
« Qui provoque le dégoût physique, la répugnance. Qui provoque la répulsion morale », indique le Larousse lorsqu’on l’interroge sur le mot « dégoûtant ». Un mot que Marc Uyttendaele a utilisé la semaine dernière, dans le journal Le Soir, pour dénoncer le fait que « l’Eglise catholique réserve la fonction de ministre du culte aux seuls hommes ».
Avocat au barreau de Bruxelles, professeur de droit à l’ULB, Marc Uyttendaele est un fin connaisseur du modèle fédéral belge. Il est aussi un homme engagé. De longue date, il se bat pour une certaine vision (« universaliste ») de la neutralité, s’opposant notamment au financement public des cultes et de la laïcité organisée. La semaine dernière, cohérent avec lui-même, il reprenait son refrain: l’argent public (« vos impôts, mes impôts ») ne doit pas servir à financer « des organismes discriminatoires ».
Si sa thèse est respectable, les mots choisis, eux, sont regrettables. Pour deux raisons.
1) Marc Uyttendaele a tort. En effet, l’Eglise ne réserve pas la fonction de ministre du culte aux hommes. Déjà en 2019, 19% des ministres du culte étaient des femmes! Et depuis lors, la féminisation s’est accentuée. Rappelons que si tous les prêtres sont des hommes, de nombreuses femmes exercent d’importantes responsabilités dans l’Eglise belge (présence dans les conseils épiscopaux, présidence de mouvements de laïcs, direction d’unités pastorales…).
2) Choquant, désolant, discutable, regrettable, contraire à mes convictions… La richesse de notre langue offrait au juriste l’embarras du choix. Pourquoi donc parler de « dégoût ». Pour choquer? Pour blesser? Pour caricaturer? Certainement pas pour promouvoir un dialogue empli de respect.
Rappelons au passage que Marc Uyttendaele est un proche du Parti socialiste. Un parti qui prône surtout l’égalité mais qui n’a jamais eu pour président que des hommes. Un parti qui a largement contribué à l’exercice du pouvoir en Belgique: au cours de son histoire, il a fourni cinq Premiers ministres, neuf ministres-présidents wallons et deux ministres-présidents bruxellois. Mais, parmi ces illustres dirigeants, ne figure aucune femme.
Un parti qui bénéficie d’une dotation publique. Ce qui signifie qu’il fonctionne grâce à vos impôts, mes impôts.
Marc Uyttendaele trouve-t-il cela dégoûtant? Nous n’en savons rien. Mais pour notre part, nous trouvons cela choquant, désolant, discutable, regrettable. Et contraire à nos convictions.
Vincent DELCORPS

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