Après un court vol depuis Rome, le Pape François a effectué sa première prise de parole ce mardi 2 août. Dans son discours aux autorités, à la société civile et au corps diplomatique, le Souverain pontife, pour la seconde fois sur le sol portugais, a détaillé ses aspirations pour le pays, l’Europe et la jeunesse du monde entier.

«Ici… où la terre se termine et où commence la mer». En prononçant ses mots, le pape était au centre culturel de Belém, là où se mêlent le fleuve Tage et l’océan atlantique. Devant les autorités portugaises dont le président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, François a fait siens les mots du poète ibérique Luis Vaz de Camões, pour saluer le caractère cosmopolite et maritime de Lisbonne, capitale méridionale de l’Europe de 2,8 millions d’habitants.
À Lisbonne, la mer «est beaucoup plus qu’un élément du paysage, un appel gravé dans l’âme de chaque Portugais», a noté François. Une omniprésence de l’océan qui a inspiré le Pape, «Et moi aussi, en me laissant emporter par l’image de l’océan, j’aimerais vous partager quelques pensées.»
Lisbonne, une place à part
Océan, fils du ciel et de la terre selon la mythologie classique, relie les peuples et les pays, mais également les terres et les continents, a d’abord dit le Pape, «C’est pourquoi Lisbonne, ville de l’océan, rappelle l’importance de l’ensemble, du fait de penser les frontières comme des zones de contact, non comme des frontières qui séparent.» Dans le monde actuel, seule l’unité peut aider à affronter les enjeux planétaires comme «les guerres, les crises climatiques et migratoires».
Lisbonne a eu l’occasion de marquer l’histoire de l’Europe en 2007 avec le Traité de réforme de l’Union européenne (UE), qui affirme que «l’UE a pour but de promouvoir la paix, ses valeurs et le bien-être de ses peuples». De même, Lisbonne a aujourd’hui l’occasion de suggérer un changement de rythme, animant «le rêve européen d’un multilatéralisme plus large que le seul contexte occidental».
Ainsi, a rappelé le Saint Père, l’Europe doit apporter «sur la scène internationale son originalité spécifique, qui s’est dessinée au siècle dernier lorsque, dans le creuset des conflits mondiaux, elle a fait jaillir l’étincelle de la réconciliation en rêvant de construire l’avenir avec l’ennemi d’hier, engageant des voies de dialogue et d’inclusion, développant une diplomatie de paix».
Occident, où vas-tu?
Élargissant sa focale à l’Occident tout entier, François a invité à la réflexion, «quelle route suis-tu, Occident?», avant de développer: «Ta technologie, qui a marqué le progrès et globalisé le monde, ne suffit pas à elle seule; moins encore les armes les plus sophistiquées qui ne sont en rien des investissements pour l’avenir, mais qui appauvrissent du véritable capital humain, celui de l’éducation, de la santé, de la protection sociale.»
Il est inquiétant, a poursuivi le Saint Père, de noter que les investissements sont plus importants dans les armes que dans l’avenir des enfants. Selon le Sipri (Stockholm International Peace Research Institute), en Europe en 2022, les montants consacrés à la défense ont connu leur plus forte augmentation depuis au moins 30 ans. L’Otan, qui regroupe 31 pays occidentaux, a dépensé 1 232 milliards de dollars dans la défense en 2022, soir 0,9% de plus qu’en 2021. Une évolution à contre-courant des valeurs prônées par le Saint-Siège, François a dit rêver d’«une Europe qui sache retrouver son âme juvénile en rêvant de la grandeur de l’ensemble et en allant au-delà des besoins de l’immédiat; une Europe qui inclue les peuples et les personnes sans poursuivre théories et colonisations idéologiques.»
L’océan rappelle les origines de la vie a également dit François, dans un monde où elle est «mise en danger». En mai 2023, le Portugal a dépénalisé l’euthanasie.
Les chantiers d’espérance
Lors de cette première prise de parole sur le sol portugais et alors qu’un océan de jeunes se déverse dans la ville embrassée par la mer, le Successeur de Pierre a voulu également se montrer optimiste. «Comme on dit ici: ‘’À côté des jeunes, on ne vieillit pas’’», a-t-il dit en souriant. Ces jeunes du monde entier «ne sont pas dans les rues pour crier de colère, mais pour partager l’espérance de l’Évangile».

(D’après Vatican News)
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