Godvergeten, la parole aux victimes d’abus dans l’Eglise


Partager
Godvergeten, la parole aux victimes d’abus dans l’Eglise
Dans Godvergeten
Par Manu Van Lier
Journaliste de CathoBel
Publié le
4 min

Les réactions sont nombreuses au nord du pays après la diffusion, ce 5 septembre, d'un premier épisode de Godvergeten - traduisible par "Les oubliés de Dieu", un documentaire de la VRT où des victimes d'abus sexuels dans l'Eglise partagent leur récit et leurs souffrances.

Dans Godvergeten, vingt victimes d'abus dans l'Eglise témoignent (©VRT)

Godvergeten, diffusé sur VRT Canvas le mardi soir, est une série documentaire en quatre parties sur les abus commis par des prêtres et des pères catholiques en Flandre. Vingt victimes et proches racontent leur histoire après des années de silence. "Ils témoignent souvent pour la première fois de la douleur et de la souffrance", précise le texte de présentation de ce documentaire réalisé par Ibbe Daniëls et Ingrid Schildermans. "Ils parlent de la bataille juridique personnelle et souvent douloureuse qui se poursuit encore aujourd’hui. Ils mettent en lumière une histoire cachée qui mérite une place dans la mémoire collective en Flandre et donnent un aperçu de la façon dont les abus ont dominé, et souvent détruit, leur vie." 

Des cicatrices lourdes à porter

"Les victimes d'abus tendent un miroir dur à l'Eglise" titre De Standard au sujet de ce documentaire. "Rien n'est caché, rapporte le journaliste Dominique Minten, la violence des viols, les coups qui durent toute une vie, les cicatrices laissées, les humiliations mentales qui ont conduit au suicide: tout est raconté en détail, rendant d'autant plus oppressantes la colère et l'impuissance dont sont témoins les victimes, et l'hypocrisie des dirigeants de l'Église qui minimisait tout d'autant plus, réduit à ce qu'il était essentiellement: un faible moralisateur qui ne se préoccupait que de sa propre réputation." Un constat, sévère, partagé par De Morgen ou encore le magazine Knack qui note que toutes ces vies ont été brisées ou marquées "parce que des hommes et des femmes qui étaient au service de Dieu et de la foi croyaient que l'institution de pouvoir à laquelle ils appartenaient les rendait inviolables et supérieurs, que leurs actes, aussi odieux soient-ils, seraient toujours pardonnés."

"On ne pourra jamais effacer leurs souffrances"

Manu Keirse est psychologue clinicien, professeur en sciences médicales à la KULeuven. Comme président de la Commission interdiocésaine pour la protection des enfants et des jeunes, il a permis à l'Eglise de répondre à la question de la reconnaissance et de la réparation des dommages causés à des centaines de victimes. Il a également dirigé plusieurs rapports sur les abus sexuels de mineurs dans une relation pastorale. Dans un entretien accordé à Kerknet, le professeur Keirse réagit à l'annonce de ce documentaire: "Ma première préoccupation concerne les témoins eux-mêmes et ce qu'ils ont vécu. Peu importe ce que l’Église a fait depuis pour obtenir réparation et reconnaissance, on ne pourra jamais effacer leurs souffrances. C'est bien qu'ils aient la possibilité de raconter leur histoire. J'espère donc particulièrement que le documentaire pourra contribuer à ce que des mesures appropriées soient prises partout où se produisent des abus de pouvoir. Aujourd’hui, c’est moins le cas dans l’Église que dans d’autres secteurs de la société, tout simplement parce que l’Église n’a plus la même position de pouvoir." Dans cet entretien, le professeur Keirse reconnaît "un grave problème d'abus de pouvoir dans l'Eglise" mais souligne aussi que la presse ne relaie pas le travail constructif mené année après année par la Commission interdiocésaine pour la protection de l'enfance et de la jeunesse ni l'approche transparente portée par les évêques Johan Bonny et Guy Harpigny. "L’Église prend sans réserve le parti de la victime, au lieu de protéger les auteurs et l’image", assure-t-il. Manu Keirse rappelle que diverses structures ont été mise en place par l'Eglise, à la demande de la commission parlementaire. "L'Eglise offre toutes les formes possibles de reconnaissance et de réparation et la victime peut déterminer elle-même la forme de réparation souhaitée. Désormais, les auteurs de crimes sont traités correctement : non pas comme des pécheurs qui s’en sortent grâce à des aveux, mais comme des auteurs de crimes – prescrits ou non – qui ont une dette à payer. Un dernier point fort est la prévention".

MV (avec Kerknet)

Retrouvez sur cathobel.be, la page regroupant toutes les informations sur les points de contact de l'Eglise en cas d'abus dans une relation pastorale, les questions relatives à une plainte en justice, les services d'aide aux victimes et les publications dont les rapports annuels des abus sexuels sur mineurs dans l'Eglise.

Catégorie : Belgique

Dans la même catégorie