Ce 3 décembre aura lieu la Marche pour le climat à Bruxelles. Cette année, l’Eglise de Belgique redouble d’efforts pour s’investir dans cette Marche et s’engager aux côtés de la société civile. Dans une lettre publiée ce 13 novembre, les évêques belges rappellent que "nous sommes appelés à prendre soin de notre maison commune" et invitent les chrétiens à se joindre à la Marche pour le climat. Une occasion de faire pression auprès des décideurs politiques, à quelques mois des élections belge et européenne.
Conscients que l’état de notre planète se dégrade et que ce sont les plus vulnérables qui en subissent les conséquences, l’Église catholique de Belgique ainsi qu’Entraide & Fraternité, comme bien d’autres organisations et citoyens, ont décidé d'élever leur voix. C’est pourquoi les évêques de Belgique invitent les croyants à se joindre à la Marche pour le climat, organisé le 3 décembre prochain à Bruxelles, et à porter dans leurs prières ce souci pour la maison commune. Certains évêques viendront grossir les rangs du cortège. Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, est le premier à avoir confirmé sa participation.
Le rendez-vous est donné à 12h30, à l’église Saint Roch de Bruxelles, pour un temps de prière. Pour ceux qui le souhaitent, une messe dominicale y sera célébrée juste avant, à 11h. Ensuite, les participants rejoindront ensemble la Marche qui commence à 13h à la gare du Nord.
ℹ️ Toutes les infos sur la mobilisation de l'Eglise sont à retrouver
sur le site maisoncommune.be
Prendre soin du "don reçu du Créateur"
Dans une lettre publiée ce lundi 13 novembre, portant l'intitulé on-ne-peut-plus-clair "Pourquoi les chrétiens participent aussi à la Marche pour le climat du 3 décembre 2023", les évêques de Belgique insistent sur "l'énorme défi" que constitue la crise climatique "pour toute l’humanité et, par extension, pour toute vie sur notre planète".
"Le pape François nous l’a rappelé le 4 octobre dernier dans son exhortation apostolique Laudate Deum", écrivent-ils, "de nombreuses espèces, dont la nôtre, seront menacées à moyen terme si nous n’agissons pas pour réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serre dans les années à venir."
Dans cette optique, certains des évêques participeront à la Marche pour le climat le 3 décembre 2023 à Bruxelles, "parce qu’en tant que chrétiens, nous sommes également appelés à prendre soin de notre maison commune, qui est pour nous un don reçu du Créateur." Ils rappellent que le changement climatique a un plus fort impact encore sur les groupes de population vulnérables, comme on a ainsi pu le constater lors des graves inondations juillet 2021, où "ce sont surtout les quartiers populaires qui ont été les plus touchés".
"En participant comme chrétiens à la Marche pour le climat, nous répondons au commandement d’aimer notre prochain et à l’invitation du Christ à le reconnaître dans les pauvres."
Évêques de Belgique, 13 novembre 2023
Agir seul, c'est bien ; à plusieurs, c'est mieux !
Il existe de nombreuses façons de s'engager dans la lutte contre le changement climatique. "Nous pouvons et devons, bien sûr, agir personnellement" pointent les évêques de Belgique, "mais comme l’écrit le pape François, il faut être sincère et reconnaître que les solutions les plus efficaces viendront [...] avant tout des grandes décisions de politique nationale et internationale".
Comme le notent les évêques, c'est d'ailleurs François en personne qui, dans son exhortation apostolique 'Laudate Deum', appelle avec insistance à participer à des mouvements citoyens : "Les revendications qui émergent d’en bas partout dans le monde, où les militants des pays les plus divers s’entraident et s’accompagnent, peuvent finir par exercer une pression sur les facteurs de pouvoir".
"C’est pourquoi nous appelons tous les croyants à inclure cette préoccupation pour notre maison commune dans leurs prières et c’est aussi la raison pour laquelle de nombreux chrétiens participeront à la Marche pour le climat le 3 décembre", concluent les évêques de Belgique.
Retrouvez ici l'intégralité de la lettre des évêques de Belgique
La Coalition Climat veut peser sur les élections
Les organisateurs de la Marche sont 'Coalition Climat', une asbl nationale qui réunit plus de 90 organisations de la société civile belge. Parmi celles-ci, l'on retrouve notamment la Mutualité Chrétienne, la Confédération des syndicats chrétiens (CSC), le Conseil de la Jeunesse catholique, Ecokerk, ainsi qu'Entraide et Fraternité.
Les deux missions qu'ils poursuivent sont, premièrement, faire pression auprès des décideurs politiques pour des mesures fortes et, parallèlement à cela, mobiliser un large public pour une société juste et respectueuse du climat.
Parmi leurs faits d'armes : la Marche pour le climat, organisée chaque année à Bruxelles. Une mobilisation de poids, à l'adresse des décideuses et décideurs politiques, afin d' "exiger des décisions politiques fortes dans tous les secteurs concernés et pour chaque situation, afin que nous puissions tous être acteurs de la transition."
"Tous nos efforts doivent être amplifiés, systématisés, rendus systémiques par le monde politique et économique. Et cela doit arriver maintenant!"
Coalition Climat, en vue de la Marche du 3 décembre 2023
Le message que portera la Marche pour le climat cette année est : "Chaque dixième de degré compte." "Car chaque 0,1°C de degré de réchauffement en moins c’est: plus de biodiversité, plus d’égalité, de meilleurs jobs, plus d’air pur, moins de vagues de chaleur, moins d’inondations,…" avancent les organisateurs de la Marche. En résumé, "chaque dixième de degré gagné c’est un meilleur avenir et un monde moins difficile à vivre pour nous, nos enfants et leurs enfants."
En vue des élections de 2024, Coalition Climat a dressé 17 priorités émanant de différents groupes de travail. "La prochaine législature est notre dernière chance pour aligner les objectifs belges et européens sur l’Accord de Paris et limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C" préviennent-ils. "Cette transition ne va pas de soi, elle requiert un changement de paradigme profond."
Parmi ces priorités :
- Une transition juste : "Un pilier fondamental des politiques climatiques. Celles-ci ne peuvent se concevoir sans une réflexion concrète sur leurs impacts économiques et sociaux pour les travailleurs et travailleuses qui subiront des conséquences de la transition. Elle est moteur de cohérence et de cohésion sociale à tous les niveaux."
- Plus de place à la nature : "Mettre en place une politique qui limite l’artificialisation des sols et réduit les surfaces imperméables, notamment via un “stop béton” volontariste et socialement juste pour 2030."
- Une réforme fiscale : "Indispensable pour que les épaules les plus larges contribuent à leur juste part et pour générer les recettes nécessaires pour investir dans la transition." Parmi les outils de politique environnementale proposés par la Coalition Climat : la fiscalité environnementale et l’application du principe «pollueur-payeur».
- Faire de Belfius une banque climatique : "Une stratégie de financement active initiée par les pouvoirs publics est indispensable. Il faut donc également lever le tabou au sujet de Belfius et utiliser cette banque (100 % propriété de l’État fédéral) comme fer de lance d’une vague d’investissements sociaux et écologiques".
Retrouvez ici les autres recommandations faites par la Coalition Climat.
Le Conseil œcuménique des Eglises demande que l'on verse "100 milliards $ par an au Fonds vert pour le climat"
Réuni à Abuja, au Nigeria, du 8 au 14 novembre, le Comité exécutif du Conseil œcuménique des Églises (COE) a publié une déclaration concernant la responsabilité de la COP28 en matière de justice climatique.
«En ces temps d’urgence climatique, il est essentiel que la COP28 s’attelle avec courage à l’industrie des combustibles fossiles et à sa responsabilité à l’égard de l’humanité et de la planète", peut-on lire dans la déclaration. "La COP28 joue un rôle crucial pour l’avenir de cette planète vivante, notre maison commune, ainsi que pour nos enfants et les générations futures.»
Plus loin, le Comité exécutif appelle à plus de justice concernant les questions climatiques pour les nations et les communautés vulnérables et à revenu faible. «Cela suppose de garantir de nouveaux financements supplémentaires en quantité suffisante et de manière prévisible pour compenser les pertes et dommages économiques ou autres que subissent principalement les pays vulnérables et à revenu faible – des pertes et dommages dont le montant devrait atteindre entre 150 et 300 milliards de dollars par an à l’horizon 2030. Les financements en question devront être mis à la disposition des communautés lésées.»
Le COE appelle également la COP28 à mettre rapidement en place un système de financement qui donnera aux nations et aux communautés vulnérables une chance de s’adapter aux conséquences des changements climatiques: «Cette COP devra au moins honorer la promesse de verser 100 milliards de dollars par an au Fonds vert pour le climat. Les financements devront être accordés en fonction des besoins, dans les proportions requises, et prendre la forme de subventions plutôt que de prêts.»
Retrouvez ici l'intégralité de la déclaration du COE
Lire aussi nos articles sur l'exhortation Laudate Deum du pape François :
Sans langue de bois, François appelle à la mobilisation devant les « réactions insuffisantes »
Edito – François, les laïcs et notre Maison commune
« Cette fois, il y a urgence ! » : Réactions à la publication de « Laudate Deum »
Clément Laloyaux (avec CP)
