Opinion – Les responsables de l’Eglise écoutent-ils vraiment la base ?


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Opinion – Les responsables de l’Eglise écoutent-ils vraiment la base ?
Par La rédaction
Publié le
4 min

Les difficultés actuellement rencontrées par l’institution ecclésiale peuvent déboussoler certains fidèles. C’est le cas de Roland Deleu, laïc engagé. Dans une brochure qu’il vient de publier, il plaide pour des réformes profondes.

Depuis tout un temps, par des contacts, des rencontres et une réflexion profonde, je me pose énormément de questions concernant l’avenir de notre Eglise et surtout sur la poursuite de la transmission du message du Christ, de l’Evangile… Ce qui est pour moi le plus important parce que cette Parole peut vraiment aider l’humanité par son message de paix et d’amour fraternel. Oui, notre Dieu est un Dieu de tolérance et de solidarité à l’opposé de ces faux dieux fabriqués de toutes pièces par toutes sortes d’intégristes semant la haine, la violence, la guerre.

Coup de crosse et synodalité

Nul ne peut nier que notre Eglise connaît une crise profonde qui bouscule toute sa structure basée encore trop souvent sur le pouvoir et le rejet d’une adaptation indispensable par rapport à la réalité de nos sociétés occidentales et autres. D’énormes résurgences ou séquelles du passé empêchent encore et toujours une évolution de l’Institution afin de mieux se faire comprendre et accepter auprès des femmes et des hommes aujourd’hui. Les résultats du dernier synode en est un exemple. Je suis en droit, comme bien d’autres chrétiens, de me poser quelques questions à propos de cette "synodalité", un mot à la mode pour l’instant. D’abord, est-ce que cette démarche synodale est bien comprise par tous les fidèles? Est-ce que les responsables ecclésiastiques écoutent vraiment les gens de la base encore engagés au service de leur foi dans les communautés? Je pense que l’on est loin du compte! Trop souvent, ce genre de réunions et leurs résultats passent au-dessus de la tête des fidèles et les découragent… Ou alors, ils lèvent les épaules dans une totale indifférence.
De plus, lorsque des fidèles engagés au service de l’Evangile osent publier leurs propositions pour des changements dans leur institution, ils sont parfois désavoués par leur évêque… Le fameux coup de crosse!

Un souffle nouveau

Des questions fondamentales, des mesures indispensables devraient être prises, mais on préfère continuer comme avant ou remettre ces questions aux calendes grecques ou presque! Prenons la question de la place de la femme dans l’Eglise. Ce problème est une injustice lancinante dont la solution pourrait apporter un souffle nouveau dans notre Eglise. Evidemment, pareil changement chambarderait tout le système actuel, mais cela me semble une évidence que les femmes doivent prendre de plus en plus de responsabilités dans l’Eglise; c’est urgent car c’est une question de survie de cette institution… Encore faut-il que des femmes acceptent d’entrer dans le fonctionnement toujours entre les mains des hommes…

L’hypocrisie des relations cachées

Une autre question toujours latente est celle du célibat des prêtres. Cette règle imposée dans l’Eglise (à part quelques exceptions qui m’interpellent vraiment!) pose de vrais problèmes à beaucoup de prêtres qui ne parviennent plus à la respecter et vivent dans l’hypocrisie avec des relations sentimentales cachées… Ce sont des drames pour le prêtre et pour le partenaire. Il faut cesser de proclamer que le célibat des prêtres est un "don de Dieu", comme le disait Paul VI et encore notre pape François. C’est peut-être vrai lorsque ce don est librement consenti! Notre Eglise a toujours ce penchant de considérer le célibat comme une valeur essentielle en sous-estimant celle du mariage qui, pour moi, reste une source d’équilibre pour l’homme et la femme en plus de la participation à l’œuvre du Seigneur. Encore aujourd’hui, dans les lectures aux offices, je retrouve des textes de saint Paul qui choquent les fidèles et les gens. Ces personnes ne sont pas des exégètes pour situer ces lectures dans le contexte de l’époque de Paul! Pour moi et beaucoup de chrétiens, le mariage du prêtre ne pose aucun problème, mais je ne crois pas que cette mesure augmentera le nombre de prêtres. Nos séminaires sont vides, ou presque, et les ordinations battent un triste record d’amoindrissement… C’est un gouffre qui se présente pour l’avenir du sacerdoce qui, il faut bien l’admettre, ne rencontre plus d’intérêt auprès des jeunes.

Le risque d’effondrement

Comme beaucoup, je suis vraiment triste et écœuré par rapport à tous ces abus sexuels, financiers et autres… Abus de ce cléricalisme que dénonce notre pape François et qui horrifie les gens, les chrétiens qui se taisent tellement ils sont estomaqués! Il faut que cela cesse au nom de l’Evangile et de notre Seigneur.

La vie dans les paroisses, petites et moyennes, est menacée ou nulle en raison du manque de prêtres ou d’animateurs laïcs dans l’organisation et les célébrations, et il est vraiment impératif de donner des mandats pastoraux aux laïcs pour éviter ces déserts. Déserts comblés en partie par la présence de prêtres venus d’ailleurs qui font de leur mieux pour maintenir un service dans les paroisses. Mais, pour moi, cette situation risque de s’effondrer à moyen terme.

Pour aller plus loin: Roland Deleu, Quo Vadis. Où vas-tu, Eglise du Seigneur?, 2023. Brochure à commander auprès de l’auteur, via courriel à : deleu.rol@gmail.com


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