Dans une stimulante biographie, Daniel Marguerat, professeur honoraire de Nouveau Testament à l’université de Lausanne (Suisse), revient sur le parcours de l’apôtre des nations. Objectif : mieux comprendre la modernité des écrits du messager du Christ et éviter le piège des caricatures. Il nous propose de plonger dans « le brasier » que fut la vie de « l’enfant terrible du christianisme ».

« Il est reconnu comme un grand héros des commencements du christianisme, comme un grand missionnaire », ouvre le professeur, enthousiaste. « Le problème est que Paul a été victime, au long de ces 2000 ans de lecture, d’images et de caricatures qui ont déformé son propos. Le but de mon ouvrage est de lui rendre justice. Bien sûr, chacun a le droit de ne pas être d’accord avec ce qu’il a écrit, mais encore faut-il que l’on puisse avoir le bon accès à son message, autrement dit : lire Paul tel qu’il se dit lui-même ! »
L’objectif est clair, le cadre est posé. On peut y aller…
Comment la tradition catholique a-t-elle lu Paul – et le lit-elle encore?
Elle le fait en l’équilibrant avec l’Évangile de Mathieu. Sur le plan théologique, elle reconnaît la gratuité de la grâce proclamée par l’apôtre, cet accueil inconditionnel de Dieu qui n’exige aucune prestation en retour. Mais elle le tempère immédiatement en soulignant l’importance des mérites acquis par l’obéissance. Or, même si Paul parle bien de la fidélité à Dieu, son propos est avant tout de mettre en avant un amour absolu de Dieu, qui ne juge pas et ne discrimine personne.
Quelle est l’enfance et la jeunesse de Paul ?
Il naît sans doute vers l’an 5 après Jésus-Christ à Tarse, une ville du sud-est de la Turquie actuelle. C’est une métropole cosmopolite, un important centre culturel régional. Son père a, dès sa naissance, une forte ambition pour lui : il l’appelle Saül, du nom de l’ancêtre le plus célèbre de la tribu de Benjamin. L’ajout du prénom Paulos, qui est la forme grécisée du latin Paulus, est une coutume alors répandue chez les juifs de la diaspora. Saül-Paul reçoit une solide éducation. Il s’exprime en grec, la langue parlée sur tout le pourtour méditerranéen. Plus tard, il poursuit une formation en philosophie et rhétorique chez les stoïciens, ce qui correspond de nos jours à un niveau universitaire. A l’âge de 20 ans, il choisit de devenir pharisien et part étudier à Jérusalem. Paul est un citoyen du monde : il est juif, de culture gréco-romaine et citoyen romain. (…)
(Retrouvez la suite de cet entretien dans le journal Dimanche de cette semaine)
Propos recueillis par Guilherme RINGUENET