Le spécialiste des médias considère que le numérique a bouleversé le travail du journaliste. Il estime aussi que l’Eglise se contente trop souvent de communiquer sans s’interroger sur la façon dont son message sera reçu. Et qu’elle devrait adapter le cœur de son message à l’évolution sociétale.

Emission Pleins feux – Première diffusion lundi 22 mai 2023 sur 1RCF Belgique
Professeur à l’UCLouvain, Frédéric Antoine a contribué à la formation de centaines de journalistes. Avec passion, il décortiquait pour eux tout ce qui était diffusé, retransmis, publié, et décodait le fonctionnement des groupes médiatiques. Parallèlement, discrètement, il menait une autre vie: celle de journaliste. Depuis trente ans, il dirige L’Appel, « un magazine chrétien de l’événement ». De longue date, il s’interroge sur la façon de faire résonner les voix de l’Evangile dans le monde des médias. Tout en ayant pris quelque distance avec l’institution ecclésiale…
Depuis cinquante ans, vous observez et pratiquez le monde des médias. Quels sont les changements qui vous semblent les plus marquants?
D’un point de vue technique, le changement est énorme. Le basculement de l’analogique au numérique a permis de quitter l’artisanat. La numérisation a transformé la façon de produire des articles et de les corriger. J’ai connu l’époque où il fallait dicter ses articles à une secrétaire. Ou les envoyer par télex. Aujourd’hui, dès que l’article est rédigé, on peut le mettre en ligne. Sans même qu’il ait été relu!
Une bonne chose?
En termes de contrôle, c’était mieux avant. On faisait moins confiance à tout le monde pour produire quelque chose d’acceptable. Aujourd’hui, la coordination globale a diminué, on fonctionne beaucoup plus par productions individuelles. Avec le numérique, l’auteur d’un contenu devient quasiment le producteur de l’ensemble de la chaîne. Le journaliste est présent à chaque étape, ce qui veut dire aussi que sa responsabilité devient totale. En télévision, c’est patent. Avant, les équipes pouvaient être composées d’un preneur de son, d’un éclairagiste, d’un cameraman et d’un journaliste. Les images passaient ensuite chez un monteur, puis on pouvait encore faire de la post-production. Aujourd’hui, dans certains cas, on a seulement un journaliste reporter d’images, qui, en plus, doit travailler dans un délai très court. Internet a aussi provoqué un autre changement: bien souvent, il a fait disparaître la logique d’édition.
Propos recueillis par Vincent DELCORPS

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