgiques et des intentions
- et le dernier groupe était chargé du commentaire des lectures.
Les participants ont parfois mesuré leur ignorance en matière liturgique et (re)découvert des termes d’origine grecque : l’anaclèse, l’anamnèse, l’épiclèse… La rédaction d’une prière suit quelques règles de structure semblables à des règles de grammaire. L’animateur d’une ADAL devrait idéalement s’entraîner à rédiger lui-même quelques prières liturgiques en respectant ces règles qui sont le fruit de toute une tradition et où chaque détail compte.
Les animateurs ou futurs animateurs ont aussi appris comment prononcer une bénédiction. A la différence d’un prêtre, la bénédiction est rédigée en « nous » par exemple : « Le Seigneur soit avec nous » et l’assemblée répond « Et avec notre esprit » puis l’animateur dit « Que Dieu tout-puissant nous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit » et l’assemblée répond « Amen ».
L’exercice le plus difficile à réaliser selon les dires des participants était de partager l’Evangile. Quelle posture prendre ? Suis-je légitime pour commenter les textes ? Ne vaut-il pas mieux lire une belle homélie glanée sur internet ?
Pour animer la liturgie de la Parole, deux pistes ont été présentées :
- Faire un commentaire. L’écueil ici est de vouloir trop bien faire, d’être exhaustif, de faire un long exposé. On prend alors le risque de perdre son auditoire. Il faut alors veiller à être concis et se limiter à une ou maximum deux idées.
- Proposer aux membres de l’assemblée de participer à un partage de la Parole en leur proposant de réagir à quelques questions. Par exemple, en lien avec l’Evangile proposé (Jn 1, 6-8.19-28) on pourrait demander aux membres de l’assemblée : «Qui est selon vous la Lumière dans l’Evangile ? Est-ce que vous avez rencontré des témoins dans votre vie qui vous ont aidé ? Est-ce que vous pouvez être témoins dans votre vie aujourd’hui ? Comment concrètement ?»
L’animateur ne doit pas corriger ce qui est dit en assemblée, mais peut essayer de s’appuyer sur les différentes réactions pour aller un peu plus loin ou relancer la question. La difficulté de ce type d’animation sera de s’adapter à des personnes qui n’ont pas l’habitude de parler en public et encore moins lors d’une célébration.
La lecture des textes sacrés
Les formateurs ont redit l’importance pour tous les chrétiens en général mais aussi pour les laïcs appelés à animer une ADAL de s’approprier les textes bibliques et d’en faire leur nourriture quotidienne. En d’autres mots, animer une ADAL ne s’improvise pas, il est nécessaire de prier les textes et de prendre le temps de bien préparer en amont la célébration afin d’apporter la Bonne Nouvelle aux résidents et aux personnes hospitalisées.
Quelques questions pourront guider la méditation :
- Comment est-ce que la Parole me nourrit dans ma vie d’aujourd’hui ?
- Qu’est-ce qui me surprend ?
- Quelles sont les paroles que je retiens et que je peux faire faire résonner en moi ?
- En quoi cette Parole peut parler aujourd’hui aux personnes avec lesquelles je vais vivre ce temps de célébration ?
- Qu’est-ce que ces personnes vivent actuellement dans leur lieu de vie ?
- Et qu’est-ce qui se vit dans le monde autour d’elles ?
Cette maturation de la Parole permettra au moment de la célébration de mieux faire face avec le sourire aux multiples imprévus qui ne manqueront pas de se produire.
Des questions de fonds
La journée de formation aux ADAL fait aussi écho aux questions débattues lors de la première session du Synode. Le chapitre 8 du rapport de synthèse rappelle que l’Eglise est mission et que « les sacrements de l’initiation chrétienne confèrent à tous les disciples de Jésus une responsabilité dans la mission de l’Église. Les laïcs, hommes et femmes, les personnes consacrées, et les ministres ordonnés ont une égale dignité. »
Plus loin dans le document, il est noté que « dans certaines situations, il peut arriver que les laïcs soient appelés à pallier le manque de prêtres. » C’est certainement le cas en Belgique dans les maisons de repos et de soin et en milieu hospitalier. Le chapitre 8 conclut ainsi par une proposition : « Nous percevons le besoin d’une plus grande créativité dans la mise en place de ministères en fonction des besoins des Églises locales... Les tâches du ministère du lecteur pourraient se voir élargies, ministère qui ne se limite déjà pas à son rôle au cours de la liturgie. Un véritable ministère de la Parole de Dieu pourrait ainsi être mis en place qui, dans des contextes appropriés, pourrait inclure également la prédication. »
Les célébrations animées par des laïcs ou ADAL font déjà partie du nouveau paysage de notre Eglise. Cette situation concrète pose une série de questions légitimes :
- Quelle est l’étendue de la mission du laïc dans cette fonction ?
- Ne risquent-ils pas d’être à leur tour « cléricalisés » ?
- Ne devraient-il pas recevoir un vrai ministère ?
les futures sessions du Synode vont devoir se saisir de ces questions. Mais dès à présent, les visiteurs et les accompagnateurs spirituels qui œuvrent discrètement dans les périphéries de nos diocèses aux côtés de personnes plus fragiles en MRS ou en hôpital, peuvent nourrir cette réflexion tout en continuant à se former !
ADAL célébrée à la fin de la journée de formation organisée le 14 décembre au Vicariat
Texte Isabelle Standaert - Service de la Pastorale de la Santé de Bruxelles
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