Aujourd’hui, les Arméniens et leurs alliés commémorent le génocide arménien d’il y a 118 ans, non sans voir des parallèles avec l’agression azerbaidjanaise de nos jours vis-à-vis de l’Arménie et de l’Artsakh en particulier.
Benoit Lannoo & Artak Poghosyan
Le Catholicos et Patriarche suprême de tous les Arméniens, Garéguine II Nersissian, n’a pas l’habitude de parler souvent à la presse. Mais quelques jours avant la commémoration du génocide arménien de ce 24 avril, il a quand même tenu à exprimer ses craintes. "Il n’y pas d’avenir pour les Arméniens d’Artsakh sous la domination de l’Azerbaïdjan", a-t-il déclaré. La situation actuelle de l’enclave arménienne sur le territoire azerbaïdjanais ne peut mener qu’au « nettoyage ethnique », d’après le prélat d’Etchmiadzin, le siège de l’Église apostolique arménienne.
La République Autonome d’Artsakh attend sa reconnaissance
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, ne cache par ailleurs jamais que sa seule intention est de mettre fin à la présence arménienne dans le Caucase méridional et donc « d’achever » le projet génocidaire entamée par les Jeunes Turcs il y a plus d’un siècle. C’est pourquoi il est incompréhensible que personne en Occident ne semble se préoccuper du blocage depuis le 12 décembre dernier du corridor de Latchine, le seul accès cette enclave du Haut-Kharabagh qui se dénomme République Autonome d’Artsakh mais dont aucun pays au monde n’a reconnu l’autonomie.
Car, que l’autonomie de l’Artsakh soit reconnue ou pas, ne change rien au fait que le libre-passer de toutes personnes et tous véhicules via le corridor de Latchine devrait être garanti – la Cour internationale à La Haye l’a encore une fois ordonné mi-février. Or, cela n’est nullement le cas ; depuis plus de quatre mois, 120.000 arméniens vivent dans l’isolement total. La Croix Rouge Internationale passe de temps en temps par le corridor pour rapatrier les pires malades vers Érevan, mais c’est tout. À Stepanakert, capital de l’Artsakh, il y a pénurie de médicaments, de vivres, etc.
A Bruxelles aussi, on commémore le génocide arménien
Le génocide arménien a été commémoré ce matin, comme d’habitude, à Ixelles avec une cérémonie liturgique à l’église apostolique arménienne Sainte-Marie-Madeleine et une cérémonie civile devant le Mémorial du génocide arménien à la Place Henri Michaux. A 14 heures, les Arméniens ont organisé une marche au départ de la cathédrale des Saints Michel et Gudule au centre-ville. Les participants n'ont pas manqué de dénoncer la situation en Artsakh. Ainsi que le silence de l’opinion publique, du monde politique et des médias sur cette catastrophe humanitaire.