Mais au fait, qu’est-ce qu’un archevêque ?


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Mais au fait, qu’est-ce qu’un archevêque ?
Par Christophe Herinckx
Journaliste de CathoBel
Publié le
5 min

Dans l'Eglise catholique, l'autorité est exercée par les évêques en union avec le pape, tous étant successeurs des apôtres. Parmi les évêques, certains sont... archevêques. Quelle est la différence entre un archevêque et un évêque ? Quelle est sa mission spécifique ?

"Au commencement, il y avait les apôtres." Ainsi pourrait-on, de manière un peu audacieuse, situer l'origine des différents ministères - c'est-à-dire services - dans l'Eglise. Bien sûr, les apôtres ne sont pas le point de départ absolu de la mission de l'Eglise. C'est le Christ qui, parmi ses disciples, a choisi les douze apôtres. Après la résurrection et la venue de l'Esprit Saint à la Pentecôte, les apôtres ont eu pour mission de répondre à cette appel : "Allez, et de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit." (Mt 28, 19)

Les évêques, successeurs des apôtres

Dès l'époque des apôtres (la "période apostolique"), de nombreux autres ministères que le leur sont apparus, pour répondre aux besoins des communautés chrétiennes. A la disparition des apôtres, des episkopoï (littéralement surveillants" en grec, c'est-à-dire qui "veillent sur) ont été choisis pour leur succéder. Ils ont reçu l'imposition des mains, signes que leur charge vient, en dernière instance, de Dieu.

Plus tard, la théologie a précisé le rôle de ces évêques au sein des communautés qu'ils dirigeaient. Ils étaient pasteurs, c'est-à-dire qu'ils guidaient la communauté. Ils étaient prêtres, c'est-à-dire responsable de la sanctification des fidèles, notamment par les sacrements. Ils étaient enseignants en transmettant fidèlement le message de l'Evangile reçu des apôtres.

Le ministère de l'unité

Avec le développement géographique et numérique de l'Eglise, les Eglises locales se sont multipliées au fil du temps, avec une organisation de plus en plus complexe. Dans chaque diocèse, qui est l'Eglise locale ("particulière" en termes canoniques), l'évêque est entouré dans son ministère par les presbytres, c'est-à-dire les prêtres, par les diacres et d'autres "ministres" encore.

Pour garantir l'unité de la foi et l'unité entre les Eglises, le pape, successeur de Pierre et évêque de Rome, a un rôle de primauté par rapport aux évêques. Ce "ministère de l'unité" va connaître une fortune fort différente en Occident et en Orient.

Les archevêques métropolitains

Venons-en aux archevêques. Entre le niveau local et le niveau universel de l'Eglise, des niveaux intermédiaires sont également apparus très vite. C'est là que se situe l'archevêque (littéralement "archi-évêque", évêque-en-chef si on veut), et plus précisément l'archevêque métropolitain. Celui-ci, comme évêque d'une "métropole", préside une province ecclésiastique, composée de plusieurs diocèses d'une même région.

Autrement dit : plusieurs diocèses géographiquement proches, comprenant des réalités culturelles ou pastorales similaires, sont regroupés au sein d'une province ecclésiastique. Cette province ecclésiastique est présidée par un archevêque qui, tout en étant évêque de son diocèse, exerce une certaine primauté sur les évêques autres diocèses.

A lire : Luc Terlinden est le nouvel archevêque de Malines-Bruxelles

Cette primauté n'implique pas qu'il puisse intervenir directement dans les diocèses qu'on appelle "suffragants" : chaque évêque reste responsable de son Eglise. L'archevêque a davantage un rôle de coordination entre les diocèses. Il peut toutefois exceptionnellement intervenir dans un autre diocèse, en cas de force majeure, mais de manière temporaire et limitée.

Chez nous

Aujourd'hui, un grand pays peut comprendre plusieurs provinces ecclésiastiques, et donc plusieurs archevêques métropolitains. C'est le cas, en Europe, en France ou en Allemagne, par exemple. Dans ce contexte, les évêques et archevêques sont réunis au sein d'une conférence épiscopale nationale, qui inclut les différentes provinces ecclésiastiques. La conférence des évêques est alors présidée par un évêque qui n'est pas nécessairement l'un des archevêques du pays.

En Belgique, les deux structures se confondent: la Belgique est une seule province ecclésiastique, comprenant huit diocèses, dont l'archidiocèse de Malines-Bruxelles. L'archevêque de Malines-Bruxelles préside donc la province ecclésiastique de Belgique. L'archevêque et les évêques de notre province ecclésiastique composent en même temps la conférence épiscopale du pays. Par conséquent, le président de la conférence des évêques de Belgique est, généralement, l'archevêque métropolitain de Malines-Bruxelles.

Et les cardinaux ?

A l'origine, les cardinaux sont les curés du diocèse de Rome. A l'instar de tous les diocèses dans l'Antiquité, l'évêque de Rome était élu par le presbyterium, le collège des prêtres diocésains. Aujourd'hui, c'est encore la fonction principale des cardinaux : élire l'évêque de Rome, lorsque le siège du diocèse est vacant. Par ailleurs, la fonction des cardinaux est de conseiller l'évêque de Rome - comme chaque presbyterium de chaque diocèse.

Mais avec le développement de l'Eglise au cours du temps, la fonction des cardinaux a également fortement évolué, parallèlement à celle du pape. Alors que celui-ci a eu un rôle de primauté de plus en plus important au sein de l'Eglise, ses électeurs et conseillers également. Afin d'assurer des conseils plus efficaces, les cardinaux sont désormais tous des évêques, et plus généralement des archevêques, vu le rôle de ces derniers au sein des Eglises régionales. Ils sont aujourd'hui issus du monde entier. Par contre, chaque archevêque (a fortiori évêque) n'est pas cardinal.

La renonciation

Un cardinal reste électeur jusqu'à ses 80 ans accomplis, mais il demeure cardinal jusqu'à sa mort, sauf si le pape, pour une cause grave, lui retire cette fonction. Un évêque, et donc également un archevêque, est tenu de proposer la renonciation à sa charge à l'âge de 75 ans accomplis. Devenu émérite, un évêque demeure évêque jusqu'à sa mort : à l'instar d'un prêtre et d'un diacre, il est configuré au Christ-Pasteur de l'Eglise d'une manière particulière et indélébile, par son ordination.

Christophe HERINCKX

Catégorie : Eglise Belgique

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