Après Steven Spielberg il y a deux semaines, c’est au tour d’un autre grand cinéaste, Sam Mendes, de déclarer son amour pour le 7e art. Empire of Light nous ramène dans les années septante, dans le cinéma d’une petite station balnéaire anglaise.

Sam Mendes, le réalisateur de 1917, Les noces rebelles, Skyfall et American Beauty témoigne de sa passion à travers son nouveau film, Empire of Light. Élevé par une maman atteinte de troubles mentaux, le réalisateur britannique a rapidement trouvé refuge dans le cinéma qu’il considère comme une deuxième famille.
Il ne nous raconte pas son enfance mais on sent un côté très personnel dans cette histoire d’une ouvreuse de cinéma bipolaire qui n’a comme point de repère que le cinéma dans lequel elle travaille. « Je n’ai pas grandi dans une famille fonctionnelle. Le théâtre, le cinéma et le sport ont été comme mes familles pendant ma jeunesse. Le cinéma fait office de croisée des chemins pour des gens de différentes générations qui, d’une certaine manière, ne se verraient jamais autrement. C’est ce qui me plaît. C’est complètement mon expérience personnelle », a confirmé Sam Mendes à l’AFP.
Empire of light a donc un côté très personnel, intimiste même. Il nous plonge dans les années septante, dans une station balnéaire de la côte britannique. Le cinéma apparaît comme un phare dans ce lieu où le soleil pointe timidement le bout de son nez et où les touristes se font rares. Hilary (la formidable Olivia Colman, Oscar de la meilleure actrice pour La favorite en 2019), la petite cinquantaine, travaille comme responsable des billets dans ce majestueux édifice. On la sent fragile, elle discute peu avec ses collègues et rentre seule le soir chez elle. Elle confie d’ailleurs à son médecin se sentir « éteinte ».
Mais sa vie s’illumine le jour où Stephen, un jeune homme noir, vient rejoindre les rangs des employés du cinéma. À son contact, Hilary va peu à peu soigner ses blessures, retrouver de la joie de vivre. Stephen, quant à lui, trouve en Hilary une oreille attentive, une amie bienveillante. Malgré leur écart d’âge, ces deux-là développent une complicité.
Une parenthèse nostalgique
Avec beaucoup de subtilité et des images splendides, Sam Mendes livre donc un hommage au cinéma comme lieu qui rassemble les gens. Il dessine les contours d’une relation nouvelle née de la rencontre de deux solitudes. Dans un autre temps, il aborde également la question du racisme latent qui régnait à cette époque. Stephen doit ainsi subir régulièrement des remarques venant d’un spectateur ou même carrément des menaces suivies d’accès de violence.
Le film navigue donc entre ces passages révoltants et les bouffées d’air frais qui pointent heureusement le bout de leur nez. Baigné d’un parfum de nostalgie mélancolique, Empire of Light est donc un film doux-amer. Une chronique d’un temps perdu qui offre une parenthèse délicate.
Nommé à l’Oscar de la meilleure photographie, le nouveau film de Sam Mendes est enfin une ode à la lumière. Celle qui projette une pellicule sur un écran, celle qui se fraye un chemin à travers les nuages et celle qui naît entre deux personnes.
Elise LENAERTS

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