Récemment, je surprenais une conversation entre deux contrôleurs de train: « Avant, chez moi, j’avais des haies. J’ai tout retiré et installé une clôture et une barrière électrique pour être tranquille. » Comme c’était la veille du Carême, je me demandai: « Ce collecteur d’impôts se prépare-t-il pour, sans se faire remarquer de ses voisins, donner aux pauvres, prier et jeûner? » (Mt 6,1).
Devinant mes pensées, il continua: « Pour vivre heureux vivons cachés, c’est vraiment génial! » Appelons Adam cet humain qui cherche des cachettes (Gn 3,10). J’avais ma réponse: cet homme voulait s’isoler, pour son plus grand bonheur. Pourtant, Dieu nous invite à une récompense, mais autrement: entrer en relation, plutôt que nous replier. Dans Laudato si’, le pape François explique: « Plus la personne humaine grandit, plus elle mûrit et se sanctifie à mesure qu’elle entre en relation, quand elle sort d’elle-même pour vivre en communion avec Dieu, avec les autres et avec toutes les créatures. » (240)

Changer de voie
Voilà notre contrôleur mal embarqué, lui qui scalpa les haies du jardin pour élever des clôtures synthétiques plus hautes. Soyons humbles: il nous arrive à tous de négliger nos relations fondamentales. Pour honorer tout ce qui vit et respire de divin, d’humain et de terrestre, nous devons nous laisser entraîner par un mouvement dynamique appelé la conversion écologique. Comparable au tourbillon entraînant dans des parcs aquatiques ou à l’eau qui tournoie au fond de l’évier, la force de la conversion écologique, c’est la grâce de Dieu qui agit. Cette conversion consiste à « laisser jaillir toutes les conséquences de la rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui nous entoure » (LS 217).
Bingo, Adam – nous sommes tous Adam – peut retrouver de l’espérance! Le Carême est un temps de conversion. Soigner la terre, la dépolluer passe par nettoyer ses terres intérieures, se transformer soi-même. C’est le sens d’un Carême Laudato si’ (1), par exemple avec le parcours « ’Detox’ la terre ». Il demande de revoir notre manière de consommer, de jeûner dans quatre secteurs: alimentation, transport, achat et digital, logement. Changer d’attitude et de comportement, non pour faire plaisir à Dieu ou pour sauver le monde mais pour répondre à la grâce de l’appel à la sainteté (2Tm 1,9).
La joie de construire ensemble le Royaume
Or, Adam n’était pas seul. Le péché écologique est aussi structurel, collectif. Qui n’a pas accusé le gouvernement ou les multinationales? J’avoue, jadis, avoir dénoncé: « C’est la faute des banques ». Depuis, j’ai changé de banque pour ne plus être complice malgré moi d’un système qui blesse la terre et les pauvres, et pour panser cette blessure sur laquelle se construit le Royaume. « La conversion écologique requise pour créer un dynamisme de changement durable est aussi une conversion communautaire » (LS219). A vivre en famille, en entreprise, en association, en paroisse, en équipe d’animation aussi.
Préparant un camp d’été, une animatrice dit: « L’écologie, je veux bien, mais intégrale, non: pas trop de limites! »; appelons Eve cette humaine qui brave l’interdit (Gn 3,6). Mais l’Ecriture du jour est claire: « Hommes et bêtes, chacun se détournera de sa conduite mauvaise » (Jon 3,8) et « Lave-moi tout entier de ma faute » (Ps 50,4). Demain, alors que le peuple de Dieu est en danger, Esther dira: « Libère-nous de la main de nos ennemis; rends-nous la joie après la détresse et le bien-être après la souffrance » (Est 4,17). Alors que l’humanité détruit les conditions d’habitabilité sur Terre, nos ennemis se nomment égoïsme, avidité, apathie. C’est l’amour pour Dieu, les autres et la création qui nous aide à les vaincre. C’est la joie, le bien-être intérieurs et partagés qui sont signes de la victoire. C’est la grâce de la conversion écologique qu’il nous faut demander à Dieu et réaliser dans toutes les dimensions de nos vies, que l’on s’appelle Adam ou Eve.
Joaquim LESNE, animateur pastoral pour l’écologie intégrale au diocèse de Liège
(1) https://maisoncommune.be/ton-careme-avec-laudato-si
Formation – Un monde nouveau avec Laudato si’
Du dimanche 26 au vendredi 31 mars, vivez une conversion écologique pour comprendre ce qui se passe dans le monde, retrouver l’espérance et passer à l’action dans votre vie quotidienne.
– Formation en écologie intégrale, topos, témoignages, ateliers
– Redessiner sa vie, temps de partage, outils d’accompagnement et de discernement
– Travail sur le champ avec Vent de Terre, coopérative maraîchère en agroécologie, partage d’expérience sur l’organisation en collectif et la place de l’humain dans l’économie.
– Prière dans la Création, offices et temps spirituels, des enseignements
Organisé par la Communauté du Chemin Neuf, Vent de Terre et des référents diocésains de l’écologie intégrale. Le parcours mêle spiritualité ignatienne, écologie intégrale à partir de l’encyclique Laudato si’, agroécologie, exercices du Travail Qui Relie, outils de connaissance de soi.
Prix: 250-400€, selon les moyens.
Inscriptions: www.chemin-neuf.be
Tel.: 04.365.10.81 – mehagne@chemin-neuf.be

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