Qu’a mis en place l’Eglise catholique pour écouter, accompagner et dédommager les victimes ces dernières années? Quelles ont été les sanctions pour les prêtres abuseurs? Pierre Bernard, coordinateur des points de contact pour la Belgique francophone et Christophe Herinckx, théologien et journaliste de CathoBel répondent à ces questions dans Il était une foi.

Il était une foi – Quelles réponses aux abus dans l’Eglise?
Emission diffusée dimanche 15 octobre 2023 sur La Première
Présentation et réalisation: Manu Van Lier
Le 5 septembre, la chaine de la VRT Canvas a débuté la diffusion de Godvergeten, un documentaire en 4 parties qui donne la parole à vingt victimes d’abus sexuels commis par des prêtres et des pères catholiques en Flandre. Ce documentaire et les témoignages des victimes sur leur vécu et leurs souffrances a ravivé, dans tout le pays, l’indignation face à ces actes d’une gravité extrême. « L’émoi suscité par ce documentaire a surpris tout le monde parce que personne ne s’attendait à ces choses qu’on n’avait jamais vues ou entendues sur les abus dans l’Eglise » observe Christophe Herinckx. « Les téléspectateurs ont été véritablement en prise avec l’horreur de ce que ces victimes ont subi. L’onde ce choc a été très forte et à la suite de cela, l’Eglise a été prise à partie dans les médias et par les politiques. »
« La commission parlementaire sur les abus sexuels a travaillé en étroite collaboration avec l’Eglise », rappelle Pierre Bernard, coordinateur des points de contact pour la Belgique francophone. Un centre d’arbitrage a été mis sur pied, mais certaines victimes préféraient ne pas s’adresser à celui-ci. C’est alors que les points de contact ont été créés avec l’objectif d’écouter et d’accompagner les victimes. « Je crois que les victimes demandent avant tout à être entendues. »
« Il y a des choses qu’on n’a pas dites »
Mgr Guy Harpigny, l’évêque de Tournai qui est référent pour la partie francophone sur les dossiers d’abus insiste sur l’aide à apporter aux victimes: « Chaque fois que des victimes se manifestent, il faut vraiment être à l’écoute et décider soi-même qu’on va faire quelque chose pour que ça ne se reproduise pas. Ces victimes doivent être aidées par tous les moyens. » « L’Eglise n’a-t-elle pas fait assez? » lui demande Vincent Delcorps, directeur de rédaction de CathoBel. « Bien sûr qu’elle n’a pas fait assez puisque ces victimes sont toujours là sans avoir eu une solution à leurs questions. L’Eglise a fait beaucoup grâce à la commission spéciale de la Chambre et à ce qui a suivi mais en même temps il y a aussi des choses qu’on n’a pas dites, on aurait dû, à propos des abuseurs présumés. » L’évêque évoque dans ce sens les reconductions à l’état laïc, la prévention, un conseil de supervision ou les indemnisations.
Pour Pierre Bernard, les témoignages de Godvergeten « rejoignent ceux des victimes que l’on écoute aux points de contact. C’est toujours quelque chose d’extrêmement prenant d’écouter le vécu des victimes qui ont été abimées pour la vie. » Il estime bénéfique que des émissions donnent la parole à des victimes qui peuvent expliquer ce qu’elles ont vécu. Pierre Bernard appuie aussi les propos de Mgr Harpigny: « Même si ce sont des faits anciens, ils ont été commis sur des enfants et ça reste marqué au fer rouge. Par conséquent, il faut absolument réagir avec le plus de moyens possibles ».
M.V.L.