« Accueillons le flambeau de l’espérance » : la déclaration des évêques de Belgique pour les 60 ans de Pacem in Terris


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« Accueillons le flambeau de l’espérance » : la déclaration des évêques de Belgique pour les 60 ans de Pacem in Terris
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Par La rédaction
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À l'occasion des 60 ans de l'encyclique Pacem in Terris, les évêques de Belgique nous invitent à "nous engager toujours plus fermement en faveur de la justice mondiale et d'une terre viable pour tous". En ce 4 octobre, jour qui célèbre saint François, cet "exemple d'humanité et de paix", ils nous rappellent que "le Christ a montré que l'amour non violent l’emporte sur l'hostilité, et que le pardon et la vérité peuvent vaincre la haine et le mensonge".

© Mathias Reding - Pexels

Cette année, nous commémorons le 60ème anniversaire de Pacem in Terris, l’importante encyclique sur la paix du pape Jean XXIII. Lors de sa publication en 1963, le monde était en pleine guerre froide et venait d’échapper à une confrontation nucléaire dévastatrice entre les États-Unis d'Amérique et l'Union Soviétique. Aujourd'hui, plusieurs pays connaissent encore des guerres atroces, en particulier l’Ukraine envahie massivement par la Russie. Le Président de la Russie a d’ailleurs menacé à plusieurs reprises d'utiliser les armes nucléaires. Comment mettre fin à cette guerre? L'encyclique Pacem in Terris nous rappelle que la paix a pour piliers la vérité, la justice, l'amour fraternel et la liberté. « L'arrêt de l'accroissement du potentiel militaire, la diminution effective des armements et - à plus forte raison - leur suppression, sont choses irréalisables ou presque sans un désarmement intégral qui atteigne aussi les âmes » (n° 113).

De la guerre juste à une paix juste

En 2020, dans son encyclique Fratelli tutti, le pape François réitère cette mission d'amour fraternel et de dialogue en vue d’un monde plus pacifique. Au chapitre 7, il se penche sur différentes pistes pour rétablir la fraternité et consolider la paix. Tout nouveau départ doit avoir pour base la vérité et tenir compte des plus petits parmi nos frères et sœurs. Même s’il y a des réalités cruelles qui ne peuvent en aucune manière être niées, relativisées ou justifiées, il ne faudrait pas perdre de vue l’enjeu du pardon. Il ne s’agit pas d’oublier ou de parler d’impunité mais de briser le cercle vicieux de la violence, « de ne pas continuer à inoculer dans la société l’énergie de la vengeance » (n° 251) qui ne peut créer que de nouvelles injustices. 

Qui choisit la guerre aujourd'hui ignore la dignité fondamentale de chaque être humain et sape l'environnement. Le pape François écrit dans Fratelli tutti : ‘Nous ne pouvons donc plus penser à la guerre comme une solution, du fait que les risques seront probablement toujours plus grands que l’utilité hypothétique qu’on lui attribue. Face à cette réalité, il est difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible ‘guerre juste’. Jamais plus la guerre !’ (n° 258).

La Constitution pastorale Gaudium et Spes du Concile Vatican II (n° 80) , disait qu'à l'ère atomique, nous devions renoncer à toute guerre. L’accumulation d’importantes quantités d'armes de destruction massive rend caducs les critères de l'ancienne doctrine de la guerre juste. La menace d'utiliser des armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive est immorale et inadmissible, souligne le pape François (Discours à Nagasaki, 24 novembre 2019). Le recours à la force doit être soumis à des règles strictes, de même que la notion de légitime défense contre un agresseur.

Chaque processus de guerre enclenche une logique spécifique à laquelle il est toujours difficile de mettre fin. Une paix juste en Ukraine devra s’appuyer sur la collaboration la plus étroite possible entre les pays qui rejettent sans équivoque toute agression armée.

Lire aussi : Le Pape invite les chefs d’États à s’inspirer de « Pacem in Terris »

La paix du Christ

Comme messagers du Christ, nous nous exprimons selon l'Esprit qui inspirait aussi le Christ. Par sa vie , sa mort et sa résurrection, le Christ a montré que l'amour non violent l’emporte sur l'hostilité, et que le pardon et la vérité peuvent vaincre la haine et le mensonge. La paix et le pardon pour lesquels le Christ a donné sa vie, sont destinés à tous sans distinction. La prière des croyants est aussi une source de forces qui poussent au bien plutôt qu’au mal. Celui qui sert Dieu doit être proche des plus vulnérables et des personnes sans défense. C'est aussi ‘la règle d'or’ de toute conviction authentiquement humaniste : ‘Fais aux autres ce que tu veux qu'ils fassent pour toi’.

François d'Assise, que nous commémorons le 4 octobre, est de nos jours encore un exemple d'humanité et de paix pour beaucoup. Avec lui, nous continuons à prier : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où il y a de la haine, que je mette l'amour. Là où il y a l’erreur, que je mette la vérité ». Mahatma Gandhi fut lui aussi un pionnier de la paix en optant pour ce qu'il appelait le ‘satyagraha’, littéralement : la force de la vérité.

Les étapes possibles sur le chemin de la paix

Diminuer l’agressivité et la violence dans notre manière quotidienne de penser, de parler et d'agir est absolument nécessaire. Réapprendre à nous rencontrer avec des paroles de paix et de respect et non de haine et de mépris. Opter pour moins de haine et de violence dans les médias, les réseaux sociaux et les programmes de divertissement. En bref œuvrer dans nos familles et communautés, pour une culture du respect et de la compassion dès la petite enfance, à tous les stades et les domaines de la vie.

Une autre étape significative est le rôle de premier plan que notre pays doit jouer au niveau des accords internationaux pour la paix et la sécurité. Notre pays a déjà assumé un rôle important dans la mise en œuvre du traité international limitant la production et l'utilisation des mines terrestres ainsi que des armes biologiques et chimiques. Pourquoi ne pourrait-il pas insister davantage sur l'interdiction mondiale des armes nucléaires ? Un traité international visant à interdire les armes nucléaires pour raisons humanitaires dans le monde entier a été accepté par l'Assemblée Générale des Nations Unies avec l'accord de 122 pays, le 7 juillet 2017 et a été ratifié depuis lors par 68 pays.

Enfin, nous espérons que chaque citoyen de ce pays, ainsi que toutes les personnes de bonne volonté, s'engageront toujours plus fermement en faveur de la justice mondiale et d'une terre viable pour tous. La paix, la justice et le souci de la création qui nous est confiée sont plus que jamais liées. Accueillons le flambeau de l'espérance à bras ouverts et gardons-le allumé pour le transmettre aux générations futures car nous sommes appelés à la paix (cf. Paul, Lettre aux Colossiens, 3,15).

Les évêques de Belgique

04 octobre 2023
Fête de st François d’Assise

Source : SIPI


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