Ce vendredi 24 mars, le Dicastère pour le dialogue interreligieux publie son message à destination des musulmans. Cette année l'accent est mis sur l'attitude des croyants chrétiens et musulmans, "Promoteurs d’amour et d’amitié"
Chers frères et soeurs musulmans,
Le mois du Ramadan est important pour vous, mais aussi pour vos amis, voisins et croyants d’autres religions, en particulier les chrétiens. Les amitiés existantes sont renforcées et d’autres sont construites, ouvrant la voie à une coexistence plus pacifique, harmonieuse et joyeuse. Cela correspond à la volonté divine pour nos communautés et, en vérité, pour tous les membres et communautés de l’unique famille humaine.
Nous sommes conscients, chers amis, que la coexistence pacifique et amicale est confrontée à de nombreux défis et menaces : l’extrémisme, le radicalisme, les polémiques, les disputes et la violence à motivation religieuse. Ces menaces sont alimentées par une culture de la haine. Nous devons donc trouver les moyens les plus appropriés pour contrer et vaincre une telle culture, en renforçant plutôt l’amour et l’amitié, en particulier entre musulmans et chrétiens grâce aux liens qui nous unissent. C’est pourquoi nous avons estimé opportun de partager avec vous quelques réflexions à ce sujet, en espérant recevoir également les vôtres.
Des différences perçues comme une menace
Tout commence par notre attitude les uns envers les autres, en particulier lorsqu’il existe entre nous des différences de religion, d’ethnie, de culture, de langue, ou en matière de politique.
Les différences peuvent être perçues comme une menace, mais chacun a droit à son identité spécifique avec ses diverses caractéristiques, sans pour autant ignorer ou oublier ce que nous avons en commun : "Tous les peuples forment, en effet, une seule communauté ; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le genre humain sur toute la face de la terre ; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut s’étendent à tous, jusqu’à ce que les élus soient réunis dans la Cité sainte que la gloire de Dieu illuminera, et où tous les peuples marcheront à sa lumière" (Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes, Nostra Aetate, 28 octobre 1965, n. 1).
Quelle communication numérique ?
Les attitudes et comportements négatifs à l’égard de ceux qui sont différents de nous sont malheureusement nombreux : suspicion, peur, rivalité, discrimination, exclusion, persécution, polémiques, insultes, médisances, pour n’en citer que quelques-uns.
Les plateformes de médias sociaux sont des espaces communs pour ces comportements dommageables, qui les détournent de leur rôle de moyen de communication et d’amitié pour devenir des instruments d’inimitié et de combat. À cet égard, le pape François a déclaré : "En même temps que les gens préservent leur isolement consumériste et commode, ils font le choix d’être de manière constante et fébrile en contact. Cela favorise le foisonnement de formes étranges d’agressivité, d’insultes, de mauvais traitements, de disqualifications, de violences verbales qui vont jusqu’à détruire l’image de l’autre, dans un déchaînement qui ne pourrait pas exister dans le contact physique sans que nous ne finissions par nous détruire tous. L’agressivité sociale trouve un espace d’amplification hors pair dans les appareils mobiles et les ordinateurs" (Fratelli Tutti, 3 octobre 2020, n. 44).
Les attitudes opposées des comportements négatifs à peine mentionnés sont le respect, la bonté, la charité, l’amitié, l’attention mutuelle pour tous, le pardon, la coopération pour le bien commun, l’aide à tous ceux qui sont dans le besoin, le souci de l’environnement, afin de faire de notre « maison commune » un endroit sûr et agréable où nous pouvons vivre ensemble dans la paix et la joie.
Nous ne pouvons pas empêcher et contrecarrer la culture de la haine et, en revanche, promouvoir une culture d’amour et d’amitié, sans une solide éducation des générations futures dans tous les espaces où elles sont formées : en famille, à l’école, dans les lieux de culte et sur les médias sociaux.
Un monde où règnent la justice, la paix, la fraternité et la prospérité plaît au Tout-Puissant et apporte la joie, sollicitant ainsi notre engagement sincère et commun.
Puissiez-vous, chers frères et sœurs musulmans, vous réjouir des abondantes bénédictions du Tout-Puissant pendant le Ramadan et célébrer ‘Id al-Fitr dans la joie provenant de la fidélité et de l’amour du Tout-Puissant et de toutes les personnes avec lesquelles vous vivez ou que vous rencontrez.
Du Vatican, 3 mars 2023
(Titre, chapô et intetitres de la rédaction Cathobel)