"C’est toujours un défi énorme de faire entendre les voix des communautés affectées directement par les changements climatiques." Josianne Gauthier dresse ce constat au moment de prendre le départ pour la COP28 à Dubaï. La secrétaire générale de la CIDSE, famille internationale d'organisations catholiques œuvrant pour la justice sociale, en énumère les enjeux.

CC BY-NC-ND 2.0 ©EU/ECHO/Anouk Delafortrie
"Nous serons présents sur place, avec une délégation du secrétariat et avec nos membres aussi", explique Josianne Gauthier. L'enjeu est important: travailler à renforcer la coordination des acteurs catholiques et permettre ainsi une mise en commun des positions et événements. Par le témoignage de la secrétaire générale de la CIDSé, nous comprenons aussi l'existence d'un espace "inter-faith" dans laquelle la coupole CIDSE est présente et active.
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Aux yeux des organisations membres, quelle est l’importance de la COP28 ?

Josianne Gauthier: "Chaque rencontre de la COP [conférence des Nations unies sur les changements climatiques] a son importance. Avec le temps qui passe, l’urgence d’agir devient de plus en plus pressante. On voit déjà les dommages importants des changements climatiques, sur les vies des personnes et sur multiples pays. Nous approchons un point de non-retour.
Même si la COP est un moment précis, et qu’il faut travailler à l’année longue à toute occasion possible pour soulever les enjeux climatiques, La COP demeure le seul espace politique mondial où décideurs et leaders de partout au monde se rassemblent autour de ces questions. De plus, l’accord de Paris, quoique limité est notre seul et meilleur instrument pour garantir une action concrète pour avancer la justice climatique. Il faut continuer à le promouvoir pour le voir mis en œuvre.
Qu'attendez-vous de cette COP28 à Dubaï?
Nos attentes sont limitées en termes de résultats car le contexte n’est pas facile, mais nous voulons surtout soulever quelques points qui sont critiques pour nous dans l’avancement de nos objectifs collectifs. Nous allons porter une attention particulière sur la mise en place du fonds pour les pertes et préjudices, le bilan mondial sur les engagements des états, la réforme des systèmes agroalimentaires et les fausses solutions qui en émergent, et enfin l’élimination progressive des énergies fossiles.
Prendre connaissance de la déclaration des chefs religieux autour des pertes et préjudices (voir le PDF)
Que pensez-vous du fait que cette conférence sur les changements climatiques ait lieu à Dubaï ?
Comme tout le monde, nous avons été surpris et considérons ce choix comme inquiétant. On parle d’une région qui est encore surtout guidée par ses intérêts pétroliers, dont l’économie est largement fondée dans l’exploitation d’énergies fossiles. De plus, Dubai n’est pas particulièrement accessible pour la société civile, ni géographiquement, ni financièrement et implique que les participants voyagent par les airs, et donc une empreinte écologique importante.
La présence du Pape ajoute du poids à la participation du Saint Siège dans les négociations.
Josianne Gauthier, secrétaire générale de la CIDSE
Le pape François compte participer à la COP28 à Dubaï. Qu’est-ce que ça représente ?
Le Pape se montre de plus en plus impliqué directement. Laudate Deum est encore une fois un témoignage du Saint-Père sur l’urgence de changer de chemin et d’accélérer nos engagements audacieux et ambitieux pour renverser la tendance actuelle. Sa présence* peut nous rappeler qu’il s’agit d’une question morale avant tout, de protéger la vie, la biodiversité, la richesse des cultures humaines.
Lire aussi dans Dimanche (n°43, du 3 décembre 2023): "le pape François à la COP28, Un voyage "climatique" et diplomatique"
Le Saint-Siège est une partie signataire de l’Accord de Paris maintenant et la présence du Pape renforce ce rôle – et ajoute du poids à leur participation dans les négociations. Aussi, le fait qu’il rencontrera des leaders politiques ne peut qu’aider dans la prise au sérieux de cette rencontre et de l’urgence d’agir et de nous convertir et transformer nos systèmes économiques, sociaux, alimentaires et politiques pour pouvoir répondre à cette crise complexe planétaire."
Recueilli par Anne-Françoise de Beaudrap
* Mise à jour ce 29 novembre: un communiqué du Saint Siège informe que le pape annulation son voyage à Dubaï sur la recommandation de ces médecins. Les modalités de la participation du Saint-Siège à la Conférence restent encore à définir.