Dans son homélie de Noël, l'archevêque Luc Terlinden a mis l'accent sur la dimension de la rencontre de la fête de Noël. Chers amis, Cette nuit, nous accueillons à la crèche Jésus, sauveur mais aussi enfant sans défense. Jésus a vu le jour dans des conditions précaires. Combien d'enfants aujourd'hui encore ne naissent-ils pas eux aussi dans des conditions difficiles, voire insupportables, à cause de la guerre, de la violence, de l'exil, de la pauvreté… ? Et comment ne pas penser également aux enfants victimes d’abus sexuelles ou d’une adoption forcée, une réalité douloureuse qui est revenue au grand jour ces dernières semaines suite aux témoignages poignants de victimes. Ceux-ci nous invitent non seulement à la compassion mais aussi à un engagement résolu pour le respect de la dignité de toute personne humaine, à commencer par les plus petits et les plus vulnérables, comme les enfants. Car l’enfant couché dans une mangeoire a manifesté la valeur de toute vie humaine. Mais il n’a pas seulement suscité la curiosité et l’admiration autour de lui. Il a aussi mis des femmes et des hommes en mouvement, qui ne sont pas restés pas de simples spectateurs à la crèche mais se sont engagés à la vue de Jésus. Reconnaissant en lui la bénédiction de Dieu pour tous les hommes, ils sont devenus eux-mêmes porteurs de bénédiction autour d’eux. A vrai dire, les premiers à être mis en mouvement en cette nuit de Noël l’ont été pour répondre à une contrainte extérieure, comme la vie peut nous en offrir. Marie et Joseph, en l’occurrence, se sont rendus à Bethléem pour répondre à l’ordre de l’empereur Auguste de recenser toute la terre. Mais ce faisant, ils ont porté Jésus et sa bénédiction à ceux qui se réuniront autour de lui à la crèche de Bethléem. L’évangile de Matthieu nous raconte également que, sous la contrainte oppressante du roi Hérode qui veut tuer l’enfant, Marie et Joseph devront fuir en Égypte avec lui. Ils revivront ainsi symboliquement la libération du peuple hébreux de l’oppression de pharaon et la bénédiction que Dieu a manifesté à son peuple à cette occasion. Ainsi, malgré les contraintes diverses de la vie, la bénédiction de Dieu n’est pas absente mais vient se manifester tout particulièrement par la présence de Jésus à nos côtés. Plus encore, les migrants parmi nous peuvent aussi être porteurs de la bénédiction de Dieu pour nous, en nous manifestant cette proximité de Jésus et de sa Bonne Nouvelle libératrice. La diversité de nos assemblées dans les églises de notre ville en cette nuit de Noël en est une belle illustration. Des sœurs et des frères de tous les continents sont aujourd’hui témoins de la présence de Jésus. Loin d’être une menace, ils sont source de bénédiction. A la crèche, ce sont aussi les bergers qui se sont mis en route et qui ont reconnu le signe de l’enfant emmailloté dans la mangeoire. Pourtant, ces bergers ne correspondaient pas à l’image romantique que nous pouvons avoir d’eux aujourd’hui. Au temps du Christ, ils étaient même marginalisés et mal vus. Pourtant, avec Marie et Joseph, ils sont les premiers destinataires de la bénédiction de Dieu reçue de l’enfant de la crèche. Plus encore, touchés et transformés par cette rencontre, ils en deviendront les messagers, en faisant connaître autour d’eux ce qu’il ont vu et entendu. Car personne n’est exclu de l’amour de Dieu et de sa bénédiction. Et tous peuvent devenir porteur de cette bénédiction dans son entourage. Certains se sont aussi mis en route vers la crèche mais ont encore une longue route avant d’y arriver. Ce sont les mages venus d’Orient. Ils représentent toutes les nations qui sont aussi associées à la bénédiction de l’enfant Jésus, Prince la Paix. Noël, comme chaque année, nous invite à la rencontre et au dialogue entre les peuples, ce bien si précieux mais si durement maltraité aujourd’hui par les terribles guerres et conflits de notre monde. En cette nuit de Noël, ne nous laissons toutefois pas aller à l’indifférence, ne laissons pas tomber les bras ! Gardons l’espérance qu’un dialogue et qu’une paix juste sont toujours possibles. Ce dialogue commence d’ailleurs parmi nous, dans la rencontre avec nos voisins et particulièrement celles et ceux qui partagent d’autres convictions religieuses ou philosophiques. La paix se construit ici aussi. Chers sœurs et frères, en accueillant l’enfant de la crèche, nous accueillons la bénédiction de Dieu non seulement pour chacune et chacun d’entre nous mais aussi pour toute personne humaine, quelle qu’elle soit, et pour tous peuples. Puissions-nous aussi en être de vrais témoins, par notre engagement pour le respect de la dignité de tous et en particulier des plus vulnérables. Et ne croyons pas que nous ne sommes pas capables d’un tel engagement. Car à la crèche, l’énergie nous en est donnée par la force inconditionnelle de l’amour de Dieu pour toute notre humanité qui se révèle par ce petit enfant. + Luc Terlinden Archevêque de Malines-Bruxelles Lire l'homélie en pdf
« Noël est une invitation à la rencontre et au dialogue »
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