Compostelle autrement, sans mobile religieux


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Compostelle autrement, sans mobile religieux
© CCO Pxhere
Par Angélique Tasiaux
Journaliste de CathoBel
Publié le
4 min

Pour les catholiques, partir à Compostelle relève automatiquement d'une démarche de foi. Mais tous les marcheurs ne sont pas des pèlerins pieux ! Deux auteurs évoquent les raisons de la création de leur nouveau livre qui se déroule sur les chemins de Compostelle.

En route vers Compostelle !
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Depuis quelques années, les routes vers Saint-Jacques de Compostelle connaissent un véritable engouement. Les pèlerins sont nombreux à s'y presser. Et les livres qui en font écho aussi ! Topoguides, témoignages, récits de mille et une sortes abondent, au point que Compostelle est devenu un véritable phénomène littéraire. Pourtant, tous les voyageurs ne se reconnaissent pas animés par une démarche religieuse. La preuve avec les personnages de deux romans récents : Des cailloux dans les chaussures du Belge André Linard et Il existera toujours un chemin du Français Bruno Combes.

Interview croisée d'André Linard et de Bruno Combes.

Pourquoi ce choix d'écrire sur Compostelle ?

André Linard : Quand on fait cette expérience sérieusement, pas comme une performance sportive, cela change le regard sur beaucoup de choses. Une telle expérience amène à se poser de nombreuses questions sur soi-même et la manière dont on vit.

Bruno Combes : J'ai choisi le support du chemin pour analyser le renouveau. Avec la marche qui y est associée, Compostelle est un très bon support.

Avez-vous déjà réalisé un pèlerinage de ce type ?

André Linard : Oui, j'ai parcouru le chemin de Bruxelles jusqu'au bout, d'une traite. J'ai d'ailleurs écrit Compostelle, la fin d'un mythe ?, un livre de témoignages à quatre mains, avec mon épouse. Maintenant retraité, je suis sorti du principe journalistique de respecter la vérité. Je me suis toutefois amusé à introduire dans l'histoire fictive un certain nombre d'éléments et de personnages réels. Mais l'essentiel du scénario est inventé.

Bruno Combes : Pas encore. Cela aurait dû se faire, mais n'a pas eu lieu pour des raisons familiales. C'est au programme en 2024, avec un ami. Cela me tient à cœur, pour le goût de l'effort, la rencontre, un cheminement posé, tranquille et une envie personnelle.

En quoi les chemins de Compostelle peuvent-ils s'avérer libérateurs ou pas ?

André Linard : Marcher pendant trois mois avec l'essentiel pour vivre au jour le jour, cela conduit à prendre de la distance et à s'interroger sur le sens donné à sa vie. Ce moyen de déplacement lent nous remet en place, notamment par rapport à la nature. C'est libérateur, parce que cela ramène à l'essentiel de la vie, y compris dans ses relations. Il y a beaucoup de rencontres et de contacts humains que l'on n'aurait pas aussi facilement. Cela ouvre des portes sur le monde qui nous entoure.

Bruno Combes : Ils sont libérateurs dans la rencontre et l'effort. Les personnes qui ont fait une portion du chemin témoignent qu'il faut être motivé et dans la recherche de quelque chose de profond.

Pourquoi avez-vous donné une fin inattendue ou inspirante à votre roman ?

André Linard : Quand on écrit un roman, il y a une part de soi-même dedans. Il y a des moments d'espoir, mais aussi de découragement. On ne sait pas sur quoi une aventure va déboucher, il y a toujours une part de risque…

Bruno Combes : Je voulais terminer mon roman, qui est mon dixième livre, de façon réaliste. Le renouveau devait être réaliste.

Parcourir le chemin sans un aspect spirituel, est-ce possible ?

André Linard : Avec ma femme, nous avons vu de tout ! Pour certains, c'est une course à qui le fera en le moins de temps possible. L'arrivée au bout peut aussi être une ligne intéressante dans un curriculum vitae ! Il y a une série de motivations différentes. A mon avis, s'il n'y a pas de questionnement spirituel sur le sens, on passe à côté de beaucoup de choses. Comme la Via francigena, Compostelle était à l'origine marqué religieusement, mais il est entré dans le patrimoine commun. Quand un élément culturel ou architectural comme une église se trouvait sur le parcours, pour ne pas passer à côté de ses richesses, nous le visitions, quitte à ne marcher qu'une demi-étape.

Bruno Combes : Oui, les deux tiers des pèlerins font le chemin pour une recherche d'eux-mêmes, une quête personnelle, et non spirituelle. Dans mon livre, quelques lieux d'étape sont d'anciens monastères. J'ai laissé une empreinte pour que le lecteur s'approprie le chemin comme il le désire.

Propos recueillis par Angélique TASIAUX

André LINARD, Des cailloux dans les chaussures. Editions F deville, 2022, 414 p.
Bruno COMBES, Il existera toujours un chemin. Michel Lafon, 2023, 383 p.

A voir :
https://www.cathobel.be/2023/06/les-pelerinages-ont-ils-toujours-la-cote-video/

Catégorie : Culture

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