Rompre l'isolement des aînés, c'est la mission que mène l'association Bras dessus Bras dessous (BDBD) à Bruxelles et en Wallonie. Malgré le succès de ses activités, BDBD doit aujourd'hui faire face à des difficultés financières qui mettent en péril le maintien des antennes de Rixensart et Nivelles.
Bras dessus Bras dessous met en contact des personnes âgées de plus de 60 ans, vivant à domicile et exprimant un sentiment de solitude et/ou d'isolement social, avec des voisin·e·s plus jeunes souhaitant passer un peu de temps au gré des disponibilités et des affinités. Des volontaires accompagnent les personnes âgées pour des activités diverses comme des repas collectifs, des visites à domicile ou des partages de livres.
Bras dessus Bras dessous ce sont 700 voisin.es, 380 aîné.es et 200 duos
En Wallonie, comme à Bruxelles, les personnes isolées reçoivent la visite d’un bénévole qui leur apporte un petit colis avec quelques dégustations, un petit courrier ou un dessin d’enfant. 'Le colis est un prétexte pour un temps avec les aînés et papoter" explique Céline Remy, la fondatrice et coordinatrice générale de Bras dessus Bras dessous." Lors d'un reportage réalisé pour l'émission Il était une foi, fin 2020, Marianne, une bénévole de l'antenne bruxelloise nous confiait: "J'adore ces visites. Je trouve que les aînés ont beaucoup de choses à nous transmettre et je n'aime pas l'idée qu'on mettre ces personnes sur le côté alors qu'elles ont tant de choses à nous partager." Marianne, qui déborde d'énergie, a appris à prendre le temps pour la rencontre: "avec les personnes âgées, le monde est plus calme, plus au ralenti. On doit se poser et parfois parler un peu plus fort pour bien se faire comprendre" avoue-t-elle en riant.
Même si ce réseau fonctionne grâce au bénévolat, il repose néanmoins sur une structure stable qui engendre des coûts de fonctionnement (principalement les frais de salaire des chargé.es de projet qui font vivre chaque antenne au quotidien). Ceux-ci sont supportés à la fois par des fonds publics et privés. L'association se donne jusqu’au 1er novembre pour lever les fonds manquants en 2023 mais aussi pour pouvoir commencer sereinement 2024. "Si nous n’y parvenons pas, nous serons obligés de fermer les antennes de Rixensart et de Nivelles, soit un réseau de 170 voisin.es dont 95 aîné.es accompagné.es. Nous sommes attristés d’en arriver à de telles décisions alors que ce projet de voisinage solidaire démontre au quotidien son réel impact positif sur les bénéficiaires, tant sur leur bien-être physique que mental."
Pour soutenir le projet ou faire un don, rendez-vous sur brasdessusbrasdessous.be
Adoucir la solitude
Anne-Marie, bénévole à Nivelles partage son expérience: « Bras Dessus Bras Dessous c’est des bénévoles, des aînés , des duos qui se rencontrent régulièrement, des activités comme des goûters, des repas de Noël tous ensemble. Tout cela ne pourrait pas avoir lieu sans le travail d’une responsable d’antenne salariée. En effet, un aîné en demande d’adoucir sa solitude doit pouvoir trouver une personne à contacter. Une personne qui viendra les voir, évaluer ses besoins et la mettre en contact avec un ou une bénévole. De même une personne qui désire devenir bénévole doit pouvoir s’adresser elle aussi à une personne de contact. Une fois les contacts pris, il faut analyser qui mettre en contact avec qui pour créer des duos. Ceci en fonction de points d’intérêts communs. Enfin assister à la première rencontre, assurer un suivi pour voir si tout va bien et si le duo s’ épanoui. Egalement organiser des activités communes, des réunions entre bénévoles (intervision) ou chacun peut s’exprimer et donner des nouvelles de son duo. Une équipe de bénévoles est là mais sans une personne qui centralise tout cela l’antenne ne peut pas se maintenir."
Briser la solitude pour continuer à vivre dans sa maison
Denis, un bénéficiaire de BDBD se demande si sur le plan financier, l’action de BdBd n’est pas moins couteuse pour la société qu’un placement en maison de repos. MRS. Il livre un témoignage personnel très touchant :
« Lorsque les amours, par les accidents de la vie, nous ont quittés. Que les ans sont passés, et que le monde nous laisse au bord du chemin. La solitude prend tout notre temps. Et la faiblesse du corps nous pèse jour après jour. Alors vient l’inquiétude avec l’insécurité physique, l’insécurité médicale et la perte de tous liens sociaux. Aujourd’hui les enfants et petits-enfants, pris dans les courants du monde, s’éloignent. Plus de contact, les téléphones restent sans nouvelles. Solitude !
La déchéance nous guette comme un animal tapi au bord de nos chemins. A quoi bon, pour qui, pour quoi ? Des idées sombres encombrent la tête au point qu’au-delà du seuil de la maison. Plus rien, ne nous intéresse. Combien sont-ils ou elles, abandonnées de tous, ayant perdu toute dignité ? Qui meurent dans l’anonymat, oubliés et seules. Que l’on découvre plusieurs jours plus tard par hasard.
Vient la question du choix entre quitter sa maison qu’on habite depuis cinquante ans, ou se réfugier dans une petite chambre de maison de retraite de 15 m². C’est le début de la fin, la dernière étape, rupture totale, isolation. N’y a-t-il pas d’autres solutions pour rester dans sa maison et la dignité ? Briser la solitude ? Recevoir des réponses aux nombreuses questions sur la vie, sur la mort ? Organiser la survie chez soi ?
Oui, cela existe me dit une voix sympathique. Il y a Bras dessus Bras dessous (BdBd) qui propose une personne bénévole capable de venir en aide pour diverses questions d’ordre domestique et privée. Il y a l’organisation de petits gouters entre personnes isolées et les bénévoles. Des conférences ou des ateliers « café blabla », promenades, sinon chants ou petites fêtes entre nous.
C’est bien préférable à une maison de retraite, c’est faire de mon chez moi une bonne maison de retraite où je peux accueillir les bénévoles qui viennent me visiter, voire mon jardin, m’écouter avec patience et me conseiller. BdBd est une belle initiative qui permet à chacun de rester debout, surtout debout. Veiller à sa santé, à sa tenue, gérer ses biens sans négligence et continuer la vie dans un climat d’amour. Car l’Amour, c’est la Vie. »
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