68 évêques centrafricains prient ensemble:  » Amani – Amahoro – Paix ! »


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68 évêques centrafricains prient ensemble:  » Amani – Amahoro – Paix ! »
Dans ce camp de Goma, lMgr Harolimana , avec d'autres évêques apporte des biens de première nécessité.
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
4 min

A Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu au Congo, ravagée par la guerre depuis près de trente ans, pas moins de 68 évêques congolais, rwandais et burundais, se sont réunis dimanche 28 janvier pour diffuser largement un message de paix.

À la suite d'une rencontre à Rome en octobre et d'une réunion préparatoire au Rwanda, les évêques ont souligné leur engagement lors d'une grande messe en plein air pour que les populations de la région des Grands Lacs "soient soulagées de leurs souffrances et s’engagent dignement, avec leurs responsables, pour la paix et le développement intégral". 

Des évêques congolais, rwandais et burundais visitent un camp à Goma

"Augmentez l'espace de votre tente"

Les Conférences épiscopales d'Afrique centrale (ACEAC) considèrent qu'il est de leur devoir d'accompagner la population dans la recherche d'issues à cette crise et l’appui aux structures de renforcement des programmes de paix et de développement. À cette fin, elles travaillent avec toutes les organisations nationales, régionales et internationales qui veulent mettre fin à la spirale de la violence et à la misère de la population. Ceci dans une région qui a été bénie par Dieu avec tant de richesses. Mais en même temps, il a été rappelé à la population de ne pas céder aux tentatives de manipulation, de division et de haine.  "En tant que migrants sur cette planète, nous dépendons des fruits des arbres plantés par d'autres. Par conséquent, au cours de notre voyage, assurons-nous de ne pas tout détruire, y compris nos proches, mais plutôt de planter d'autres arbres pour la prochaine génération. Par conséquent, augmentez l'espace dans votre tente (Ésaïe 54 :2)." Les évêques se sont rendus dans un des camps de déplacés autour de Goma. Après la remise de biens de première nécessité, Monseigneur Vincent Harolimana, vice-président de l’ACEAC et évêque de Ruhengeri au Rwanda, a exprimé au nom des évêques sa solidarité avec la souffrance des personnes déplacées.

Mettre fin aux violences

La messe en plein air, en présence des autorités civiles, a été suivie par des milliers de fidèles. Initialement, elle devait se tenir au même endroit que celle prévue à l'occasion de la visite du Pape à Goma (en juillet 2022). Mais  comme en 2022, cela n’a pas été possible, compte tenu de l'insécurité dans la région, causée par les rebelles du M23.  La situation sur le terrain ne s'est donc guère améliorée, au détriment de la paix, de la sécurité et des chances de vie de quelque 2,5 millions de personnes forcées à quitte leurs maisons et champs. C'est ce qu'a clairement souligné le cardinal Ambongo, archevêque de Kinshasa, dans son homélie: "que pouvons-nous faire face à tous les maux qui semblent avoir pris rendez-vous dans cette région et à laquelle le Rwanda, à travers le M23, s'est invité ?". Il a cité le proverbe africain: "quand deux éléphants se battent, ce sont  surtout les herbes qui en pâtissent."   

Un mémorandum, préparé par Pax Christi International et les ONG locales Africa Reconciled, Pendo African Initiative for Good Justice et HOLD, a été remis aux évêques rassemblés. Il y est fait référence à de récents rapports de l'ONU qui, une fois de plus, dénoncent l'implication du Rwanda, ainsi que celle des multinationales et des politiciens. Lors d'une conférence de presse, Mgr José Moko, président de l'ACEAC et évêque d'Idiofa, a déclaré que les évêques prévoyaient de rencontrer prochainement les présidents du Congo, du Rwanda et du Burundi pour leur dire "que trop c'est trop et que cette guerre doit cesser immédiatement".    

Une situation toujours plus critique

Dans un camp pour les familles déplacées sur les flancs du volcan Nyiragongo près de Goma ©Marti Waals

Augmenter l’espace dans sa tente pour les migrants est, bien sûr, un beau geste de solidarité et peut apporter la paix, au-delà des frontières. Pourtant, la question demeure de savoir si les millions de personnes déplacées dans l'Est du Congo, à la suite des mouvements militaires soutenus par des politiciens étrangers et nationaux sans scrupules et des marchands sordides, peuvent faire encore plus de place dans leurs maigres abris, construits avec des branches, des chiffons et des morceaux de plastique dans lesquels ils survivent littéralement en ce moment ? Car précisément, le jour-même de cet engagement clair des évêques rassemblés, le M23 a fermé la seule voie d'accès à Goma. Cela perturbera encore plus l'approvisionnement alimentaire et rendra la vie encore plus difficile pour les déplacés, mais aussi pour la population de cette métropole. Il est pourtant clair que cette souffrance humaine inimaginable peut être arrêtée ! C’était le cas en 2012, lorsque le président Obama a réussi à mettre fin à l'occupation de Goma par ces mêmes rebelles par un seul coup de fil à son homologue rwandais. Combien de temps durera encore cette crise injuste ?  

Marti WAALS, théologien et agent de développement (intertitres de la rédaction)

Catégorie : Eglise monde

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