Une mère de famille au Mexique et une autre en France n’ont peut-être rien en commun. Seule la naissance d’un enfant d’un côté, et le désir d’adopter de l’autre font le lien.

Plonger dans ce double récit romancé revient à nager dans une mer calme qui s’agite en fonction des marées. Les premiers chapitres où nous faisons connaissance de Magdalena d’un côté et de Hélène de l’autre nous introduisent dans deux univers distincts. Au fur et à mesure des pages, l’état d’esprit de chacune des mamans se précise.
Magdalena a déjà plusieurs enfants, dont une grande fille qui va devenir maman. Comment pourrait-elle aller au terme de sa propre grossesse ? A l’autre bout de la planète, Hélène a connu le drame terrible de perdre son enfant unique, Rose. Ne pouvant avoir d’autres enfants, elle envisage l’adoption avec son mari.
« Tu es né deux fois »
L’auteure Hélène Machelon reconnaît dans un avertissement parler avec le « cœur de mère de trois enfants adoptés« . A l’inverse, elle confesse: « le portrait de la mère biologique est le fruit de mon imagination. » Ces deux récits croisés sont poignants de justesse. Ils évoqueront sans doute quelques émotions à tous les couples qui ont traversé l’une ou l’autre difficulté dans leurs familles.
Terminons par ces citations extraites du dernier chapitre. Hélène, qui a adopté un petit garçon, lui écrit: « Tu es né deux fois, la première entre les hanches d’une inconnue, la seconde entre nos bras. Les blancs dans ton histoire sont un message codé en morse que nous nous approprions petit à petit. Il te faudra accepter d’être dépossédé d’un pan du roman de ta vie et lire ton arbre généalogique à l’envers, en partant du feuillage. »
AF de Beaudrap
📌 « L’enfant. Récits croisés d’une adoption », de Hélène Machelon, éditions Mame, 253 pages.