L’Église en Allemagne doit cesser de « chercher le ‘salut’ dans de nouvelles instances et d’aborder toujours les mêmes thèmes avec un certain égocentrisme », affirme le pape François dans une lettre envoyée le 10 novembre 2023 à des laïques allemandes et publiée par le quotidien Die Welt le 21 novembre. Il critique la mise en place récente d’un « comité synodal » par les évêques allemands.
D'un côté, quatre Allemandes, anciennes déléguées du Synode en Allemagne, avaient adressé début novembre une lettre au Saint Père pour lui faire part de leurs doutes et de leurs craintes quant aux résultats du processus synodal allemand conclu ces derniers mois. De l'autre côté, le pape François leur répond: "des parties de cette Église locale continuent de menacer de s'éloigner de plus en plus du chemin commun de l'Église universelle".
François a mis sur papier ses appréhensions déjà exprimées en d'autres occasions. Cette lettre s'adresse à la théologienne morale Katharina Westerhorstmann, à la théologienne Marianne Schlosser, à la philosophe Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz et à la publiciste Dorothea Schmidt. Ces échanges portent sur le Chemin synodal allemand, un processus qui a abouti à une série de documents votés au printemps dernier.
Le comité synodal allemand déjà recalé par le Vatican
Ce parcours synodal Outre-Rhin a permis la participation de 230 délégués, dont des évêques, des prêtres, des laïcs et des laïques, répartis en groupes de travail. Il s'est concentré sur la discussion de sujets et de questions tels que la bénédiction des couples de même sexe, les changements dans la moralité sexuelle, le célibat des prêtres, le pouvoir clérical, la lutte contre le mal des abus, le rôle des femmes, avec un accent particulier sur le diaconat féminin et la possibilité de l'ordination sacerdotale des femmes. Tous ces thèmes ont été repris dans les quatre documents présentés en mars dernier.
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Les quatre anciennes déléguées du Synodale Weg sont particulièrement préoccupés par l'idée de créer un comité synodal «visant à préparer la mise en place d'un conseil d'orientation et de décision». François dans sa lettre, souligne qu'un tel organe "sous la forme décrite dans le texte de décision, ne peut être harmonisé avec la structure sacramentelle de l'Église catholique". Il rappelle ensuite que sa constitution "a été interdite par le Saint-Siège dans une lettre datée du 16 janvier 2023, que j'ai approuvée sous une forme spécifique", écrit le Pape.
S'intégrer dans le synode de l'Eglise universelle
Le courrier envoyé par le pape rappelle également sa Lettre au peuple de Dieu sur le chemin synodal en Allemagne, publiée le 29 juin 2019. Dans ce document d'une dizaine de pages divisées en treize points, l'évêque de Rome appelait les responsables de l'Église en Allemagne à être sur la bonne voie, celle de l'Évangile, sans transcender les dérives fonctionnalistes, ou le réductionnisme idéologique.
Dans cette lettre également citée dans la déclaration du Saint-Siège du 21 juillet 2021, il est précisé que la voie synodale ne peut pas prendre de décisions doctrinales. C'est-à-dire qu'elle n'a pas «le pouvoir d'obliger les évêques et les fidèles» à «de nouveaux modes de gestion et de nouvelles approches de la doctrine et de la morale», précise le texte, qui conclut avec l'espoir que les propositions en Allemagne puissent être intégrées dans le chemin synodal de l'Église universelle.
Prière, pénitence et ouverture aux frères
Rappelant son important document, le Pape écrit dans sa lettre aux quatre femmes allemandes: «Au lieu de chercher le "salut" dans des comités toujours nouveaux et, avec une certaine autoréférentialité, de discuter toujours des mêmes questions, j'ai voulu, dans ma Lettre au peuple de Dieu qui est en chemin en Allemagne, rappeler la nécessité de la prière, de la pénitence et de l'adoration et inviter à s'ouvrir et à aller à la rencontre de nos frères et sœurs, en particulier de ceux qui sont abandonnés sur le seuil de nos églises, dans les rues, dans les prisons et les hôpitaux, sur les places et dans les villes». «J'en suis convaincu: c'est là que le Seigneur nous montrera le chemin», déclare le Pape François.
Il conclut en remerciant Katharina Westerhorstmann, Marianne Schlosser, Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz et Dorothea Schmidt pour leur travail théologique et philosophique et pour leur «témoignage de foi»: «Continuez à prier pour moi et pour notre souci commun de l'unité», leur dit François.
AF de Beaudrap (avec Vatican News et Cath.ch)