Opinion – Indignation à géométrie variable ?


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Opinion – Indignation à géométrie variable ?
Par La rédaction
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La guerre entre Israël et le Hamas engendre des niveaux d’indignation différents dans le "camp occidental" et le "Sud global", observe Jean-Pol Benoit, professeur de religion catholique retraité.

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En février 2022, au mépris du droit international, la Russie décidait d’envahir l’Ukraine et a commis, depuis lors, de nombreux crimes de guerre. Le "camp occidental" s’est empressé d’imposer de lourdes sanctions économiques à la Russie et de fournir des armes à l’Ukraine. Au niveau de ce que l’on appelle maintenant le "Sud global", il y a eu aussi de nombreuses condamnations de l’invasion russe, mais très peu de sanctions économiques. Le 7 octobre dernier, le Hamas commettait sur le sol de l’état d’Israël des actes terroristes d’une violence inouïe. Ces faits ont provoqué aussi un niveau d’indignation très variable entre le "camp occidental" et le "Sud global".

Depuis le 7 octobre, Israël a décidé de bombarder massivement la bande de Gaza: on a entendu et on continue encore à entendre dans le "camp occidental", un discours parfois ambigu: certains ne sont pas loin de penser que les civils, dont de nombreux enfants, qui meurent sous les bombes, sont privés de nourriture ou de soins, sont en quelque sorte les "victimes collatérales" inévitables d’une opération de légitime défense par rapport à l’agression du Hamas. On tergiverse pour demander un cessez-le-feu.
Depuis de nombreuses années, le "camp occidental" ferme les yeux sur la politique de colonisation menée par Israël et sur le fait qu’il ne respecte pas les résolutions de l’ONU qui le concernent. On condamne régulièrement du bout des lèvres, mais il n’y a pas ou peu de sanctions.
S’il existe des valeurs universelles, s’il existe un droit international, pourquoi ne pas exiger qu’il soit respecté partout, tout le temps et par tout le monde?

Deux pistes pour sortir du conflit

Comment en sortir? Deux pistes:

1) Cultiver l’optimisme envers et contre tout, notamment en relisant certains faits historiques encourageants. Malgré l’horreur des camps de concentration, l’Europe a été capable de construire une longue période de paix. Et en 1993, Rabin et Arafat se sont serré la main: on est passé à l’époque très près d’une solution. Ce sont les extrémistes des deux camps qui ont fait échouer le processus.

2) Changer de politique dans les deux camps. Le peuple palestinien devrait cesser de confier son destin à une organisation terroriste comme le Hamas qui veut détruire Israël. Et le peuple israélien devrait cesser de confier son destin à des gouvernements où siègent des extrémistes qui dénient au peuple palestinien le droit de disposer d’un véritable Etat. Dans les deux camps, il existe des femmes et des hommes qui sont d’accord pour négocier une solution à deux Etats. Le drame actuel peut être l’occasion pour eux de se faire davantage entendre et d’être reconnus et soutenus au niveau international.

Dans l’Evangile, Jésus apparaît comme un homme qui s’est beaucoup indigné par rapport aux injustices de son temps, mais son indignation ne semble pas avoir été à géométrie variable. Et surtout il ne s’est pas laissé piéger par le cercle vicieux et mortifère de la violence. Il aurait pu, il ne l’a pas fait. Et après sa mort, ses amis ont continué son projet. Les chrétiens, avec tous les hommes de bonne volonté, ont un rôle à jouer dans les conflits violents qui secouent le monde. Ne doutons pas de la "force de construction massive" qu’est l’Amour (agapé): "Vouloir que l’autre vive, qui qu’il soit et quoi qu’il (nous) ait fait" (définition que j’emprunte à Myriam Tonus).

Catégorie : L'actu

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