Régulièrement, Michel Wery, lecteur attentif de Dimanche et paroissien fidèle, nous envoie ses récits de vie. Cette semaine, il explore les chemins qui mènent au bonheur. Et livre un authentique témoignage de foi.

A quoi tient le bonheur? Mais de quel bonheur parle-t-on?
J’aime ma vie professionnelle où je rêve encore et encore de faire de belles choses.
Ah la vie active… La bagarre, les chutes, l’envie d’y aller.
Je l’aimais, ma vie conjugale, où il est vrai nous fûmes si heureux dans notre vie à deux.
Mais voilà, la maladie passa par là et le monde s’écroula…
Il m’en fallut traverser des désespoirs avant de retrouver un jour l’éclat de mes sentiments indemnes.
Je l’aimais, ma petite fille blondinette aux grands yeux bleus dans sa robe à carreau.
Que de jours, que de nuits, que de joies, que de fatigues…
Les années ont passé et là voilà engagée sur les chemins qu’elle se choisit…
Que d’étapes, mille vies. Que d’épisodes auxquels me frotter, me cogner, me polir.
Comme la pierre au fond de la rivière, emportée par la force du courant.
Comme chacun de nous, j’en ai passé des obstacles; j’ai connu des bonheurs et des malheurs.
Comme le saumon, j’en ai remonté des courants de rivières…
Comme le skieur, j’en ai affronté des slaloms pour espérer atteindre la ligne d’arrivée…
Nous sommes tous pareils et c’est avec tout cela que se forme lentement, irréversiblement, ce que j’appellerais notre « tout ». Ce tout auquel nous sommes si attachés, ce « tout moi » constitué de nos réussites et de nos échecs, de nos parts de lumière et de nos zones d’ombre. Toutes ces étapes, tous ces états d’âme suffisent-ils à définir ce que nous sommes, ce qui nous traverse depuis l’enfance, ce qui se joue au plus profond de nos êtres?
Car je pressens, les années passant, indépendamment des événements apparents de ma vie, que je me sens « regardé », « approché » « invité » par une présence mystérieuse qui œuvre… et me rend heureux. Dois-je y voir un lien? Mystère encore…
L’église, l’homélie, la chorale?
Suis-je seul à éprouver cette intuition? D’autres que moi expérimentent peut-être eux aussi cette même impression? Or j’observe que comme moi, nombreux sont ceux qui assistent régulièrement à la messe.
Mais pourquoi donc? Quelles sont leurs motivations? Ceci expliquerait-il cela?
Certaines églises sont certes très belles, d’autres moins! Certaines homélies sont certes remarquables, d’autres médiocres! J’apprécie certains paroissiens, d’autres moins! La chorale alors? Mais non, certains jours elle chante bien, d’autres jours moins… Et pourtant, indépendamment de tout cela, j’éprouve le besoin d’avoir « ma » messe une fois par semaine. Et manifestement, je ne suis pas le seul.
D’année en année, de dimanche en dimanche, je « sirote » ce moment hebdomadaire qui me pénètre comme une « eau de vie » vous réchaufferait la gorge par matinée glaciale. Je « déguste ce pain de vie », symbole mystérieux qui rappelle le partage en communauté humaine, le blé qui germe… Et lève!
L’eucharistie célèbre la résurrection. Qu’en comprendre? Comment y croire? La victoire de la Vie… Mystère insondable qui me titille, me harcèle et se propose à cette part la plus intime de moi, par-delà tout ce que je suis, transcende « ma synthèse », m’invite et m’ouvre la route!
J’en suis là, et quand ce « tout moi » se laisse emmener par cette étrange intuition, apprivoiser par ce mystérieux pressentiment, surprendre par cette impénétrable invitation, et que cela m’accompagne dans tout ce que je vis au quotidien… Alors oui, il s’agit d’un bonheur profond.

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