
Face aux événements qui touchent Israël et la Palestine depuis le 7 octobre, nous pourrions être tentés de détourner les yeux. De ne pas regarder. D’aller voir ailleurs… Peut-être parce qu’on n’aime pas trop observer des images de violence. Ou parce que celle-ci nous fait peur… Peut-être aussi parce que nous sommes lassés de ce conflit. Dont nous entendons parler depuis que nous sommes jeunes. Et dont nous entendrons sans doute parler pendant des années encore…
Nous aurions pourtant tort de ne pas nous intéresser à ce qui se passe là-bas. Pas seulement parce que les scènes de violence auxquelles nous assistons aujourd’hui atteignent une intensité hors du commun. Pas seulement, non plus, parce que nous sommes nombreux à avoir un attachement particulier avec cette terre d’exception. Pour deux autres raisons aussi.
1) Le conflit israélo-palestinien nous rappelle ce qu’est la paix – et ce qu’elle n’est pas. La paix n’est pas seulement l’absence de guerre. Elle ne présuppose pas davantage l’absence de désaccord. La paix est la construction, toujours fragile, d’un dialogue respectueux dans lequel chacun tient compte du point de vue de l’autre. La paix nécessite aussi de tenir compte du passé. De ne pas croire qu’on pourrait l’effacer. Mais de tâcher de le dépasser, en s’engageant sur des chemins de réconciliation. Si une grande partie du continent européen vit en paix depuis près de 80 ans, c’est parce que ceux qui s’étaient fait la guerre durant des décennies, Français et Allemands en tête, osèrent un jour s’engager sur ces sentiers. Et aujourd’hui, c’est autour de tables de négociation qu’ils se disputent, parfois âprement…
2) Le conflit israélo-palestinien est aussi (un peu) le nôtre. De près ou de loin, bien des nations ont été – et sont impliquées – dans le devenir de ce territoire. Aujourd’hui, lovés dans notre confortable distance, il nous arrive de reprocher aux uns ou aux autres de ne défendre que leurs propres intérêts. Mais ne faisons-nous pas la même chose, par exemple lorsque nous vendons des armes aux belligérants? Gardons aussi à l’esprit qu’un conflit local peut aujourd’hui avoir des répercussions planétaires. Ces derniers jours, plusieurs campus américains se sont embrasés autour de ce conflit. Comme une façon de nous rappeler que rien de ce qui se déroule au Proche-Orient ne nous est véritablement étranger.
Vincent DELCORPS