Iraq’s invisible beauty, documentaire aux superbes images, parcourt l’Irak en compagnie de Latif al Ani, le « père de la photographie irakienne », alors âgé de 86 ans.

Quand on parle de l’Irak, on pense généralement à la guerre. On a en tête les images des villes détruites diffusées dans les journaux télévisés. Des visions de chaos et de vies brisées. Cela fait en effet maintenant plus de soixante ans que ce pays du Proche-Orient enchaîne les conflits. On oublie donc qu’il a été une nation prospère, promise à un bel avenir. Pour se souvenir des jours meilleurs, rien de tel que les photographies. Nous en venons au thème de ce documentaire réalisé par le Belgo-Kurde Sahim Omar Kalifa. Iraq’s invisible beauty se penche en effet sur le travail de Latif al Ani, connu comme « le père de la photographie irakienne ». Pendant cinq ans, le réalisateur a suivi cet homme de 86 ans. Ils ont traversé ensemble sa terre natale à la recherche des lieux qu’il a photographiés à l’époque.
Pendant trente ans, bien avant que les guerres ne détruisent son pays, Latif al Ani a voyagé aux quatre coins de l’Irak. Il a immortalisé des paysages sensationnels, des scènes de vie d’une patrie cosmopolite alors en plein âge d’or. La majorité de ses magnifiques clichés en noir et blanc pris entre 1950 et 1970 ont malheureusement disparu. Mais certains existent toujours, témoignant de la complexité de cette nation. Latif al Ani a capturé la vie culturelle foisonnante, les industries florissantes, la modernisation galopante, mais aussi les monuments anciens et même des vues aériennes de l’exploitation pétrolière. Il a rencontré une multitude de personnes, a vécu des expériences incroyables. Malgré tout, il a cessé son activité de photographe face à l’oppression du régime mené par Saddam Hussein. Il avait alors perdu tout optimisme quant au futur de l’Irak.
L’histoire d’un homme et de son pays
Latif al Ani nous raconte tout cela en arpentant les ruines de son pays. Il montre un ancien cinéma, se souvient de ces belles années où il a véritablement contribué à l’essor de la photographie irakienne. Il y a donc une atmosphère très nostalgique dans ce documentaire. En chemin, le vieil homme partage ses souvenirs avec de jeunes Irakiens qui ne peuvent pas croire que ce monde a existé un jour. Le film glisse alors vers la transmission intergénérationnelle. En naviguant du passé au présent, il constitue un rappel émouvant de la grandeur d’un pays ainsi qu’un hommage à un archiviste et photographe dont on découvre la vie personnelle, aussi mouvementée et dramatique que celle de son pays.
Ce documentaire a donc une portée testamentaire car il retrace le dernier voyage de Latif al Ani, décédé en 2021 à l’âge de 89 ans. On peut le compléter dans quelques semaines avec le film Baghdad Messi (en salles le 17 mai). Une fiction inspirée de faits réels qui raconte le parcours d’un jeune garçon passionné de football qui a vu ses rêves stoppés net quand on a dû l’amputer d’une jambe après un attentat. Deux visions de l’Irak, celle du passé et celle du présent, mais qui transmettent un même message de résilience. Car vers la fin de son périple, Latif al Ani réalise que tout espoir n’a pas été détruit en Irak. Et que les générations futures sont prêtes à reconstruire leur
beau pays.
Elise LENAERTS

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