Spécialiste de l’adolescence, le psychiatre Philippe van Meerbeeck vient de publier un nouvel ouvrage qui est dédié aux jeunes. L’occasion d’appréhender avec lui le monde dans lequel nous vivons, entre vérités sur le Net et réalité.

En Belgique, le lancement de la psychiatrie des adolescents est lié à l’implication de Philippe van Meerbeeck, durant les années 1970. Fils de médecin, celui-ci a rapidement voulu suivre les mêmes études que son père, pour se spécialiser ensuite en psychiatrie, « une médecine de l’esprit et de l’intelligence ». Si la pédopsychiatrie existait déjà, une pratique spécifiquement dédiée à l’adolescence n’avait pas encore vu le jour. Or, cette période s’avère « un âge où l’on peut faire des miracles. Avant, c’est compliqué, et après, c’est encore plus difficile. Il y a une perméabilité, un inconscient à livre ouvert, une ouverture à la rencontre qu’on perd après, hélas », estime-t-il. Toutefois, loin d’envisager l’adolescence comme un bloc monolithique, il y distingue désormais plusieurs strates. « On n’a pas le même adolescent entre 12 et 15 ans, entre 15 et 19 et entre 19 et 23 ans. Ce sont des âges avec des questionnements différents. »
Qu’est-ce qui vous fascine tellement dans l’adolescence?
Cet avènement dans le corps pubère d’une mutation anthropologique majeure, qu’on a toujours connue dans l’histoire du monde, même si les rituels d’initiation qui prévalaient autrefois ont disparu. Il n’y a plus de conscience qu’il faut à tout prix offrir un cadre, un accompagnement et un suivi spécifiques à ce qui traverse le corps, l’âme et l’esprit. Ces rites d’initiation ont disparu, sous l’effet du vingtième siècle. L’homme blanc occidental s’est cru le maître du monde.
Pourquoi est-il nécessaire de contextualiser et d’apprendre ce qui a précédé aux ados?
Il faut clairement raconter le passé, en nommant les choses ouvertement, y compris la période coloniale. Refaire l’histoire, ce n’est pas du tout pour se faire plaisir, c’est plutôt dire ‘voilà d’où l’on vient’. Nous avons dans notre héritage l’idée d’un Dieu qui s’est incarné. Il s’agit de la seule tradition monothéiste dans laquelle Dieu se fait homme. C’est une révélation formidable: le divin est en nous. Il n’est pas dans un ciel à attendre le jugement dernier, à compter les coups et à envoyer les gens au casse-pipe mourir pour de mauvaises raisons.
Propos recueillis par Angélique TASIAUX

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