Le documentaire Holding up the sky pénètre dans la forêt amazonienne, à la rencontre des chamans qui alertent sur les dangers qui pèsent sur notre planète.

« Le jour où les chamans arrêteront de danser et où l’équilibre de la vie dans les forêts tropicales sera perdu, le ciel tombera et écrasera tout. » Cette vieille croyance est transmise de génération en génération au sein du peuple Yanomami, en Amérique du Sud. Telle une prophétie, cette sagesse est de plus en plus d’actualité. Les chercheurs d’or polluent les cours d’eau, les chamans meurent, la forêt se réduit et la terre se réchauffe. En Occident, certains se voilent la face. Parmi les chamans Yanomami, en revanche, l’inquiétude est unanime.
Après être parti en Bolivie, sur les plateaux de la cordillère des Andes pour tourner Samuel in the clouds, le réalisateur flamand Pieter Van Eecke s’est dirigé vers l’Amazonie. Ses deux documentaires gardent comme fil conducteur le changement climatique. Alors que le premier montrait les glaciers millénaires à haute altitude fondre à une vitesse vertigineuse, le second s’enfonce dans la verdure des forêts tropicales. Elles aussi sont menacées, comme nous le savons, par l’activité humaine. Déforestation, pollution, les menaces sont de plus en plus présentes. Pour nous guider, le réalisateur s’est adressé à ceux qui vivent dans ces forêts, les indigènes. Il donne plus particulièrement la parole à Davi Kopenawa, un chaman devenu le porte-parole des Yanomami. Cela fait plus de quarante ans qu’il alerte sur les conditions de vie de son peuple.
Une lutte au-delà de son pays
Holding up the sky suit cet homme dans son combat pour sensibiliser l’Occident aux désastres que ses actions provoquent dans la région. Quand le président brésilien Bolsonaro a annoncé que les industries pouvaient s’installer en Amazonie, sur le territoire des Yanomami, Davi Kopenawa et son fils Dario ont décidé d’élargir leur action au niveau international. On le voit donc à la fois chez lui, au cœur de ce formidable décor verdoyant mais aussi face aux représentants des associations internationales partout dans le monde. On assiste à ses discours dans lesquels il partage ses valeurs, sa vision du monde. Pour lui, il faut vénérer cette terre. Il ne comprend donc pas pourquoi « l’homme blanc » refuse de voir les désastres qu’il cause à la nature.
On découvre également comment l’industrialisation, la modernisation, l’exploitation des ressources, les projets de développement comme les barrages hydroélectriques ou encore la destruction de la faune et de la flore perturbent les modes de vie et les traditions des communautés autochtones. Les récits de ces peuples menacés offrent une réflexion sur notre rapport à la nature et à l’autre. Nous semblons prêts à tout sacrifier pour ce que nous appelons « le progrès ». Mais quel sera le prix à payer? Holding up the sky tente d’ouvrir notre regard, grâce à une alternance d’images superbes et dramatiques. Il tente d’ouvrir nos oreilles aux discours de ces chamans qui se battent pour défendre leur culture et leurs traditions. Mais aussi notre monde à tous, qu’il est encore temps de sauver…
Elise LENAERTS

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