Il y a deux semaines, notre rédacteur en chef publiait un édito intitulé « Saint Paul et la Brussels Pride« . Il se réjouissait de vivre dans un pays où l’on peut librement afficher son orientation sexuelle. Il dénonçait aussi certains risques et excès. Ce texte a suscité de nombreuses réactions, en sens bien divers. En voici un aperçu.

« Je ne suis pas fière »
Vous dites avec justesse que nous « peinons à percevoir à quel point nous pouvons être fiers »… Oui, nous peinons vraiment à être fiers. Et franchement, pour tout vous dire, je ne le suis pas, fière. J’ai même plutôt honte.
Honte d’être dans une société qui fait son cheval de bataille de l’orientation sexuelle, tandis que la moitié, au moins, de notre monde meurt de faim. Honte d’accueillir un événement qui fait fi et lance défi à tout qui ose s’opposer à sa volonté de liberté à outrance. (…)
Cher monsieur Delcorps, je comprends bien votre volonté de n’exclure personne, de ne critiquer personne, de faire œuvre de bienveillance, d’ouverture et de tolérance. Mais quel bonheur peut-on espérer dans la société future pour nos enfants et petits-enfants si tout est permis, si plus rien n’a d’importance, si le donné du réel doit à tout prix être revu et corrigé… sans respect pour l’innocence des enfants… tout cela en toute légalité et en toute tranquillité? (…)
Dans cette optique, pardonnez-moi de trouver déplacé d’avoir trouvé valeur égale entre le verset de Saint-Paul et la Brussels Pride. Remettons les choses dans leur contexte : de qui parlait Saint-Paul quand il disait qu’il n’y a plus ni Juifs, ni Grecs, ni esclave, ni homme libre, ni homme ni femme? Il parle bien ici de tous ceux qui voulaient appartenir au Christ….!!! C’est-à-dire, de personnes qui voulaient conformer leur vie à celle du Christ…càd, faut-il le préciser, de respecter ses commandements d’amour, qui sont un mode d’emploi du bonheur. (…)
Marie-Sophie et Jean-François GOFFINET
« Pourquoi la presse ne favorise-t-elle pas la paix? »
Je ne vous cacherai pas que je suis 100% d’accord avec le contenu de votre éditorial. (…) Nous, et spécialement les jeunes, sommes confrontés, chaque jour, chaque heure, à des publicités, ou actes pornos, violents, racistes, homophobes, féminicides etc. Notre TV nationale n’y est pas étrangère.
Dimanche dernier, je regardais la télé. Simultanément et à travers le monde il y avait la retransmission d’une messe, en France, en Guyane, en Belgique, en Italie… Et partout le même message: un message de PAIX. On était loin de la Gay Pride! Mais pourquoi, la presse, la radio, la télé, ne mettent-ils pas en avant des qualités qui font que l’on puisse vivre en paix: politesse, accueil, serviabilité, gentillesse, aide, sourire, etc. Pourquoi n’entend on pas plus souvent le père Scholtes, nos évêques, le père de Beukelaer, plutôt que le porte-parole de la Gay Pride?
Gautier VINCENT

« Nous manquons de réflexion à ce sujet »
Merci d’avoir osé rompre une lance pour apporter de quoi réfléchir plus loin. Nous voyons bien combien il est indispensable que l’Eglise se dote (aux deux sens du terme: neutre et financier) de médias qui peuvent encore répercuter la réflexion de l’Eglise et des Eglises chrétiennes à ce sujet… Sans cela, certains, même parmi nos fidèles chrétiens, pensent que tout cela va de soi…
Il y a vraiment un espace à défricher pour permettre à chaque être humain d’être respecté mais aussi à tous en même temps. Et le travail de certains lobbys et les outils qu’ils utilisent en ce compris la culpabilisation ou la mise hors-jeu (politique, sociétale, morale…) me laisse pantois.
Nous manquons de réflexion à ce sujet, aussi à l’intérieur de l’Eglise.
Abbé Michel RONGVAUX
« Leur conduite relève de la provocation »
Si nous prônons la tolérance qui favorise l’entente et la paix, le poids dont bénéficient aujourd’hui ces… minorités, leur conduite, le manque absolu de convenance ne relèvent nullement d’une demande de reconnaissance de leur état, mais de la provocation. Ils exaspèrent une majorité qui reste trop silencieuse. Tous ces groupuscules ne devraient-ils pas revoir le but de leur cause? Lequel est-il vraiment? Sans doute se méprisent-ils. Mais ce mépris ne plaide pas en leur faveur.
« Ne vous donnez pas pour but d’être quelque chose, mais d’être quelqu’un » (V. Hugo)!
Fr. MORRE

« Les discriminations justifient l’attention »
Il est bien exact que les diverses minorités – et pas seulement de sexe et/ou de genre – bénéficient aujourd’hui d’une importante visibilité en terme médiatique. Mais les discriminations qui les touchent toujours aujourd’hui justifient l’attention qui leur est portée. Tout comme s’agissant des femmes d’ailleurs, qui, elles, ne constituent pas une minorité numérique. De manière tout à fait générale, il ne semble pas vraiment pertinent de chercher à distinguer entre revendications des un.e.s et des autres au regard de leurs poids relatifs. (…)
La question qui est posée aujourd’hui est de donner place aux revendications minoritaires dans la mesure où elles ne sont que le reflet de discriminations persistantes. Il s’agit donc à titre principal d’accéder à une égalité de droits pour tous et toutes. Et non d’effacer toute référence aux identités majoritaires, ni d’évoquer ce qui serait une dérive véritable. Même s’il peut arriver à certains groupes militants de tenir des propos excessifs.
Quant à se référer à ce qu’aurait affirmé Paul de Tarse, voilà qui est fort bien. Reste à interpréter dans quel contexte – qui n’est pas le nôtre – ce disciple de Jésus aurait bien pu tenir ce propos à portée, semble-t-il, très générale. Ceci étant dit, il n’en reste pas moins que l’Eglise institutionnelle – celle d’hier et jusqu’à aujourd’hui – est assez mal placée dès lors qu’elle décidera de s’y référer. Car d’une part, les activités sexuelles non-hétéros ont été très longtemps (…) stigmatisées en tant qu’actes « contre-nature ». Et d’autre part, l’accès des croyantes aux postes de responsabilités majeures au sein des structures ecclésiales n’est en rien acquis à l’heure où nous écrivons.
François BRAEM (sur Facebook)

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