Noël en Haïti: les évêques invitent à l’espérance et à la fraternité


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Noël en Haïti: les évêques invitent à l’espérance et à la fraternité
Par Vatican News
Publié le
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Dans un message rendu public à l’approche de Noël, les évêques d’Haïti se font «solidaires des souffrances du peuple». Ils expriment leur sympathie «à tous ceux touchés directement ou indirectement par les actes de violence et d’insécurité au cours de cette année 2023». La joie qu’apportent les fêtes de Noël et du Nouvel An sera encore plus grande si des actes concrets d’une résolution de crise se manifestent, estiment-ils.

Toutes les crèches auront-elles le même sens à travers le monde ? ©CC0 via Pxhere

En ce temps de l’Avent, période durant laquelle les fidèles se préparent intérieurement à célébrer la naissance de Jésus, «nous ressentons le besoin de partager avec vous une parole d’espérance». C’est ce qu’a fait savoir la Conférence épiscopale d’Haïti, dans un message adressé aux prêtres, religieux et religieuses, fidèles laïcs, ainsi que hommes et femmes de bonne volonté, le 1er décembre.

Cette espérance, indiquent les évêques, trouve son origine dans la Nativité du Fils de Dieu, «qui vient sauver l’humanité et qui nous fait crier: ‘’Oh Soleil levant! Splendeur de Justice et lumière éternelle, illumine ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort! Viens, Seigneur, viens nous sauver!’’».

L’incarnation du «Fils de Dieu né pour nous», «jette une lumière nouvelle sur tout ce que nous vivons aujourd’hui comme espérances et joies, malheurs et souffrances», éclaire et «nous invite à prendre en main notre destin comme Nation», affirment les évêques, exhortant à ne pas se laisser abattre et désespérer devant les situations difficiles. Dans ce message, ils se disent solidaires des souffrances du peuple, tout exprimant leur sympathie à tous ceux et toutes celles qui sont touchés directement ou indirectement par les actes de violence et d’insécurité au cours de cette année 2023.

La célébration de Noël dans un double contexte

Haïti, où la violence des gangs selon un rapport de l'ONU, s’étend hors de la capitale Port-au-Prince, se prépare à célébrer la naissance de Jésus encore cette année, dans un double contexte. Les évêques évoquent d’une part, la situation dramatique du peuple qui s’aggrave chaque jour davantage avec l’emprise infernale des groupes lourdement armés, la cherté galopante de la vie, le désarroi des jeunes qui quittent le pays, l’indifférence manifeste des autorités et l’intransigeance des acteurs politiques qui n’arrivent pas à trouver un compromis salvateur. Et d’autre part, celui du Synode de l’Église «qui nous invite à agir autrement en Haïti, à savoir: nous mettre à l’écoute les uns des autres, dialoguer sincèrement, marcher ensemble, vivre ensemble, pour mieux discerner selon l’Esprit Saint le sens de l’Histoire et construire ensemble notre Nation».

Des chrétiens donnent un coup de main pour reconstruire leur église, après les séismes.
Photo d'illustration (c) CC BY-SA 4.0 Durand85

Réveil spirituel, conversion et fraternité

La CEH exhorte à un véritable réveil spirituel et citoyen qui doit conduire à une conversion en profondeur personnelle et collective, à combattre le fatalisme ou le défaitisme ainsi que les forces du mal qui ont leur empreinte sur tous les aspects de notre vie sociale, politique, économique et culturelle, déclarent-ils. «Ce réveil impliquera l’engagement patriotique de tous et de chacun pour le relèvement d’Haïti. Tout cela ne sera possible que si nous nous laissons conduire par l’Esprit de Dieu».

L’esprit de fraternité a été également souligné par les évêques haïtiens, qui rappellent ce «mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu qui fait de nous les enfants du Père et un peuple de frères en Jésus» qui est «l’ainé d’une multitude de frères» (Romains 8, 29). «N’est-ce pas cet esprit de fraternité qui a ouvert la voie à la fondation de notre nation?, s’interroge la CEH, soulignant qu'il s'agit bien de qu'ils vont célébrer le 1er janvier 2024, se rappelant du 220e anniversaire de l'indépendance de l'île.

Les évêques estiment qu’il est temps de travailler résolument pour retrouver cette fraternité, «aujourd’hui blessée et déchirée par les luttes intestines et fratricides pour le pouvoir et par l’appât du gain, par les politiques de divisions, par les systèmes de profits effrénés et par les tendances idéologiques haineuses qui manipulent les actions et le destin de notre peuple». Ils appellent à privilégier, au nom de cette fraternité, la culture du dialogue comme chemin; la collaboration commune comme conduite; la connaissance réciproque comme méthode.

Poser des actes concrets pour un dénouement de la crise

La joie qu’apportent les fêtes de Noël et du Nouvel An sera encore plus grande si des actes concrets d’une résolution de la crise se manifestent, disent-il, à savoir: un consensus large et raisonnable entre les différents protagonistes de la crise, l’engagement des autorités à restaurer un climat de paix et à arrêter le trafic illégal des armes et des munitions, la fin de la violence, de l’insécurité et de l’impunité, le support concret et sans équivoque de la communauté internationale pour le désarmement et le redressement du pays. Ce sont là autant de prémices pour la renormalisation de la vie du peuple et du rétablissement des institutions démocratiques, déclarent les évêques haïtiens, qui exhortent le peuple haïtien, les élites du pays et tous les acteurs politiques à ne pas endurcir leur cœur, mais à écouter la voix du Seigneur.

Consentir plus d'efforts et de sacrifices

«Dans l’esprit de Noël, soyez prêts à consentir des sacrifices pour le bien de notre pays. Soyez vrais dans les résolutions à prendre, car seule la vérité vous rendra libres. En ce temps de Noël, nous vous invitons filles et fils d’Haïti à l’Espérance qui ne trompe pas et qui se nourrit dans la prière et la conversion», car «avec l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, nous pouvons nous reprendre à espérer et nous mettre à construire un monde dominé par la force du Bien», affirment les évêques.

En Haïti, les gangs contrôlent de nombreux quartiers de la capitale Port-au-Prince et font vivre un enfer aux habitants. Dans le pays, seulement cette année, au moins 3 960 personnes ont été tuées, 1 432 blessées et 2 951 kidnappées dans les violences liées aux gangs, a averti le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk.

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

Catégorie : Eglise monde

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