Un mois avant les festivités de Noël, Bethléem est une ville morte


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Un mois avant les festivités de Noël, Bethléem est une ville morte
Bethléem
Par Cath.ch
Publié le
5 min

Un mois avant les festivités de Noël, Bethléem, la ville de la Nativité de Jésus de Nazareth, vide de touristes, est complètement fermée. «Elle est devenue une prison à ciel ouvert. Personne ne peut entrer ni sortir», déplore le Père Ibrahim Faltas, vicaire de la Custodie franciscaine de Terre Sainte à Jérusalem. «Si cela continue, il n'y aura plus de chrétiens en Terre Sainte !»

Bethléem, le mur de séparation (photo Maurice Page 2014)

La sanglante guerre en cours à Gaza a des conséquences dramatiques pour la population de Bethléem. L'économie de Bethléem repose à 60-70 % sur le tourisme. 90 % des chrétiens sont employés dans ce secteur. L’année 2023 devait être une année de forte affluence, après la crise du COVID, mais la guerre a réduit à néant les attentes de la population, constate Marinella Bandini, sur le site internet de la Custodie de Terre Sainte.

Isolée depuis le 7 octobre 2023, Bethléem subit les prémices d’une crise économique et les incursions répétées de l'armée israélienne qui y fait des morts comme dans les autres grandes villes de Cisjordanie occupée, peut-on lire sur le site www.terresainte.net, une publication de la fondation Terra Santa.
Au-delà de la hausse des prix, l’économie de Bethléem repose sur trois sources de revenus, toutes coupées: l’arrêt du tourisme a vu les hôtels et les restaurants congédier leurs employés, les permis des 16’000 personnes qui travaillaient en Israël ont été révoqués, et l’Autorité Palestinienne n’a toujours pas payé les salaires de ses employés, souligne la fondation Terra Santa.

Un mois avant Noël, Bethléem est en proie à la peur

«La situation est terrible», poursuit de son côté le Père Faltas. «Les gens ont encore plus peur de sortir qu'au moment de la pandémie du COVID. Un mois avant Noël, Bethléem devait être pleine de pèlerins, mais malheureusement il n'y a personne et les habitants ont peur. Ils ne pensent pas à Noël, ils ne pensent qu'à s'enfuir d'ici.

«Il n'y aura plus de chrétiens si la situation continue ainsi», poursuit le vicaire de la Custodie, qui conclut par un appel: «Je demande à tous les puissants du monde: cessez le feu, pour l'amour de Dieu. Cessez le feu !»

Bethléem sans décorations de Noël

Les autorités municipales de la ville de la Nativité ont décidé de la dépouiller de ses décorations de Noël en solidarité avec ceux qui souffrent dans leur chair de la guerre qui fait rage depuis plus d’un mois et demi à Gaza et des victimes de la répression et des agressions de colons israéliens en Cisjordanie. Depuis le 7 octobre dernier, date de l’attaque terroriste contre les communautés frontalières de Gaza, qui a fait selon Israël 1.200 morts, la sanglante riposte israélienne a déjà fait, de source palestinienne, près de 15.000 victimes, dont quelque 6.000 enfants et plus de 4.000 femmes, sans compter 36.000 blessés, en grande majorité des femmes et des enfants.

Dans une note datée du 10 novembre, les Patriarches et les Chefs des Églises de Jérusalem également ont invité leurs fidèles à «être aux côtés de ceux qui sont confrontés à de telles afflictions, en renonçant cette année à toute activité inutilement festive. Nous encourageons également nos prêtres et nos fidèles à se concentrer davantage sur le sens spirituel de Noël, en gardant à l'esprit nos frères et sœurs touchés par cette guerre et ses conséquences, et en priant avec ferveur pour une paix juste et durable pour notre Terre Sainte bien-aimée».

Toutes les lumières seront éteintes à Noël

A la veille de l'Avent, le Frère Francesco Patton, Custode de Terre Sainte, fera son entrée annuelle à Bethléem. Cette année, elle sera toutefois moins solennelle: la présence des scouts sera réduite et la procession le long de Star Street ne sera pas accompagnée de musique, mais se déroulera dans une atmosphère de silence et de prière. La même chose se reproduira le 24 décembre avec l’entrée du Patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa.

Dans une Place de la Mangeoire inhabituellement vide, ainsi que dans les rues voisines, les électriciens démontent les décorations lumineuses. Cette année, il n'y aura ni grand sapin ni crèche. Les pas des frères franciscains, qui se rendent chaque jour en procession à la Grotte de la Nativité, résonnent dans une Basilique totalement vide. «A cette époque de l'année, les familles chrétiennes de Bethléem commencent généralement à se préparer à Noël, et les lieux de la naissance de Jésus sont remplis de pèlerins. Mais ce ne sera pas le cas cette année. Cette année, les chrétiens de Terre sainte fêteront seuls. Nous accueillerons Noël dans la douleur et la tristesse», déclare Lina, une chrétienne de Bethléem interrogée par Marinella Bandini.

La tentation de l’émigration

Dans les rues proches de la Basilique, les boutiques de souvenirs sont toutes fermées. Quelques commerçants ouvrent sur rendez-vous. La production est également à l'arrêt: on ne peut pas se permettre d'être dispendieux en sachant que la période de Noël est perdue et que les pièces resteront sur les étagères à prendre la poussière. L'incertitude de l'avenir plane sur tout.

Depuis le début de la guerre, les principaux points d'accès à Bethléem sont fermés et même les déplacements entre les différentes villes palestiniennes sont très compliqués à cause des checkpoints et des routes coupées. Cela a des répercussions sur la circulation ainsi que sur les prix des marchandises, y compris des produits de première nécessité. Beaucoup, même parmi les chrétiens, pensent à émigrer, surtout les plus jeunes: ici, ils ne voient aucune perspective pour fonder une famille et élever des enfants.

Israël a étudié un transfert en Egypte de la population de Gaza
L’inquiétude des Palestiniens est encore renforcée, quand ils peuvent lire, dans les médias israéliens, un document du ministère du Renseignement israélien qui appelle «au transfert de la population civile [de Gaza] dans des villes de tentes dans le nord du Sinaï, et dans un deuxième temps, à la construction de villes permanentes», avec l’indication qu’une fois en Egypte, les déplacés ne pourront plus jamais retourner sur leurs terres.

(cath.ch/tsm/custodie/vaticanews/plj/be)

Catégorie : International

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