
La société tente parfois de nous faire croire que l’essentiel, c’est le résultat. Atteindre des objectifs, gagner des parts, franchir des lignes d’arrivée, terminer à temps, répondre aux attentes, boucler les projets: tels seraient les véritables buts de nos vies. Et si la société n’a pas entièrement raison, elle n’a pas pour autant complètement tort: atteindre un objectif, individuellement ou collectivement, peut être source d’une grande satisfaction.
Il n’empêche que ce précepte séculaire ne pourrait se suffire à lui-même, et qu’il convient de le compléter par une maxime ancienne: l’idée selon laquelle l’essentiel résiderait moins dans le but que dans le chemin. Cette idée n’est pas seulement suggérée à celles et ceux qui prennent la route de Saint-Jacques ou d’ailleurs. Elle peut inspirer chacune de nos vies. Elle nous invite à cueillir l’instant présent, à ne pas attendre l’arrivée pour goûter la vie qui se donne. Elle nous invite à nous arrêter, à regarder de temps en temps en arrière. A nous émerveiller de la route. A constater que malgré les détours, un tracé apparaît. A observer que la route peut être synonyme de croissance. Que bien des fruits se donnent avant d’avoir atteint la destination. A accepter, parfois aussi, de ne pas obtenir le résultat que l’on avait escompté.
Il n’empêche que ces deux préceptes ne pourraient se suffire à eux-mêmes, et qu’il convient de les compléter par une troisième idée. Car si le chemin importe peut-être davantage que le résultat, il est une chose qui le surpasse encore. Il s’agit de l’appel suprême. Ce que l’on appelle la vocation.
La vocation est souvent présentée comme un choix particulier. Pour certains, il s’agira de suivre le Christ à travers la vie consacrée. Pour d’autres, ce sera la vie d’époux et de parent. D’autres encore considèrent leur travail comme une véritable vocation – bon nombre de médecins ou d’enseignants peuvent sans doute en témoigner.
Tout cela est très vrai et très beau. Mais tout cela ne doit pas nous faire oublier qu’au-delà des trajectoires particulières existe une vocation première. Une vocation à laquelle tout homme et toute femme est appelé. C’est la vocation de l’amour. Créé par amour, l’être humain est appelé à aimer.
Et peu importent les résultats qui seront engrangés.
Et peu importe le chemin qui sera emprunté.
Tant qu’il permet à la personne d’aimer.
Vincent DELCORPS