Qui ne se souvient pas de la Sabena ? Ce fleuron national figure au panthéon de la mythologie belge. Le film Sabena forever voyage sur les souvenirs d'une histoire tantôt glorieuse, tantôt fracturée.
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Le 23 mai 1923, la Société anonyme belge d’exploitation de la navigation aérienne voyait le jour. C'était seulement quatre ans après le lancement des deux premières compagnies de navigation dans le monde, KLM et Avianca, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Une époque où les voyages en avion faisaient rêver, tant par leur dimension exceptionnelle que par les prouesses techniques dont ils témoignaient. Nous étions encore loin d'envisager les pollutions occasionnées… Inscrite dans la mémoire collective, la Sabena a habilement cultivé des valeurs communautaires, ses employés allant jusqu'à se nommer les Sabéniens et revendiquer un esprit de famille. Le choc de la faillite en sera d'autant plus grand, le 7 novembre 2001.
Un miroir de l'histoire nationale
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La réalisatrice du film Sabena forever, Marianne Klaric a choisi de donner la parole à des témoins de première main engagés dans les aventures de la compagnie aérienne. Des archives complètent leurs propos et font resurgir des souvenirs en noir et blanc ou en couleurs. Car des archives, la réalisatrice en a visionné durant des semaines. "Un vrai travail de bénédictin !", nous confie-t-elle.
Son intérêt pour la compagnie d'aviation n'est pas lié à une histoire familiale, mais relève d'un intérêt plus général. "Ambassadrice du pays et image de la Belgique à l'étranger, la Sabena fait partie de notre histoire et a marqué son temps. Elle a été un des plus gros employeurs et sa faillite la plus importante de notre pays. Cette aventure a été extraordinaire, avec l'audace d'un premier vol vers le Congo, l'achat des meilleurs appareils, une excellence reconnue, mais aussi des difficultés financières… Seuls dix-sept exercices ont été rentables en 78 ans d'existence. Son principal handicap était d'être sous-capitalisée. Côté face, il y avait le côté glamour de la compagnie et de l'autre le séisme de la faillite. Pour les gens qui y travaillaient, qu'ils soient navigants ou au sol, c'était tout un monde." La meilleure preuve, c'est que beaucoup d'entre eux sont encore en lien, souligne la réalisatrice.
Mais, la Sabena n'en a pas moins été marquée par des conflits sociaux, comme celui lancé par des hôtesses réclamant de voler au-delà de l'âge de 40 ans. Une exigence d'autant plus forte que les stewards pouvaient poursuivre leur activité professionnelle jusqu'à leurs… 55 ans. "A travail égal, conditions égales. Ce combat est entré dans l'histoire du féminisme belge", estime Marianne Klaric.
Angélique TASIAUX
Avant-première le 15 mai dès 19h au cinéma "Le Stockel", à Woluwe-Saint-Pierre,
diffusion sur La Une le 19 mai à 20h54 dans Le temps d’une histoire.