
C’était donc la Brussels Pride ce samedi. Peut-être peinons-nous à percevoir à quel point nous pouvons être fiers de vivre dans une société où chaque personne peut librement afficher son orientation sexuelle. La chose est exceptionnelle, à l’échelle du temps (une gay pride aurait été impensable il y a 30 ans) comme de l’espace (elle le serait toujours dans bien des pays).
Cela a été rappelé: cette fierté ne doit pas nous faire oublier la discrimination dont sont encore victimes des personnes en raison de leur genre ou de leur orientation. En tant qu’homme blanc, hétérosexuel, c’est d’ailleurs avec une humilité toute particulière qu’il me faut aborder ces questions.
Ces constats ne doivent pas pour autant nous empêcher de cultiver notre esprit critique. En l’occurrence, trois éléments nous laissent quelque peu perplexes.
1) Un paradoxe tout d’abord. Il est frappant de constater le poids dont bénéficient aujourd’hui ces… minorités. Sur les réseaux sociaux, pas un mandataire ne se serait permis de ne pas afficher son drapeau arc-en-ciel la semaine passée. Dans les rues, pas un parti n’aurait osé ne pas défiler ce samedi. Dans l’industrie du cinéma, difficile d’exister encore si l’on ne promeut pas activement la diversité LGBTQIA+. Ne frôle-t-on pas parfois l’excès? Ou la disproportion vis-à-vis d’autres causes? Qu’en penseraient les habitants de l’Est du Congo, les sans-papiers de Bruxelles ou les chrétiens d’Orient?
2) Un risque. La semaine dernière, un bourgmestre bruxellois a été qualifié d’homophobe pour avoir refusé de draper d’arc-en-ciel les passages pour piétons de sa commune. Et là, on se demande quand même un peu dans quel monde on vit! Demain, qualifiera-t-on de climato-sceptique celui qui refuserait de peinturlurer ses lampadaires en vert?
3) Un rêve enfin. Abrosexuels, agenres, allosexuel… Aujourd’hui, chaque groupe revendique son identité spécifique – et son drapeau! Par souci de ne froisser personne, la société doit-elle se plier aux desiderata de chacun et supprimer toute référence aux identités majoritaires? Certains discours le laissent entendre – et nous le font craindre. Saint Paul nous offre une parade: « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme », nous dit-il. La fraternité universelle ne pourrait-elle servir de remède aux dérives de notre temps? « Car tous vous êtes un en Jésus-Christ », ajoutait l’homme de Tarse.
Vincent DELCORPS

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