
On parle souvent du fossé qui se creuse entre politiques et citoyens. Au passage, on oublie parfois que derrière tout élu se cache… un citoyen. Et un citoyen audacieux, qui prit, un jour, le risque de mettre son visage sur des affiches!
Dans neuf mois, nous serons appelés aux urnes. Mais c’est maintenant que les partis confectionnent leurs listes. Un exercice délicat, rendu plus compliqué encore par le fait que de nombreux élus – et singulièrement des élues – ont annoncé leur intention de ne plus se présenter. Les raisons sont multiples. Mais il en est une qui domine: la violence de l’arène politique. Une violence qui s’est accentuée ces dernières années, notamment sous l’effet des réseaux sociaux. En accélérant le rythme politique, en polarisant les débats, en favorisant les simplismes, ces réseaux ont aussi contribué à faire des femmes et des hommes politiques des cibles de plus en plus fragiles.
L’histoire et l’actualité nous enseignent qu’il ne saurait y avoir de démocratie sans liberté d’opinion, sans liberté d’association ou sans élections libres. Derrière ces grandes libertés se trouve un fondement de nos démocraties: la liberté de pouvoir critiquer. Celle-ci est plutôt bien garantie dans notre pays.
Nos démocraties ne peuvent toutefois fonctionner si elles ne reposent sur un deuxième pied. Celui de la confiance et du soutien. En élisant des représentants, nous leur confions le soin de rechercher le bien commun. Mais notre mission ne s’arrête pas au soir du scrutin. Si nous sommes invités à maintenir en éveil notre esprit critique, ne sommes-nous pas aussi appelés à témoigner, envers nos élus, de notre confiance? A les soutenir? Et même à les remercier?
Oserions-nous un parallélisme avec la mission… épiscopale? Plusieurs signes attestent, là aussi, de la difficulté croissante de l’exercice – en même temps que de la difficulté de trouver de bons « candidats ». A plusieurs reprises, ces derniers jours, Mgr Terlinden nous a invités à prier pour les évêques. Il a raison. Nous, laïcs, avons un rôle à jouer, bien au-delà du soir de l’ordination. Ce rôle est double: 1) gardons notre esprit critique vis-à-vis de nos bergers. En ces temps de synodalité, évitons-leur de n’être entourés que de courtisans. Et 2), soutenons-les, faisons-leur confiance, prions pour eux. Y compris lorsqu’ils traversent des tempêtes.
Vincent DELCORPS