Dans cette nouvelle émission de Décryptages, nos décrypteurs se sont penchés sur deux sujets qui touchent au milieu scolaire: l’EVRAS et la place de la foi dans les universités. La foi a-t-elle sa place à l'université? L'éducation sexuelle doit-elle passer par l'école? Nos décrypteurs répondent à ces questions.
Pour la troisième émission de cette saison, Christophe Herinckx, théologien et journaliste pour CathoBel, et Benoît Bourgine, théologien également et professeur à l’UCLouvain, ont voulu revenir sur cette question qui remue le milieu académique depuis quelques semaines: la foi a–t-elle sa place dans les universités? Ils sont ensuite revenus sur l’EVRAS et l’actualité brûlante qui l’entoure.
Décryptages du 15 septembre 2023 – Présentation: Armelle Delmelle
Le clash des sciences et de la foi
La vraie question qui se pose dans les universités est si oui ou non il faut interdire les lieux de culte, clandestin ou pas, sur les campus. Pour Benoît Bourgine, il est clair que ça n’a pas de sens d’interdire les lieux de cultes et la pratique de la foi dans le lieu de vie publique qu’est le campus universitaire. Cependant, cette interdiction peut être compréhensible dans les lieux de cours à proprement parler et en regard de l’histoire de l’ULB. Mais pas dans le lieu de vie, nous a-t-il répété maintes fois.
Nos deux invités sont d’accord sur le fait que ce sont les fondamentalismes qui sont dangereux. Qu’ils soient religieux ou scientifiques. On ne peut plus opposer aujourd’hui le texte de la Création dans la Genèse à la théorie du Big-Bang par exemple. Se servir de l’un pour renier complètement l’autre ne serait pas correct.
De plus, de nombreux cours pourraient allier la science et la foi. Comme nous l’avons dit lorsque nous parlions du cours de religion il y a peu, un bon cours de philosophie parlera de religion et de foi. A l’UCLouvain, Benoît Bourgine est d’ailleurs co-titulaire d’un cours intitulé : “Sciences et foi”.
Pour nos deux décrypteurs, la foi a sa place dans certains cours et dans le lieu de vie. L’interdire complètement serait aller à l’encontre des droits de l’homme et de la liberté religieuse que ceux-ci garantissent.
EVRAS, un (manque de) débat brûlant
L’EVRAS, on en a beaucoup parlé ces derniers temps et la conversation va souvent dans le même sens. Cela peut nous faire penser qu’il y a un manque de débat. C’est effectivement ce que pointe Christophe Herinckx. “Le guide EVRAS fait 300 pages et les députés n’ont pas eu le temps de le lire avant de devoir le voter”. En effet, il semble compliqué de débattre et de voter quelque chose qu’on n’a pas eu le temps d’étudier.
Pour alimenter ce débat, Benoît Bourgine nous a rappelé que ce fameux guide EVRAS n’est pas tombé du ciel. “C’est une vague qui est passée par les États-Unis, le Canada et les pays scandinaves avant d’arriver chez nous, nous l’avons simplement adaptée à la Belgique.” Une adaptation qui pourtant ne change pas beaucoup de ce qui existait déjà: deux heures de cours en primaire et deux heures en secondaire. Une remise en contexte importante pour qu’ait lieu un débat public correct et équilibré. Enfin, tous autour de la table étions d’accord pour dire que si on a le droit de manifester son mécontentement, rien ne justifie la violence. Rien ne justifie d’incendier des écoles.
Un conseil lecture
Sur le sujet de la foi dans les universités, notre décrypteur Benoît Bourgine vous propose de lire une petite conférence intitulée “La démocratie a besoin de la religion” donnée en 2022 par Hartmut Rosa.