Ce 21 mars, se tenait une séance académique à la KULeuven pour marquer les cinquante ans de la restitution du catéchuménat. Eclairage sur cette institution en réalité aussi ancienne que l’Eglise.

Le 6 janvier 1972, est officiellement publié l’Ordo iniationis christianae adultorum (OICA) dont la rédaction a abouti à un processus rituel qui implique l’Eglise, les communautés locales et les catéchumènes, grâce à des rites et des textes chargés d’histoire.
Après une éclipse de treize siècles, le catéchuménat a donc été restauré dans la foulée de Vatican II. L’Eglise catholique se questionne alors sur le baptême des adultes. Depuis cette époque, l’initiation chrétienne est devenue une notion théologique de référence. Le rituel (RICA) comporte plusieurs étapes liturgiques entrecoupées de temps de pause, de réflexion, de « digestion ».
Les catéchumènes vivent (au moins) une année liturgique complète, rythmée par les rites que sont l’entrée en catéchuménat, l’appel décisif, les scrutins (pendant le Carême) et enfin le baptême lors de la Veillée Pascale.
Le catéchuménat, entre richesses et défis
« Le catéchuménat, c’est l’accueil et l’accompagnement des personnes qui, à l’âge adulte ou adolescent, demandent soit le baptême soit une initiation chrétienne, parfois interrompue, qu’elles aimeraient poursuivre« , nous explique Christine Merckaert, responsable du catéchuménat dans le diocèse de Tournai.
Beaucoup de gens ignorent encore que les sacrements ne sont pas conditionnés à un âge, et qu’ils peuvent donc être délivrés à n’importe quel moment de la vie. « C’est quand une maman demande le baptême pour son enfant, ou quand un couple se prépare au mariage que certaines personnes découvrent qu’elles peuvent elles aussi demander à être baptisées« , raconte Christine.
Le rituel permet de mesurer l’exigence du choix du baptême
Le catéchumène s’engage alors dans un parcours, rythmé par des étapes liturgiques, qui éveille parfois l’incompréhension, mais plutôt dans le camp des « vieux baptisés » qui n’en comprennent pas l’utilité. Or, souligne avec insistance Christine Merckaert, la demande de baptême d’un adulte nous interpelle sur ce que signifie être chrétien aujourd’hui. « Avant, nous étions chrétiens de naissance, par tradition, par habitude, mais aujourd’hui, dans notre société sécularisée, il nous faut mesurer l’exigence d’un tel choix. » Et s’émerveiller de ce que le rituel propose de vivre pour le découvrir, ajoute-t-elle.
Pendant un certain temps, différent selon le candidat, le catéchumène chemine à son rythme, accompagné par un prêtre et un(des) laïc(s), pour savourer la découverte mais aussi pour s’insérer dans une communauté locale dont le rôle est essentiel.

Les communautés découvrent leur capacité d’engendrer
« Le Seigneur envoie, la communauté accueille« , nous rappelle Christine. Car, « la demande de baptême d’adulte est aussi une interpellation de nos communautés. » Celles-ci doivent s’emparer du rôle qui est le leur. « Quand le rituel est bien mis en œuvre, ça porte du fruit. Les communautés découvrent qu’elles sont capables d’engendrer, et vivent cette expérience fondatrice des premiers siècles du christianisme où seuls les adultes étaient baptisés. » Un remède aussi peut-être contre la morosité actuelle face à une Eglise fragilisée et la tentation de la nostalgie d’un passé « glorieux », estime Christine Merckaert.
La période qui suit le catéchuménat devrait par ailleurs faire l’objet d’une attention particulière. Pour éviter tout sentiment d’abandon et de vide. C’est pourquoi, d’après sa longue expérience, Christine conseille aux équipes accompagnatrices de prévoir plusieurs dates, rencontres après le baptême. Notamment aussi pour consacrer du temps à la relecture de la célébration et du rite pour qu’ils prennent sens dans la vie quotidienne. C’est ce qu’on appelle le temps de la mystagogie.
Un demi-siècle après la restitution du catéchuménat, est-ce qu’on en a fait le tour? « Non, il reste encore à recevoir« , affirme la responsable diocésaine.
Hier comme aujourd’hui, c’est Dieu qui appelle
Les chiffres montrent une lente mais significative augmentation des baptêmes d’adultes ces dernières années. En partie due à l’ouverture du catéchuménat aux adolescents à partir de 13-14 ans. Ceux-ci suivent le même parcours, mais avec une catéchèse adaptée, pointe Christine Merckaert.

Mais face à des parents souvent rebutés par « trop de complication », « il faut pouvoir déterminer qui demande et qui demande quoi ». Encore beaucoup trop de personnes perçoivent le baptême comme une formalité, une simple régularisation, regrette Christine. Or, la question fondamentale à se poser est: qu’est-ce qui fait devenir chrétien? le baptême? la foi? l’engagement? les sacrements?
Aujourd’hui, dans le lot de catéchumènes, on compte toujours beaucoup d’étudiants africains, mais la part d’autochtones croît chaque année. Ce sont majoritairement des adultes qui ont baigné dans une culture chrétienne, car de plus en plus de parents veulent laisser le choix à leurs enfants. La moyenne d’âge diminue aussi sensiblement, aux alentours de 25-30 ans, remarque Christine.
Et d’insister: « Il n’y a pas de petites ou de grandes, de bonnes ou de mauvaises motivations derrière les demandes de baptêmes, Dieu nous envoie les catéchumènes, tous les profils sont beaux, nous n’avons pas à juger l’événement qui déclenche leur démarche. »
Car, en définitive, comme beaucoup de catéchumènes, nous devons prendre conscience que celui qui est à l’œuvre, c’est Dieu, c’est Lui qui appelle, qui a toujours appelé et qui continue de le faire.
Sophie DELHALLE
ℹ En savoir plus sur la démarche ? Consultez le site baptemeadulte.be