
On nous dit que c’est nécessaire et évident. Une prise en compte de l’évolution sociétale. Une façon de promouvoir les droits des femmes. Une manière d’être à la pointe. De favoriser le progrès. Et qu’en plus, les experts sont unanimes…
On nous dit aussi que si on n’est pas d’accord, c’est qu’on est sous la coupe de croyances religieuses. Que dans ce cas, on est mal placé pour parler de ces questions. Qu’on devrait plutôt s’occuper de nos propres affaires. Que nos sorties sont mal senties. Que nos timings sont suspects. Et que derrière nos airs de ne pas y toucher, ce qu’on veut vraiment, c’est le retour des bûchers – on exagère à peine…
La ligne est claire: égalité, progrès et liberté d’un côté; discrimination, conservatisme et oppression de l’autre. Qu’il est puissant, cet imaginaire! Et qu’il est difficile de le déconstruire. Sans doute voudrions-nous parfois crier à l’injustice. Au scandale! Leur envoyer qu’ils n’ont rien compris. Que ceux qui sont vraiment libres, c’est nous. Que ceux qui sont franchement dogmatiques, c’est eux. Et que, puisque c’est comme ça, on n’a peut-être plus grand-chose à se dire…
A quelques jours du Dimanche des médias, et comme chaque semaine, c’est le pari inverse que fait votre journal. Non pas abandonner le débat. Mais prendre le temps. D’abord de s’informer, de nous laisser éclairer sur des questions complexes. Et puis de dialoguer. Donner la parole à ceux dont on se sent proches, nous mettre à leur écoute. Mais traverser les frontières aussi. Car n’oublions pas que ces frontières, qui nous condamnent à l’isolement, sont aussi celles qui nous empêchent de faire entendre plus loin la Bonne Nouvelle.
Bien désireux de ne pas rompre ce précieux fil, nous voulons donc vous écrire, chers amis de tous bords, que l’avortement n’est pas une question qui nous obsède – les défis de notre temps ne manquent pas! Mais la façon dont notre société évolue, sur cette question comme sur d’autres, suscite notre inquiétude. Nous redoutons le délitement de valeurs telles que le respect de la fragilité, le sens des responsabilités, l’engagement, la fidélité ou la vie. Nous craignons une sacralisation de la liberté et de la jouissance individuelles. Ces évolutions ne nous semblent pas contribuer à rendre nos contemporains plus heureux. Telle est pourtant bien la voie dans laquelle nous voulons continuer à nous engager. Avec vous.
Vincent DELCORPS
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