Le récit de Sylvain Tesson Sur les chemins noirs vient d’être porté à l’écran. Parcours d’un écrivain qui a trébuché mais se reconstruit, en traversant à pied la France rurale.

Cette histoire de renaissance offre à Jean Dujardin l’un de ses plus beaux rôles. © Thomas Goisque
Dans une France reculée, pratiquement oubliée, un homme chemine, seul. Il a emporté un sac à dos, une tente et un carnet pour prendre des notes. Cet homme ne fuit pas la compagnie, mais il veut faire ce voyage en solitaire, pour se retrouver. Il sort en effet d’une période très douloureuse. Brisé, physiquement et mentalement, il a l’ambition de traverser la France à pied, du Mercantour au Cotentin. Peut-être trouvera-t-il cette paix intérieure qui lui fait cruellement défaut.
Cette histoire nous est racontée par Jean Dujardin, sous l’œil de la caméra de Denis Imbert. Le réalisateur français a eu l’idée de ce film après avoir lu Sur les chemins noirs de l’écrivain voyageur Sylvain Tesson. Alors que le monde sortait doucement du confinement, Denis Imbert a éprouvé le besoin de se reconnecter à la nature, de quitter la folie urbaine. La traversée de l’écrivain et son besoin d’embrasser l’hyper ruralité lui sont alors apparues comme un excellent moyen de transmettre cet état d’esprit. Il a donc convoqué Jean Dujardin, un choix relativement étonnant mais qui fait sens quand on voit l’implication du comédien. Avec une équipe réduite, ils sont partis sur les traces de Sylvain Tesson, sur ces chemins bordés de nature sauvage.
A la rencontre de la ruralité
Quand on voit ces montagnes, ces prairies où paissent paisiblement des vaches et des moutons, ces petits villages, on ressent ce besoin d’un retour à la simplicité. La France regorge de beautés naturelles. Loin de l’agitation des grandes métropoles, Sur les chemins noirs invite à se débarrasser du bruit ambiant. Le personnage incarné par Jean Dujardin, Pierre, marche de temps à autre avec d’autres promeneurs mais dans le calme. Il discute avec des habitants de ces zones rurales. C’est apaisant, on sentirait presque l’odeur du foin fraîchement coupé.
Ce film, adapté donc du roman autobiographique de Sylvain Tesson, nous fait voyager géographiquement. Mais c’est aussi un cheminement intérieur. Cet homme n’est plus que l’ombre de ce qu’il était. Après avoir fait une chute de plusieurs étages un soir où il avait bu plus que de raison, il s’est retrouvé dans le coma. Les médecins s’attendaient à ce qu’il ne marche plus jamais. Pourtant, le voici, sur les routes de France. Il est certes diminué, mais il se bat et enchaîne les kilomètres. « C’est un état, un interstice, un temps arrêté d’un homme qui traverse un pays. C’est un livre et donc un film sur la réparation« , a expliqué le réalisateur lors d’une interview.
Cette traversée invite à l’introspection. Pierre est la plupart du temps seul, à réfléchir à ses choix. Il a connu le succès, la richesse et les excès. Alors que son corps abîmé restreint ses mouvements, il pense, laisse son esprit voyager. Une voix-off nous communique ces questionnements tandis que l’écrivain les couche sur le papier. Ce drame introspectif nous montre donc avec beaucoup de simplicité le parcours d’un homme qui remonte la pente. L’histoire d’une renaissance qui offre à Jean Dujardin l’un de ses plus beaux rôles.
Elise LENAERTS

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