Cinq ex-dirigeants du Guatemala devant la cour d’assises de Louvain pour répondre de l’assassinat de missionnaires belges


Partager
Cinq ex-dirigeants du Guatemala devant la cour d’assises de Louvain pour répondre de l’assassinat de missionnaires belges
De gauche à droite : Walter Voordeckers
Par Clément Laloyaux
Journaliste de CathoBel
Publié le
3 min

Après plus de 20 ans d’enquêtes et démarches, le procès contre les responsables de l’assassinat de trois missionnaires Scheutistes au Guatemala vient de commencer à Louvain et durera probablement une dizaine de jours. Cinq hauts dirigeants guatémaltèques de la dictature militaire des années 80 sont sur le banc des accusés. Jean Peeters, lui-même prêtre Scheutiste, nous éclaire sur ce dossier et le procès "historique" qui s'ouvre.

De gauche à droite : Walter Voordeckers, Serge Berten et Ward Capiau. © Kerknet

"Les années 1980 ont été terribles pour le Guatemala, car après de longues années de souffrances la population s’était finalement révoltée contre une dictature militaire qui, en alliance avec les classes riches les exploitait," contextualise Jean Peeters, prêtre Scheutiste et ancien missionnaire en RDC. "Dans le contexte de la « guerre froide » anticommuniste, toute opposition au régime représentait pour les dirigeants corrompus, un « danger communiste ». Plus de 200.000 Guatémaltèques, principalement issus des classes populaires perdirent la vie." 

"Nos confrères Scheutistes soutenaient évidemment les populations paysannes", poursuit Jean Peeters, "et c’est ainsi que trois d’entre eux furent froidement assassinés probablement par les célèbres escadrons de la mort. Il s’agit de Walter Voordeckers, Serge Berten et Ward Capiaux."

Nos confrères de Kerknet rappellent les circonstances floues entourant leur mort. Le missionnaire de Turnhout Walter Voordeckers a été encerclé par des hommes armés le 12 mai 1980. Il a été abattu alors qu'il tentait de s'enfuir. Dans les deux années qui ont suivi, Serge Berten (29 ans) de Menen et Ward Capiau (31 ans) de Maarkedal ont également été assassinés. Leurs corps n'ont jamais été retrouvés. Les familles espèrent que ce procès permettra d'y voir plus clair.

Jean Peeters, prêtre scheutiste

"Leurs familles se sont d'ailleurs mobilisées pour essayer de faire justice en créant le Comité Guatebelga", rappelle Jean Peeters. "Ils ont même accompagné un Procureur belge dans le pays afin de récolter preuves et témoignage.

Après 20 ans d'enquête de la justice belge, et au total plus de 40 ans après les faits, la persévérance des familles des victimes et de l'asbl Guatebelga, qui a soutenu les parties civiles pendant tout ce temps, est enfin récompensée. Aujourd'hui s'ouvre le procès qu'elles attendaient depuis si longtemps. Cinq Guatémaltèques, ex-ministres et anciens hauts responsables de la police et de l'armée, sont jugés pour enlèvement, torture et meurtre.

C'est une première en droit pénal international que des chefs de l'armée, des services de renseignement et de l'establishment politique du Guatemala - tous très âgés aujourd'hui - soient renvoyés devant une juridiction pénale étrangère.

"Un quatrième Scheutiste a également perdu la vie", tient à rappeler notre interlocuteur, "mais lui, c’est au cours d’affrontements avec l’armée car il avait rejoint la guérilla en compagnie de son amie".

C.L. (avec VRT et Kerknet)


Dans la même catégorie