Marc Leroy – Voir grand en commençant petit


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Marc Leroy – Voir grand en commençant petit
Par Anne-Françoise de Beaudrap
Publié le
6 min

Responsable depuis plus de quinze ans de la pastorale francophone de Koekelberg, d’abord à la paroisse Sainte-Anne, puis à la basilique, le père Marc Leroy, prêtre assomptionniste, a marqué les paroissiens. Rencontre avec un curé charismatique, à la veille de son départ pour une nouvelle mission.

"J’ai essayé de donner le meilleur de moi-même", reconnaît le père Marc Leroy, qui quitte la basilique de Koekelberg ce 28 mai 2023
© Cathobel / AFdB

"Ces derniers temps, j’ai redécouvert Thérèse de Lisieux. J’avais bien sûr lu Histoire d’une âme, mais je n’avais pas réalisé que sa canonisation était liée à la guérison d’une paroissienne de Koekelberg il y a cent ans". Celui qui s’exprime ici n’est autre que le père Marc Leroy, que nous avons interviewé avant son départ de la basilique.

Le responsable de la pastorale francophone de ce lieu confirme: "Je savais que l’évêque m’avait demandé de partir à cause de la longueur du mandat (depuis juin 2006, soit 17 ans). J’ai la certitude que Thérèse de Lisieux va accompagner ce basculement."

De la compassion pour les gens

Le père Marc Leroy quittera la Belgique fin mai pour rejoindre une paroisse francophone de la Haye, aux Pays-Bas. Ce n’est donc pas vers la RD Congo, son pays de naissance, qu’il est nommé. Sa future destination de mission lui a été communiquée le jour de son anniversaire, le 25 avril, qui est aussi le jour de la saint Marc! "Ma tante a eu l’idée de m’appeler Marc comme l’évangéliste qui est fêté ce jour-là."

Ecouter ici l'émission Décryptages pour la journée des vocations

"J’ai de la compassion pour les gens", confie le père Marc Leroy en racontant ses souvenirs y compris ceux de l’enfance dont il n’est pas très fier. Il avoue par exemple avoir volé quelques francs pour acheter des bonbons et les donner à toute sa classe. Donner de la joie, partager un peu de réconfort, voilà qui caractérise le prêtre, même s’il souligne que "voler n’était pas une solution!"

Un deuxième souvenir d’enfance lui revient en mémoire. En séjour dans un sanatorium pour soigner ses problèmes de santé, il est obligé d’écrire à ses parents ce que les religieuses lui dictent. "De là est né un grand désir de justice", insiste-t-il aujourd’hui.

Etre un bon frère avant de devenir prêtre

Le père Marc Leroy témoigne de cette consigne reçue d’un autre prêtre assomptionniste quand il a envisagé la vocation sacerdotale: "Personne ne devient un bon prêtre sans être d’abord un bon frère." Il s’agit donc de faire une expérience d’humanité, avant d’étudier la théologie ou la Bible. "Sinon, il y a le risque de se croire plus haut que les autres", craint le père Marc Leroy.

La dimension communautaire dans la famille des Augustiniens de l’Assomption tient aussi une grande place dans sa vocation. "J’entrais dans une démarche fraternelle où la communauté est évangélisatrice par elle-même. Je ne suis pas sûr que je serais resté s’il n’y avait pas cette communauté de l’Assomption où on se porte les uns les autres dans nos joies et nos peines." Les cinq frères installés à Koekelberg essaient de vivre le maximum de prières et de célébrations ensemble quand leurs apostolats le leur permettent.

Inviter ses voisins à la paroisse

Le passage à la Basilique de Koekelberg (depuis 2006) "m’a marqué", reconnaît le père Marc Leroy. Lui qui ne connaissait pas le quartier quand il a été nommé au départ dans la paroisse Sainte-Anne (l’une des églises de l’UP Père Damien), a appris à le découvrir grâce aux gens de la paroisse. "J’ai essayé de donner le meilleur de moi-même et d’encourager les personnes à ce qu’elles donnent aussi le meilleur d’elles-mêmes." Le prêtre poursuit: "Les paroissiens m’ont fait rencontrer leurs voisins et voisines. Pour moi, chaque lieu de paroisse doit être un lieu fraternel."

Dans ses souvenirs, il ajoute "ne pas être quelqu’un qui va sonner chez les gens. Mais c’est beau quand une communauté paroissiale ose inviter quelqu’un de l’extérieur." Le père Marc Leroy va même plus loin: "Un prêtre ne peut pas suivre tout le monde, mais il peut créer des lieux de relais." Le responsable de la pastorale francophone cite l’exemple des cellules paroissiales d’évangélisation qui sont à chaque fois animées par quelqu’un qui agit comme une "mère ou un père spirituel".

Revenons à cette année 2022-2023 qui marque pour le père Marc Leroy son départ de Koekelberg. "Je comprends aujourd’hui mieux que jamais la spiritualité de Thérèse, je me reconnais dans l’abandon au Seigneur. Ça me nourrit pendant cette année de basculement, malgré les difficultés, les larmes et les colères." Le prêtre reconnaît formuler cette prière en lui-même: "Seigneur, fais ce que tu veux."

Donner le meilleur de soi-même

Son départ de la basilique est décidé pour le 28 mai prochain, trois mois et demi avant la Quinzaine thérésienne dont il a été l’initiateur avec d’autres. Le père Marc Leroy souligne qu’il a vécu quasiment "la même chose [dans l’autre sens]. Je suis arrivé en juin 2006, juste avant Bruxelles Toussaint 2006. En deux-trois mois, j’ai donné le meilleur de moi-même pour monter un programme spécifique à la basilique pour cet événement."

La succession du père Marc Leroy est dévoilée...

Le prêtre assomptionniste est pleinement confiant dans la capacité de ses successeurs, désormais connus: l’abbé Sébastien Dehorter, prêtre de la communauté de l’Emmanuel, et l’abbé Gilbert Yamba.
En conclusion, le père Marc Leroy confie son rêve: "Dans ce monde si fragile, j’espère que beaucoup pourront vivre cette conversion comme Thérèse qui disait: ‘Dieu m’a rendu forte et courageuse’." Avec la sainte, le prêtre assomptionniste recommande de "voir grand en commençant petit".

Il en est ainsi pour la Quinzaine thérésienne: née d’une intuition, elle fait aujourd’hui tache d’huile dans les diocèses et pas seulement à la basilique de Koekelberg. La famille carmélitaine ne savait pas, il y a quelques mois, comment fêter cette année spéciale autour de sainte Thérèse de Lisieux, pour les cent ans de sa béatification et les 150 ans de sa naissance. "Mon souhait consiste à ce que tous, de l’évêque au plus petit croyant, puissent avoir une vision audacieuse comme Thérèse."

Anne-Françoise de BEAUDRAP

"Je comprends aujourd’hui mieux que jamais la spiritualité de Thérèse, je me reconnais dans l’abandon au Seigneur." (Père Marc Leroy, aux côtés de Marie-Agnès Misonne)

A noter:

  • le dimanche 28 mai, dernière célébration eucharistique autour du père Marc Leroy à 10h (Basilique de Koekelberg)
  • du samedi 23 septembre au dimanche 8 octobre aura lieu la Quinzaine thérésienne autour des reliques de Thérèse de Lisieux prêtées par le Carmel de Lisieux. Le programme sur
    www.therese2023.be
Catégorie : Eglise Belgique

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